L’impétueux jeune d’Artagnan et ses trois légendaires compagnons, Athos, Porthos et Aramis vont devoir s’unir et combattre tous ensemble un mystérieux agent double, Milady de Winter et son employeur crapuleux, le cardinal Richelieu, afin de les empêcher de s’emparer du trône français et d’éviter que l’Europe toute entière sombre dans la guerre.
Avis de Iris :
Pendant presque neuf ans, je suis restée dans l’ignorance de cette énième adaptation du fameux roman d’Alexandre Dumas. Ou peut-être que mon cerveau, doté d’une excellente protection de ma santé mentale, l’avait-il effacée de ma mémoire pour m’en protéger. Quoi qu’il en soit, il a suffi d’une bande-annonce étalant un casting au talent hétéroclite, des fonds verts qui piquent les yeux, des scènes d’action improbables, des scaphandriers-ninjas et des bateaux-dirigeables se canardant dans les airs pour qu’immédiatement ce film devienne une priorité car, si je ne suis pourtant pas ce que l’on pourrait appeler une « nanardeuse », ce film avait l’air d’avoir tous les atouts pour répondre au cahier des charges habituel d’un bon nanar et il se trouve qu’en ce moment, j’ai besoin de rire.
Alors le film s’ouvre sur un scaphandrier-ninja qui sort de l’eau et qui va brandir deux arbalètes stylisées steampunk et buter tout ce qui bouge, aidé par Milla Jovovitch aka Ninja-Milady de Winter. Puis apparait en haut d’un très haut toit un ninja assassin’s creed qui saute sur une gondole. Enfin, un gros balèze attaché façon troll des cavernes qui va se décrocher et taper tout ce qui bouge avec ses fers balancés façon fléau d’arme. Voilà Athos, Porthos et Aramis, nos trois mousquetaires. On se redresse sur son canapé, ça devient intéressant ! Là tout ce petit monde se dirige vers un passage secret visiblement pas très secret et doit déjouer les pièges posés. Réfléchir à une stratégie semble trop long pour Ninja-Milady qui décide d’appliquer une méthode totalement éprouvée face à ce genre de piège : courir à la matrix et finir en glissade sur un décolleté plongeant. Tout ça est du plus bel effet, parfaitement exécuté et merveilleusement bien filmé. Crédible en plus ! (Pardonnez-moi mais j’ai parfois des attaques d’ironiepathie …) Alors pour ceux que cela n’avait pas choqués, en fait Milady c’est quand même une méchante dans cette histoire normalement… Donc ben oui, après la réussite fantastique de la mission-ninja, forcément elle trahit nos mousquetaires mais non pas juste pour le Cardinal de Richelieu, non, elle trahit pour le compte du Duc de Buckingham (Orlando Bloom) ce qui fait d’elle un double agent double. Avouez c’est fort ! Les trois mousquetaires se retrouvent alors bien déconfits et tomberont, qui dans l’alcool, qui dans l’oisiveté, qui dans la maréchaussée. Mais il nous manque un protagoniste vous dites-vous! Hé oui ! D’Artagnan, qui dans le fond de sa Gascogne suit un entrainement des plus assidus avec son père ancien mousquetaire, rêve de se mettre au service du roi. Ni une ni deux, en fin d’entrainement le voilà qui saute sur un cheval comme si une mouche l’avait piqué et le voilà parti pour se rendre à Paris muni de sa seule épée. Ne vous fiez pas à son physique d’ado pré pubère coiffé à la Jim Morrisson, il est un fin bretteur. Et d’ailleurs lors de son périple pour rejoindre la capitale, il se mettra un autre fin bretteur à dos, le Comte de Rochefort, capitaine des gardes du Cardinal (Mads Mikkelsen) qui pour prouver son talent à l’épée, sortira deux mousquets… Bah oui, John Woo n’a rien inventé, on tirait déjà avec deux flingues au 17 ème !
Passons rapidement, il va rencontrer dès son arrivée à Paris les trois mousquetaires qu’il va provoquer en duel, dont Aramis qui a troqué ses habits de ninja contre ceux de pervenche et qui colle des amendes aux chevaux mal garés. D’artagnan va redonner la niaque à ces mousquetaires blasés et dégoutés de tout. Et voilà la fine équipe au complet, prête à déjouer les plans du Cardinal et de Milady pour piéger la reine (oui parce que quand même, faut bien coller une histoire et rester un minimum proche du roman et notamment sur le passage inédit des Ferrets de la Reine). Un pour tous et tous pour un ! Je souligne tout de même la présence de deux ou trois personnages censés apporter un peu de comique (le roi Louis XIII en roi efféminé, féru de mode et ignare des raisons d’Etat, et Planchet, le serviteur des mousquetaires). L’histoire est donc posée, on en a pris plein les mirettes… On ouvre des yeux ronds comme des billes. Mais c’est quoi ce film ???
Alors je suis très partagée parce que j’ai quand même le sentiment que tout ça n’a pas été fait avec le plus grand sérieux, et j’avoue que cela sauverait un peu le bousin du naufrage. Mais je ne trouve aucune information qui puisse me confirmer cela, à part la volonté de donner une dimension un peu BD. Au contraire, je trouve plutôt des infos qui laissent à penser que tout est calculé et assez sérieux. Auquel cas on ne peut que se demander mais comment c’est possible ?? Laissons à Paul W.S. Anderson (la série des Resident Evil, Mortal Kombat, Alien vs Predator), réalisateur à la si éblouissante filmographie, le bénéfice du doute et parlons du film.
