
Dans un futur proche en 2019, la troisième guerre mondiale a fait de la terre un vaste désert, dans lequel de rares survivants tentent de recréer des communautés. Mais le gang des Templars, dirigé par leur gourou One, les massacre les uns après les autres. Seuls Scorpion, membre repenti des Templars, et Nadir, archer émérite, peuvent s’opposer à leur projet d’extermination de toute vie humaine.
Avis de Cherycok :
Après vous avoir parlé il y a deux ans de 2072 Les Mercenaires du Futur de Lucio Fulci, continuons aujourd’hui le cycle post-apo italien de chez l’éditeur Pulse Video avec Les Nouveaux Barbares, un des nombreux rip-off de Mad Max 2 qui ont vu le jour en Italie, mais aussi en Indonésie et aux Philippines, suite à l’énorme succès du film de Georges Miller. Ce coup-ci, on s’intéresse donc au cinéma de Enzo G. Castellari, cinéaste italien qui depuis le milieu des années 60 a surfé sur toutes les vagues, du western spaghetti avec par exemple Tuez-les Tous et Revenez Seul (1968), le poliziottesco avec des titres tels qu’Un Citoyen se Rebelle (1974) ou Big Racket (1976), le film de guerilla (Une Poignée de Salopards, 1978), le film de requins (La Mort au Large, 1981) ou encore le post-apo avec les deux Guerriers du Bronx (1982 et 1983) dont on reparlera prochainement, mais donc aussi Les Nouveaux Barbares (1983), une bobine tellement foireuse qu’elle en devient absolument géniale et qui, aux côtés de films tels que le Barbarians (1987) de Ruggero Deodato, figure au panthéon des nanars italiens des années 80. Oui, j’assume cette dernière phrase sans trembler des genoux.
Il ne fallait pas grand-chose pour faire du post-apo façon Mad Max 2 : des étendues plus ou moins désertiques (parfois une carrière suffisait), des véhicules plus ou moins bricolés, des costumes et des coiffures plus ou moins improbables, un budget mannequins en mousse et explosions plus ou moins conséquent, un héros et un méchant plus ou moins charismatique, et le tour était joué. Dans Les Nouveaux Barbares, on est dans du low budget. Mais quand on n’a pas de pognon, on a des idées. Et puis il n’y a pas besoin de grand-chose pour contenter l’amateur de post-apo en manque. Des pistolets semblant sortir d’un magasin pour enfant ? Ça passe. Du plexiglass en guise d’armure ? Ça passe. Des mannequins en mousse même pas bien fait ? Ça paaaaasse. Tout ici est d’un kitch de tous les instants, des décors aux costumes en passant par la customisation des véhicules au jeu des acteurs tout en non-retenu. Tout est ridicule, mais c’est ce qui le rend si fun à regarder. En termes de design, ça ose pas mal de chose et ça va assez loin dans le nawak. Il suffit de voir les épaulières complètement out of this world ou cette armure transparente qui, en plus d’être grotesques, n’ont aucun sens. Que ce soit de bon ou de mauvais goût, Les Nouveaux Barbares ne se contente pas de copier et tente pas mal de petites choses, comme par exemple cette hélice tranchante accroché par un bras métallique à une voiture, comme notre héros qui se fait violer par le grand méchant, comme ces éclairages verts ou rouges qui popent sans prévenir, comme ces costumes à faire avoir une syncope à n’importe quel styliste. On notera l’effort de construire de vrais véhicules, clairement avec une base de voiturettes de golf vitaminées, et de ne pas se contenter, même si c’est le cas de la voiture du héros, de vrais véhicules sur lesquels on aura greffé quelques pièces métalliques et autres tuyaux comme ça s’est beaucoup vu. L’ensemble se voit armé de trancheurs, de lances, de ciseaux, de lance-flamme, et autres armes létales, pour un jeu de massacre des plus réjouissants. Les dialogues sont sans queue ni tête, et ne servent qu’à combler des entre deux scènes d’action dans un scénario qui n’a de scénario que le nom. Il y a une prémisse, une apocalypse nucléaire en 2019, et c’est largement suffisant pour broder autour.
