Max Cady, condamné à quatorze années de prison pour viol et voie de fait sur une mineure, est à nouveau libre. Avec détermination et rigueur, il entreprend de se venger de l’avocat Sam Bowden, qu’il estime responsable de sa longue incarcération.
Avis de Cherycok :
Je suis obnubilé depuis tellement longtemps par la découverte de films pas connus afin d’en dénicher les pépites et de les faire découvrir à d’autres, qu’il y a plein de classiques du cinéma ou de films de réalisateurs cultes que j’ai délaissé et que je n’ai pas vu. Allez savoir pourquoi mais, par défaut, je suis plus attiré par une série B inconnue que par le dernier Nolan ou Villeneuve. Heureusement, ma femme est là pour m’aider à rattraper mes lacunes et me faire découvrir ces films que j’avais raté, ou que je n’avais pas voulu voir. LA Confidential de Curtis Hanson, prochainement J.F.K de Oliver Stone, ou encore comme tout récemment Les Nerfs à Vif de Martin Scorsese. C’est de ce dernier dont nous allons parler aujourd’hui, car même s’il est moins connu et moins populaire que d’autres films de la carrière du réalisateur tels que Taxi Driver, Les Affranchis ou encore Casino, il n’en demeure pas moins un très bon film noir. Les Nerfs à Vif est un thriller parfois assez malaisant, oppressant, voire malsain, avec une ambiance électrique.
Les Nerfs à Vif, Cape Fear en VO, est tiré d’un roman de John D. MacDonald, The Executioners, paru en 1959 aux Etats-Unis et traduit en 1963 chez nous sous le titre Un Monstre à Abattre. Mais c’est surtout le remake du film Cape Fear de 1962, également sorti chez nous sous le titre Les Nerfs à Vif, réalisé par John Lee Thompson, avec Robert Mitchum et Gregory Peck. Ce remake devait au départ avoir Bill Murray dans le rôle-titre et être réalisé par Steven Spielberg. Mais ce dernier se désista car il voulait se concentrer sur un autre film, La Liste de Schindler. Il recommanda aux producteurs de prendre Martin Scorsese, qui sortait des Affranchis, et Spielberg réussit à convaincre ce dernier de prendre les rênes de ce nouveau film qui, pour lui, allait être un gros succès commercial si Martin y insufflait son style. Après une triple lecture du scénario, ce dernier n’était pas complètement emballé, jugeant que la famille Bowden était bien trop heureuse et qu’il l’aurait bien vue plus malheureuse. Ce changement fût accepté par les producteurs et le film avait donc trouvé son réalisateur. De nombreuses personnalités furent approchées pour interpréter le quatuor de tête : Harrison Ford, Brad Dourif, Robert Redford, Drew Barrymore, Diane Keaton, Demi Moore, Meg Ryan, … et ce seront finalement Robert De Niro, Nick Nolte, Jessica Lange et Juliette Lewis qui furent retenus. Et quand on voit le résultat, on se dit que c’était très bien ainsi.
Tout le casting est absolument parfait. Nick Nolte (48 Heures, La Ligne Rouge) est excellent en père de famille. Jessica Lange (Tootsie, King Kong), bien qu’un peu en retrait, s’en sort avec les honneurs, et la toute jeune Juliette Lewis (Tueurs Nés, Une Nuit en Enfer) est bien à l’aise dans un rôle bien plus tendancieux qu’il en a l’air. Mais celui qui tire son épingle du jeu, c’est sans conteste Robert De Niro qui semble complètement habité par son rôle, et semblant prendre un malin plaisir à interpréter ce psychopathe vraiment méchant, diabolique, machiavélique, mais aussi attachant. Martin Scorsese arrive à rendre ce personnage presque sympathique, avec son charisme, sa facilité à embobiner les gens, arrivant presque à justifier ses actes. A l’inverse, le rôle du père de famille interprété par Nick Nolte n’est irréprochable qu’en apparence. Ce dernier va, par ses actes, accélérer la violence envers sa famille et petit à petit détricoter le mythe de la famille (un thème cher à Scorsese) à cause d’erreurs passées. Personne n’est ni tout blanc ni tout noir et la folie, doublée d’une grande intelligence, de l’un va entrainer une vertigineuse descente aux enfers psychologique de l’autre à cause de sa lâcheté et de sa malhonnêteté. De cette confrontation directe et indirecte va naitre des scènes vraiment très fortes, qui marquent vraiment : la rencontre des personnages de De Niro et Juliette Lewis au théâtre ; la séduction de la collègue du héros dans le bar et ce qui va suivre dans la chambre ; le passage à tabac à coups de tuyaux.