Du point de vue de la technique, je ne peux rien dire sur la 3D car je ne l’ai pas visionné en 3D, ce qui explique que je sois passée certainement à côté d’une très bonne technique et d’une mise en scène fabuleuse mises au service de ladite 3D. Et j’imagine que c’est à cause de ce visionnage non optimal que les fonds verts m’ont semblé dégueulasses, les cadrages aléatoires, les ralentis omniprésents, les plans larges infographiés par les stagiaires de troisième. Cela doit être très bon en 3D en revanche. Les looks des personnages relèvent de l’attentat costumier et capillaire. Les scènes d’action sont… parfois assez surprenantes comme le premier combat à l’épée des mousquetaires face aux gardes du Cardinal mais dans l’ensemble cela peut aller jusqu’au fou rire devant une Ninja-Milady-Tom Cruise en mission impossible ou encore un combat à l’épée sur les toits probablement les plus moches de Notre-Dame sur la flèche de laquelle sont empalés deux bateaux zeppelins sans que les badauds s’en émeuvent. Pour autant le réalisateur semble trouver à Milla Jovovitch un talent fou car elle assez présente dans les scènes d’action. Il faut dire que la robe bouffante et le corset facilitent nettement la pratique de la kung-fu-escrime, c’est bien connu, et cela n’a rien à voir avec le fait qu’elle soit son épouse à la ville (non mais que vous êtes mauvaise langue !). Forcément elle joue à merveille et est crédible en toute circonstance. Idem pour les combats à l’épée sans doute chorégraphiés par les meilleurs épéistes. Le casting, qui pourrait être un des points fort du film, est soit sous-exploité pour les meilleurs d’entre eux, soit omniprésents pour ceux qui jouent le moins bien. Equilibre difficile à trouver mais la prouesse est à souligner. Les dialogues sont assez mauvais dans l’ensemble avec des punchlines et des gags supposés comiques qui tombent systématiquement à plat.
Le scénario est une reprise du roman d’Alexandre Dumas, qui lui-même prenait de larges libertés par rapport aux faits historiques, auquel on a ajouté des éléments qui le transcendent et le magnifient : des personnages débiles, des doubles-trahisons, une histoire d’amour et de vengeance, une pelletée d’anachronismes grossiers et d’erreurs historiques pires encore car rien n’indique que cela soit volontaire, dont une rivalité France/Angleterre sortie de nulle part et un château de Versailles presque 100 ans avant sa construction. Alors, un film d’époque en France vision américaine ne serait rien sans une référence à Léonard de Vinci à qui l’on doit ici les fameux bateaux-zeppelins et qui sont un peu le clou du spectacle. Un génie tel que De Vinci avait forcément trouvé le moyen de mettre de l’hydrogène non inflammable dans des ballons suffisamment imposants pour supporter le poids de navires de guerre. A moins que ce ne soit de l’hélium ou un système de montgolfière sans besoin de chauffer l’air. Dans tous les cas le bonhomme, en génie incontestable, a toujours été en avance sur son temps et ce sont les plans de ces fameuses machines de guerre que nos mousquetaires volent à Venise au début du film. C’est un grand show, tout est cohérent et tout se tient, tout est surprenant. C’est magnifique, tout simplement !
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les bateaux-Zeppelins ♥ La coiffure banane-punk d’Orlando Bloom ♥ On ne s’ennuie malgré tout pas |
⊗ Les scènes d’action ⊗ Les combats à l’épée ⊗ Les combats tout court ⊗ L’humour qui tombe systématiquement à plat ⊗ La photographie ⊗ Les fonds verts |
Je ne sais même pas comment conclure tant je ne sais même pas ce que j’ai vu au final. Ce film était tombé dans des oubliettes desquelles il n’aurait pas dû sortir. Il promettait un fort capital nanar et quelque part, il les tient un peu mais on ne fait que marcher sur le fil du nanar sans jamais vraiment tomber dedans. Il est regrettable que cela n’ait pas été poussé à fond pour en faire un nanar culte. C’est passé à ça…. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• La production a utilisé le même dispositif qu’Avatar, c’est-à-dire les nouvelles caméras numériques Alexa (de la gamme ARRI), développées par le groupe Cameron Pace. Paul W.S. Anderson a décidé de l’utiliser dans un film de cape et d’épée, afin de donner une dimension supplémentaire aux scènes de duels.
• Au début du film s’affiche une carte de l’Europe, laquelle dévoile plusieurs Etats et royaumes de l’époque. En Allemagne, un royaume fictif appelé « Würzburg » situé à l’ouest de la Bavière est affiché. Il s’agit en réalité du nom d’une petite ville allemande, où de grandes parties du film ont été tournées.
• Orlando Bloom campe ici le rôle d’un bad guy : le duc de Buckingham. Voulant rompre avec son image d’éternel gentil, notamment instaurée par son personnage dans la saga Pirates des Caraïbes, le comédien fut très satisfait de se voir proposer ce rôle de fripouille malhonnête, à contre-courant de ce qu’il a pu faire auparavant.
• Le film n’ayant pas bien marché au box-office aux États-Unis, Milla Jovovich, la femme du réalisateur, a accusé la société de distribution Summit Entertainment de ne pas avoir fait son travail correctement, étant surtout préoccupée de la promotion du quatrième chapitre de la saga Twilight. Déçue du résultat, l’actrice est partie à Tokyo avec Paul W. S. Anderson, Gabriella Wilde et Logan Lerman pour faire la promotion du film.
Titre : Les Trois Mousquetaires / The Three Musketeers
Année : 2011
Durée : 1h50
Origine : U.S.A / France / Angleterre / Allemagne
Genre : Sur le fil du nanar
Réalisateur : Paul W.S. Anderson
Scénario : Andrew Davies, Alex Litvak
Acteurs : Logan Lerman, Milla Jovovich, Matthew Macfadyen, Ray Stevenson, Luke Evans, Mads Mikkelsen, Orlando Bloom, Christoph Waltz, Til Schweiger