Bien que Castellari n’a pas le talent de George Miller, il n’empêche qu’il sait un minimum mettre en scène comme il se doit ses scènes d’action et, malgré les fous rires qu’elles provoquent parfois, la faute à des mannequins en mousse qui ont tendance à perdre la tête ou à exploser, c’est suffisamment punchy et correctement emballé pour qu’on y prenne un vrai plaisir. Alors c’est certain, on sent que, par manque de budget et sans doute de temps, certaines cascades n’ont eu droit qu’à une seule prise, avec bon nombre d’imperfections qui n’ont clairement pas pu être refaites (le mannequin décapité qui a du mal à s’effondrer), mais qu’importe, ça ajoute au charme de l’ensemble. Il y a même pas mal de plans assez étonnants, dans le bon ou mauvais sens du terme, car Castellari teste des choses. Le montage vire parfois au n’importe quoi, avec par exemple des changements de décors brutaux d’un plan à l’autre, passant par exemple d’une carrière désaffectée à une route aux bas-côtés verdoyants en l’espace d’une seconde. Le casting est composé de têtes connues pour qui a un minimum baroudé dans le bis italien de cette époque, en particulier ce sous-genre du cinéma. Jugez par vous-même : Fred Williamson (2072 Les Mercenaires du Futur), George Eastman (2019 Après la Chute de New York), Ennio Girolami (Les Guerriers du Bronx) ou encore Giancarlo Prete (Les Guerriers du Bronx 2). Ils sont tous en surjeu mais c’est ce qu’il faut pour rendre ces personnages unidimensionnels un minimum funs même s’il faut avouer que Fred Williamson a juste à laisser parler son charisme et son petit sourire en coin pour nous amuser immédiatement. Et surtout pas besoin de développer des personnages quand leur nom (Scorpion, Shadow, One, …) suffit à les caractériser. Ça a un côté fun de constater que le personnage de Fred Williamson ne sert strictement à rien, et c’est pourtant le meilleur personnage du film. Enfin, impossible de parler de ce film sans citer son excellente bande son, bien ancré dans son époque (vive le synthé), mise en boite par un Claudio Simonetti (Démons, Suspiria) du groupe Goblin, bien en forme, et des bruitages pseudo futuristes délicieusement kitchs, souvent hors de propos mais pourtant collant parfaitement à l’ambiance assez unique d’un rip-off de Mad Max 2 trouvant petit à petit sa propre identité.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Délicieusement (très) kitch ♥ Fred Williamson ♥ Des costumes improbables ♥ Des véhicules armés très funs ♥ Rythmé et généreux |
⊗ Trop court ! ⊗ On en veut encore ! ⊗ Il faut aimer le bis italien |
Note : |
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Les Nouveaux Barbares est un excellent nanar. Un film où rien ou presque ne va et qui s’avère pourtant extrêmement divertissement. Un des meilleurs rip off italiens de Mad Max 2 et surtout un film réellement attachant. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Contrairement à la croyance populaire, le film n’a jamais été coupé par le BBFC, que ce soit pour le cinéma ou la vidéo. Cependant, la vidéo a été légèrement éditée par les distributeurs avant d’être soumise, et a atténué le viol de Scorpion par One.
LES NOUVEAUX BARBARES est sorti chez Pulse Video en combo Blu-ray / DVD au prix de 25€. Il est disponible à l’achat ici : PulseStore.Net En plus du film, on y trouve : Jaquette réversible, le film en VHS-VISION, interviewinédite de Enzo G. Castellari avec extraits, Howard Ross, Al Cliver et Antonella Fulci, Bande annone originale restaurée, plus de 30 minutes de bandes annonces de films avec George Eastman. |
Titre : Les Nouveaux Barbares / I Nuovi Barbari
Année : 1983
Durée : 1h31
Origine : Italie
Genre : Mad Max 2.5
Réalisateur : Enzo G. Castellari
Scénario : Tito Carpi, Enzo G. Castellari, Antonio Visone
Acteurs : Giancarlo Prete, Fred williamson, George Eastman, Anna Kanakis, Ennio Girolami, Venantino Venantini, Massimo Vanni, Giovanni Frezza, Iris Peynado, Andrea Coppola