[Film] Les Larmes d’un Héros, de John Woo (1983)


L’action de Heroes Shed No Tears se situe en Thaïlande, à la frontière avec le Vietnam. Chang Chung est à la tête d’une équipe de mercenaires engagés par le gouvernement thaïlandais afin de lutter contre le trafic de drogue dans la région et plus particulièrement pour leur livrer un général corrompu. Chang Chung est marié et a un jeune fils auquel il est particulièrement attaché. Après l’arrestation et la capture du général s’engage une course-poursuite infernale avec femmes et enfants dans la région, à laquelle vont se mêler des militaires vietnamiens dirigés par un colonel sadique ou une tribu d’indigènes.


Avis de Ryô Saeba :
Après sa période Kung-fu et sa période comédie, John Woo se voit confier le projet Heroes Shed No Tears par la Golden Harvest et tourne le film en 1983. Mais le studio n’est pas satisfait par le montage fourni par Woo qui a pris quelques libertés par rapport au scénario original. Le film est alors mis en suspens et un peu plus tard, la Golden Harvest engage un réalisateur afin d’ajouter des scènes de comédie pour le public de Hong-Kong mais aussi une scène érotique pour garantir l’exportation à l’international. Mais après le remontage du film, le studio n’est toujours pas content et décide de ne pas le sortir. Pendant ce temps, John Woo part vivre à Taïwan pendant 2 ans où il tourne deux comédies : The Time You Need a Friend et Run Tiger Run. Deux échecs qui faillirent coûter sa carrière au cinéaste qui désire retourner à Hong Kong mais qui est alors lié à Cinéma City qui ne croit plus en lui. Tsui Hark, qui doit à John Woo son premier contrat à la Golden Harvest, décide de lui rendre la pareille et l’aide à réaliser A Better Tomorrow qui devient un des plus grands succès du cinéma de Hong Kong et relance la carrière de Woo. La Golden Harvest en profite et surfe sur cette popularité pour enfin sortir Heroes Shed No Tears en 1986, soit 3 ans après sa réalisation.

Heroes shed no Tears est un film maladroit et bancal, pas seulement à cause des scènes comiques et érotiques rajoutées qui sont en décalage avec le reste du film, mais aussi à cause de Woo lui-même qui n’a pas encore bien trouvé son style et construit son univers. Avec un scénario quasi inexistant et le background des personnages très peu développé, les scènes dramatiques n’ont que peu d’effet. Quant aux acteurs, hormis un Lam Ching-Ying impeccable comme à l’accoutumé (rah qu’est-ce qu’il nous manque !) dans un personnage de général sadique, les autres acteurs ont une sérieuse tendance à surjouer. En effet, hormis ce bon vieil Eddy Ko qui garde la même expression durant tout le film, les autres acteurs, que ce soit Fung Lee un des membres de la team de stuntman de Sammo, Chin Yuet-Sang qu’on a pu voir également dans les kung fu et les comédies de Woo précédant ce film, ou encore l’acteur Américain qui remporte la palme du ridicule, tous en font des tonnes et n’apparaissent pas très crédible. D’ailleurs tout le passage se passant dans la paillote de l’américain est d’un surréalisme total. Après avoir fait tourné un joint en s’exclamant « c’est de la bonne ! », nos héros essayent de le faire goûter au général enlevé qui s’offusque, déclenchant une rigolade générale sur fond de musique gag sortant tout droit d’un cartoon. Mais ce n’est pas fini car il s’en suit une mauvaise scène érotique digne d’un téléfilm du dimanche soir de M6 avec la musique qui va avec.

