Toutes les chansons d’amour racontent la même histoire : « Il y a trop de gens qui t’aiment »… « Je ne pourrais jamais vivre sans toi »… « Sorry Angel ». Les chansons d’amour racontent aussi cette histoire-là.
Avis de Rick :
Présenté au festival de Cannes en 2007, la bande annonce laissait présager une comédie légèrement dramatique où les personnages se mettent à chanter. Une comédie musicale donc, genre encore trop rare mais aux œuvres sortant par moment des sentiers battus (Moulin Rouge, Happiness of the Katakuris, Phantom of the Paradise…). Mais en réalité, une fois sorti de la salle de cinéma, c’est un spectacle autre qui se propose à nous, une œuvre toujours juste, par moment drôle, mais surtout très triste et mélancolique. Les chansons d’amour, c’est tout cela. La vie de couple n’a jamais été toujours rose, tout le monde le sait, peu importe les individus, l’orientation sexuelle du couple, rien n’est facile. Les chansons d’amour nous parle donc d’Ismaël (Louis Garrel). Il travaille pour un journal, est plutôt beau garçon. Tout pourrait aller bien pour lui, mais à côté de cela, il vit une histoire d’amour avec Julie (Ludivine Sagnier). Mais tout n’est pas simple, puisqu’ils partagent leur vie amoureuse avec Alice (Clothilde Hesme). Un trio amoureux, chose rarement abordée dans un film français. Même s’ils semblent vivre en parfaite harmonie tous les trois, de nombreux problèmes persistent, et une jalousie s’installe du côté de Julie, pourtant à la base de ce trio. L’être humain est vraiment difficile à cerner, une fois de plus, dans ce qu’il veut et dans ses réactions.
L’histoire est très fluide, tout avance vite, sans accroches. Le ton du film est dés le départ plutôt dramatique, avec les problèmes de ce couple. Julie n’en peut plus, et en fera même part à sa famille, qui accepte son choix de trio amoureux, malgré la difficulté de la mère de comprendre au départ. Les évènements avancent vite, et rapidement, la vie d’Ismaël va être désordonnée, secouée, tout comme celle du spectateur. Christophe Honoré filme les rues de Paris très simplement, et cela augmente le réalisme des situations, qui ne sera brisé au départ que par les chansons du film, chantées par les acteurs eux-mêmes. Si au départ, elles font plaisir aux oreilles, se laissent entendre avec simplicité et un réel plaisir, leurs insertions brutales peuvent surprendre, mais rapidement, elles s’insèrent parfaitement au récit, et virent à la mélancolie. Les chansons, sublimes, de bout en bout, sont le gros morceau du film. Les acteurs chantent à merveille ce qu’ils ressentent à l’intérieur, leur voix correspond. Alex Beaupain a fait un superbe travail sur la musique, et le film lui doit beaucoup. Pour qui aime la musique française, le spectacle est savoureux et il ne sera pas rare de repenser aux chansons du film après sa vision, comme « Les yeux au ciel » et « Je n’aime que toi ».
Le film abordera au fur et à mesure toutes les difficultés de couple, dans les situations par moment extrême, et toujours dramatiques. On ressent la tristesse des personnages, et la vie de couple d’Ismaël va évoluer, passant du trio amoureux, au couple, en passant par l’homosexualité. Tout sera abordé, en gardant un regard neutre, sans critiquer telle ou telle situation, ce qui rend encore plus l’œuvre attachante, et par moment, troublante, pouvant saper le moral. Les acteurs se donnent au maximum, cela se ressent. Louis Garrel et Ludivine Sagnier sont absolument magnifiques. Leur but, tout comme celui du réalisateur, et bel et bien de nous montrer un petit film coup de poing, auquel on s’attache très rapidement, et dont les musiques entrecoupent ou amplifient les moments plus mémorables les uns que les autres. Les Chansons d’Amour, au final, c’est un film intemporel, qui filme les choses simplement, comme des moments captés de manière brute, avec toujours une justesse des différents sentiments et des émotions abordées.
Titre : Les Chansons d’Amour
Année : 2007
Durée : 1h40
Origine : France
Genre : Drame Musical
Réalisateur : Christophe Honoré
Scénario : Christophe Honoré
Acteurs : Louis Garrel, Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni, Clotilde Hesme et Grégoire Leprince-Rinquet