[Film] Les Tortues Ninja 2, de Michael Pressman (1991)


Shredder se venge à nouveau en créant deux nouveaux mutants monstrueux : Tokka, une grande tortue et Rahzar, une effrayante créature ressemblant à un loup. Les tortues doivent utiliser leurs talents de combattant pour l’arrêter.


Avis de John Roch :
Succès programmé oblige, une suite aux Tortues Ninja sort l’année suivante. Steve Barron ne rempile pas, il est remplacé par Michael Pressman, qui a surtout tourné pour la télévision, qui bénéficie d’un budget deux fois plus important que le premier opus, sur le papier en tout cas. En images, on aurait tendance à croire que c’est le contraire. Dans les Tortues Ninja 2, Shredder, qui n’est pas mort, va de nouveau se confronter aux tortues, avec deux adversaires à leurs mesure.

Les Tortues Ninja 2: Léonardo, Raphaël, Michelangelo, Donatello ; nouveau copain Kano ; clan des foot ; Shredder pas mort ; produit chimique ; nouvelles bestioles ennemies des tortues ; Vanilla Ice. Résumé ainsi le film donne une certaine image de comment a été écrit le scénario : sur des post-it mis bout à bout. C’est un brin exagéré, mais il est impossible de ne pas penser autrement. Scénaristiquement, les scènes se succèdent sans vraiment être cohérentes, rien que l’unité de temps semble différente entre les gentils et les méchants. Pour les premiers, l’histoire semble prendre place bien après les événements du premier opus, April a eu le temps de se retrouver un appart, et héberge les tortues et Splinter le temps qu’ils se retrouvent une planque. Tandis que du coté de Shredder, ce second opus semble être une suite directe, se passant directement après sa défaite. Ce dernier est cette fois accompagné de deux mutants, et quand on pense duo de mutants, on pense immédiatement à Bebop et Rocksteady, méchants emblématiques de l’univers TMNT. Pourtant, ils n’apparaissent pas dans le film et sont remplacés par Tokka et Rahzar, au look si enfantin et si hors sujet qu’ils semblent sortir d’un autre film. Casey Jones, surement trop bad ass, ne revient pas dans cette suite, il est remplacé par Kano, joué par Ernie Reyes Jr. qui n’est pas inconnu de la saga puisque c’est lui qui était sous le costume de Donatello dans le premier film. Que dire si ce n’est qu’il est transparent.

Enfantin, c’est bien le principal reproche que l’on peut faire à cette première suite, qui perd le peu de maturité du premier épisode et ne se fatigue pas à aborder une quelconque thématique. Il y avait pourtant matière à développer l’incompréhension des quatre frères contraints de rester dans l’ombre malgré leurs exploits héroïques, ou leurs désarroi lorsqu’ils apprennent que leurs mutation est le fruit d’une expérience raté, ce qui remet en cause leurs propre existence, ce qui est réglé en deux phrases. Quant à leurs sorties de l’ombre, elle se fera grâce à Vanilla Ice (qui s’est bien foutu la honte avec Cool as Ice la même année) et son ninja rap, culte pour certains, irritant pour d’autres. La mise en scène est également loin du premier opus. Si cette dernière était loin d’être parfaite, elle restait plaisante à regarder. Ici, difficile de ne pas tirer la tronche devant des bastons sans saveur, ou les tortues ne donnent que très rarement des coups, n’utilisent pas leurs armes et se débarrassent de leurs ennemies par des moyens comiques qui feront rire les enfants mais laisseront sur le carreau les plus grands, sorte de résultats des plaintes des ligues parentales qui trouvaient Les Tortues Ninja trop violent. Mais ceci n’est rien comparé à l’incapacité du réalisateur à torcher des scènes d’actions crédibles, la plupart des figurants et des personnages à l’arrière plans sont soit statiques, soit ils gesticulent n’importe comment pour faire croire qu’ils sont dans le feu de l’action, ce qui fera plus rire que les pseudo gags disséminés ici et là. Quant au duel final entre les tortues et super Shredder, il est tellement anti-spectaculaire (ils ne se battent pas !) et expédié en quelques secondes que l’on se demande si Michael Pressman en avait réellement quelque chose à faire de son film (il était surement pressé Michael. Voilà, il fallait bien la faire, je l’ai faite). Un beau gâchis.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les tortues
♥ C’est rythmé
♥ Malgré le hors sujet complet, Tokka et Rahzar sont de belles créations
♥ Vanilla Ice et son ninja rap
⊗ C’est débile
⊗ Le scénario sans aucune idée ni ambition
⊗ Les gens dans l’arrière plan, c’est pas des figurants, c’est des PNJ digne des plus mauvais jeux open world.
⊗ Vanilla Ice et son ninja rap?
L’un des moteurs de la réussite d’un film destiné à un jeune public, c’est qu’il plaît aux plus jeunes tout en ayant des thématiques ou un niveau de double lecture qui parleront aux adultes, ce que les Tortues Ninja premier du nom réussissait malgré ses défauts. Les Tortues Ninja 2, bien que rythmé et par moment drôle (mais rarement), effectue un virage à 180 degrés, et ne plaira qu’à une jeune tranche d’âge.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film est dédié à Jim Henson.
• Steven Ho, qui joue Donatello, est devenu comédien de stand-up. Il utilise la tête de la tortue qu’il a gardé dans ses spectacles.
• Michael Jai White fait une apparition dans le film.


Titre : Les tortues ninja 2 / Teenage Mutant Ninja turtles 2: the secret of the ooze
Année : 1991
Durée : 1h28
Origine : U.S.A
Genre : No ninja no ninja no!
Réalisateur : Michael Pressman
Scénario : Todd W. Langen

Acteurs : Paige Turco, David Warner, Ernie Reyes Jr., Michelan Sisti, Leif Tilden, Kenn Scott, Mark Caso, Kevin Clash, François Chau, des figurants perdus

 Les tortues ninja (1990) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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