Niveau mise en scène comme je le disais plus haut, on ne retrouve rien de propre à ce qui sera le style de Woo par la suite au contraire d’un Hand of death par exemple ou l’on pouvait déjà y voir quelques bribes. Mais ça ne veut pas dire que la réalisation soit mauvaise et plate, au contraire, les combats sont très bien filmés et chorégraphiés par l’équipe de la famille Yuen, dont le père Simon Yuen Siu-Tin joue également un petit rôle d’un brave vieillard ivre qui annonce son futur rôle de « Drunken Master ». Mais à Hong Kong, contrairement aux Etats Unis, ce sont les chorégraphes qui s’occupent de tout de A à Z durant les scènes touchant aux combats car ils savent gérer les cadres de telle façon que les doublures ne se voient pas et que le montage soit le plus efficace possible. C’est donc plus à Yuen Woo Ping que à John Woo que l’on peut accorder la réussite de cette réalisation des combats. Yuen Woo Ping et le reste des membres de sa famille bien sûr, vu qu’ils travaillaient souvent ensemble à l’époque. Les stuntmans sont tous joués par des habitués comme Yuen Wah ou Yuen Cheung Yan qui meurent tous 3 ou 4 fois. On remarquera aussi la présence dans l’équipe de Jackie Chan que l’on aperçoit brièvement en arrière-plan, qui a déjà travaillé avec John Woo sur The Dragon Tamers ainsi que sur The Young Dragon et qui obtiendra un rôle plus conséquent dans Hand of Death aux côtés de ses « frères » Sammo Hung et Yuen Biao.

John Woo s’inspire de la série des Baby Cart pour créer la relation entre Eddy Ko et son fils mais malheureusement c’est vraiment très très loin du niveau du matériel d’inspiration. D’ailleurs, il va même jusqu’à reproduire une scène du 4e volet (Baby Cart in Peril) dans laquelle l’enfant s’enterre pour échapper au feu qui l’entoure. Hormis quelques moments réussis comme lorsque l’enfant enlève les fils du visage de son père avec les dents, le développement de leur relation est assez pauvre. Mais il faut citer tout de même un des bons points du film : l’action. Car à ce niveau, les amateurs de bourrinage en auront pour leur argent : lance-flamme, mitrailleuse à gros calibre, lance-roquette et explosions à gogo. Le film ayant tourné en Thaïlande, dont la folie des cascadeurs n’a rien à envier à ceux de Hong Kong (les girls with guns l’ont prouvé par la suite), la dose sur les effets pyrotechniques n’a pas été lésiné. De la bonne action pure et dure donc, tout comme le seul combat à main nue du film opposant Lam Ching-Ying à Eddy Ko qui est brutal et aucunement stylisé, les deux opposant utilisant tout ce qu’il leur tombe sous la main afin d’achever leur adversaire.

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques moments réussis
♥ Les scènes d’action
⊗ Maladroit sur bien des points
⊗ Scénario inexistant
⊗ Le jeu des acteurs
Heroes Shed no Tears est donc un film bancal et maladroit, parfois bon (l’action, le personnage de Lam Ching-Ying), parfois nanardesque (tout le passage chez l’américain) et parfois tout simplement mauvais.



Titre : Les Larmes d’un Héros / Heroes Shed No Tears / 英雄無淚
Année : 1983
Durée : 1h22
Origine : Hong Kong
Genre : Guerre / Action
Réalisateur : John Woo
Scénario : John Woo

Acteurs : Eddy Ko, Lam Ching-Ying, Ma Ying-Chun, Phillip Loffredo, Cecile Le Baily, Lee Hye-Sook, Chin Yuet-Sang, Ka Lee, Tsang Choh-Lam, Pang Yun-Cheung

 Les larmes d'un héros (1984) on IMDb


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Auteur : Ryo Saeba

C’est véritablement Shaolin Soccer qui déclencha un élan de passion à partir duquel il se lança dans la vision de films sous titrés anglais. Et là ce fut le bonheur, il avait devant lui tout un pan du cinéma à découvrir, des genres propres au cinéma de Hong Kong comme le kung fu old school, les girls with guns ou encore le Wu Xia Pian...
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