[Film] Les Grands Freres, de David Wain (2008)


Danny et Wheeler, la trentaine, ont en commun une immaturité qui les empêche d’évoluer. Danny est aigri car sa petite amie vient de le quitter alors que Wheeler court les filles à la recherche d’aventures sans lendemain. A la suite d’une bagarre avec le conducteur d’un camion, ils se retrouvent devant le juge qui leur laisse le choix : la prison ou 150 heures de travaux d’intérêt général dans une association de soutien pour adolescents en difficulté. C’est ainsi que Danny se retrouve avec Augie, un adolescent obsédé par les jeux de rôles et Wheeler avec Ronnie, un jeune vantard. Pour tous les deux, c’est une expérience pénible qui débute…


Avis de Cherycok :
J’avoue, je ne sais pas trop pourquoi je me suis lancé au départ dans ce Les Grands Frères de David Wain, qui avait jusque-là réalisé le crétinoïde mais néanmoins rigolo Wet Hot American Summer (2001) et le moyen The Ten (2007). Peut-être parce que la bande annonce annonçait un délire régressif façon teen movie de la fin des années 90/début 2000 et que, sur le moment, j’avais envie de quelque chose du genre, histoire de se marrer tout en vidant le cerveau. Je m’attendais à un truc bien gras, mais au final, Les Grands Frères n’est pas aussi lourdinque et potache que prévu. Mieux encore, le film arrive à remplir son contrat de divertissement grâce à un humour qui fonctionne, des dialogues cinglants, et même parfois des petits moments émouvants.

On suit donc Danny et Wheeler, interprétés par Paul Rudd (Ant-Man, la série Friends) et Seann William Scott (American Pie, Bienvenue dans la Jungle), deux trentenaires représentants d’une marque de boisson énergisante qui vont de collège en collège afin de sensibiliser les jeunes sur les dangers de la drogue et sur les bienfaits de leur boisson. Deux trentenaires qui, chacun à sa façon, ont oublié de grandir et qui, après le pétage de plomb de l’un d’eux suite à un ras le bol général de la vie, vont se retrouver avec un choix à faire. Soit ils devront faire un petit séjour d’un mois en prison, soit ils devront effectuer 150 heures de travaux d’intérêt général. La deuxième solution est bien entendu privilégiée sans savoir qu’ils vont atterrir dans une association de jeunes à qui la vie n’a pas forcément souri. Ils devront chacun être le « parrain » d’un jeune ado en mal de vivre, être le « grand frère » qu’ils n’ont jamais eu. L’un, qui a du mal à digérer la rupture avec sa femme et qui n’a plus envie de rien, se retrouve affublé d’un nerd mal dans sa peau, qui ne se retrouve pas dans le monde dans lequel il évolue, et qui ne trouve le salut que dans une troupe de joueurs de jeu de rôle grandeur nature, l’autre, obsédé sexuel et encore bloqué à l’adolescence, va se voir confier un jeune garçon jurant comme un camionneur. Deux duos hauts en couleurs. Quatre personnages qui vont porter le film. Deux adultes qui ne sont pas encore complètement rentrés dans l’âge adultes, et deux adolescents qui ont peur d’y rentrer. Il est clair qu’on voit relativement vite les enjeux de cette comédie dont la structure narrative n’a au final rien de très original. Le scénario est facile à anticiper, mais on passe pourtant un bon moment. On ne rit jamais aux éclats, mais on sourit beaucoup devant un film plus attendrissant que prévu.

Les Grands Frères est au final un film à mi-chemin entre la teen movie, la comédie geek et la comédie romantique. Certaines blagues sont vulgaires, bien grasses (le hot dog), avec en prime du plan nichon parfaitement gratuit, mais ce n’est au final pas le fonds de commerce de la bobine. Les Grands Frères est assez habile dans la construction de ses personnages qui sont clairement un des points forts du film et qui arrivent même à être de temps en temps émouvants. Ils prennent une leçon de vie, certes parfois un peu amenée avec des gros sabots, mais les personnages ne sont jamais agaçants alors que leurs personnalités auraient pu le faire croire. Mieux encore, ils sont très vite attachants, car on se rend compte de leurs blessures, de leurs malaises, sans se vautrer dans les clichés, bien que le réalisateur tourne ça très souvent de manière à amuser le spectateur. Pour un rôliste geek comme moi, on est toujours agréablement surpris quand un film fait découvrir l’univers du jeu de rôle grandeur nature sans condescendance, de façon respectueuse, avec des acteurs à qui on a sans conteste bien expliquer les tenants et les aboutissants de ce genre de loisir. C’est également l’occasion de nous présenter des personnages assez loufoques (certains seconds rôles sont géniaux) et de nous balancer des dialogues au final assez drôles, parfois politiquement incorrects, voire transgressifs, bien qu’il n’y ait rien de bien méchant là-dedans tant Les Grands Frères semble être un film bien plus bienveillant qu’il n’y parait. Alors c’est sûr, on n’est pas à l’abri de quelques scènes bien guimauve dégoulinante et d’un happy end bon enfant, mais cette petite comédie sans prétention fonctionne plutôt bien et on en sort avec le sourire. Preuve s’il en est qu’on a passé un bon moment non ?

LES PLUS LES MOINS
♥ Des personnages réussis
♥ Un Seann William Scott étonnement sobre
♥ Bien rythmé
♥ Plein de moments funs
⊗ Un côté transgressif pas assez poussé
⊗ Très classique
⊗ Mise en scène lambda
En prenant pour thème le passage à l’âge adulte mais sous quatre angles différents, Les Grands Frères est une comédie qui fait mouche dans ce qu’elle entreprend. A défaut d’être renversante, elle permet de passer un bon moment avec des personnages attachants et un humour parfois cinglant.

LE SAVIEZ VOUS ?
• De nombreuses répliques du film ont été improvisées. Les scénaristes ont constamment réécrit et proposé des idées pendant le tournage, mais ont dû s’arrêter en raison de la grève de la Writers Guild en 2007.
• Joe Lo Truglio, Ken Marino, A.D. Miles, Nina Hellman, Elizabeth Banks et Paul Rudd sont tous apparus dans Wet Hot American Summer (2001), également réalisé par David Wain.
• Lorsque Wheeler est présenté à Ronnie, Gayle le présente comme « Anson », ce à quoi il répond « Euh, Wheeler c’est bien », laissant entendre qu’il n’apprécie pas son prénom. Stephen King rend peut-être hommage à cette scène dans « Under the Dome », car lui-même et un personnage portent le même nom complet : Anson Wheeler.


Titre : Les Grands Frères / Role Models
Année : 2008
Durée : 1h39
Origine : U.S.A
Genre : Double buddy movie
Réalisateur : David Wain
Scénario : Timothy Dowling, Paul Rudd, W. Blake Herron

Acteurs : Paul Rudd, Seans William Scott, Elizabeth Banks, Christopher Mintz-Plasse, Bobb’e J. Thompson, Jane Lynch, Ken Jeong, Ken Marino

 Les grands frères (2008) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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