La mise en scène de Martin Scorsese est de haute volée, avec une belle photographie, des cadrages très bien pensés rendant parfois hommage à la manière de filmer des thrillers des années 50/60 tels que le film dont il est le remake. D’ailleurs, le film met en scène trois acteurs du film original de 1962. En effet, Robert Mitchum, qui interprétait Max Cady, devient ici un lieutenant de Police cherchant à l‘arrêter, et Gregory Peck, qui jouait le père de famille Sam Bowden, interprète ici l’avocat de Max Cady. On retrouve également, en version réorchestrée, la musique du film original de Bernard Herrmann. N’ayant point vu le film de 1962, je ne me prononcerai pas sur ce sujet, mais pour beaucoup d’amateurs de cinéma, cette version de Martin Scorsese surpasserait celle de J. Lee Thompson. Il faut dire que le seul faux pas qu’on pourrait éventuellement trouver à cette version de 1991, c’est peut-être son final, au demeurant réussi et plein de suspense, mais néanmoins un peu outrancier comparé au reste du film. Un peu comme si le réalisateur avait voulu en mettre un peu trop plein la vue avec cette scène d’action sur l’eau très intense alors que le reste de son métrage est plutôt posé. Mais avec son casting de premier choix, sa direction d’acteurs parfaite, son scénario malin, et son suspense permanent et incisif, Les Nerfs à Vif est un excellent film. Il a beau être considéré par certains comme un Scorsese mineur, ça reste un pur divertissement très réussi, à ne malgré tout pas mettre entre toutes les mains.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ De Niro dans un rôle mémorable ♥ Très bonne mise en scène ♥ Un suspense qui monte crescendo ♥ Des scènes marquantes |
⊗ Le final un peu too much |
Après la réussite Les Affranchis (1990), Martin Scorsese remet le couvert avec Les Nerfs à Vif, un thriller électrique mettant en scène un Robert de Niro dans un rôle absolument mémorable. Le résultat est de haute volée malgré un final un peu trop excessif. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Les Nerfs à vif fut nominé aux Oscars et aux Golden Globes pour les titres de Meilleur acteur (Robert De Niro) et Meilleur second rôle féminin (Juliette Lewis), mais n’en obtint finalement aucun.
• L’épisode Lac Terreur des Simpson parodie le film. Le titre original de cet épisode est d’ailleurs Cape Feare. De plus, la musique que l’on entend quelquefois dans le film est un thème qui a été repris par Les Simpson à chaque fois que l’on voit Tahiti Bob, un criminel de la série.
• Les Nerfs à vif comprend un cameo des parents du réalisateur Martin Scorsese, Catherine et Charles Scorsese : ils jouent le couple de personnes âgées que l’on voit manger des fruits dans la rue.
• Lors du tournage du remake des Nerfs à vif, c’est Robert de Niro qui eut l’idée de faire de son corps le reflet de sa personnalité avec les tatouages. Voulant en faire la surprise à Martin Scorsese, il arriva sur le plateau avec ses tatouages, sans l’avoir averti. Ce dernier lui déclara qu’on n’y comprenait rien et que son corps avait l’air d’une grille de mots croisés. Vexé, Robert De Niro ne lui adressa pas la parole pendant trois jours.
• La scène dans l’auditorium de l’école entre Robert De Niro et Juliette Lewis a été complètement improvisée. Elle a été faite en une seule prise et a été gardée telle quelle.
• C’est la dernière fois que Gregory Peck apparait dans un long métrage de cinéma.
Titre : Les Nerfs à Vif / Cape Fear
Année : 1991
Durée : 2h08
Origine : U.S.A
Genre : De Niro on fire
Réalisateur : Martin Scorsese
Scénario : John D. MacDonald, James R. Webb, Wesley Strick
Acteurs : Robert De Niro, Nick Nolte, Jessica Lange, Juliette Lewis, Joe Don Baker, Robert Mitchum, Gregory Peck, Martin Balsam, Illeana Douglas, Fred Thompson