À Boston, les jumeaux Connor et Murphy MacManus, Irlando-Américains catholiques, travaillent dans un entrepôt de boucherie. Un soir, alors qu’ils célèbrent la Saint-Patrick dans leur pub habituel, une bagarre éclate avec des mafieux russes. Battus, ces derniers décident de se venger et de retrouver Connor et Murphy. Traqués jusque chez eux, les deux frères sont obligés de tuer les malfaiteurs. Ayant agi pour se défendre, les MacManus sont présentés comme des héros par la presse. L’enquête est confiée à l’excentrique agent fédéral Paul Smecker. Devenus en quelque sorte les « Anges de Boston », Connor et Murphy se lancent dans une croisade contre les criminels, persuadés d’être guidés par la main de Dieu. Mais chaque crime les rapproche un peu plus de l’agent du FBI Paul Smecker.
Avis de Cherycok :
Vous êtes-vous déjà imaginé devenir un justicier qui, à la façon d’un vigilante movie, allait faire justice lui-même afin de débarrasser la ville des personnes qu’il jugeait néfastes à sa société ? Tuer des dealers, des meurtriers, des violeurs, tout ceux qui rentrent dans la définition de l’ennemi du bien ? Voici la thématique principale de Les Anges de Boston de Troy Duffy sorti en 1999. Ce film ne vous dit peut-être rien, pourtant il a acquis au fil des années un statut de petit film culte aux États-Unis dans le monde de la location. Imaginez deux jeunes un peu paumés qui, à la manière de Charles Bronson dans Un Justicier dans la Ville ou d’un Kevin Bacon dans Death Sentence, mais au nom de Dieu, vont faire justice eux-mêmes, surtout lorsque la Police fait preuve d’immobilisme et d’inefficacité. Mais soyons clairs de suite, bien qu’il soit des plus sympathiques, le terme « culte » est ici clairement exagéré.
L’histoire du film est un peu particulière. En 1997, un barman du nom de Troy Duffy, aspirant scénariste et membre du groupe The Brood, réussit à vendre son scénario pour Les Anges de Boston au chef de Miramax, Harvey Weinstein, pour 300000$. Ce dernier accepte de laisser Duffy, qui n’a jamais fréquenté d’école de cinéma, réaliser le film pour 15M$US. De plus, le groupe The Brood produira la bande-son, obtiendra un contrat d’enregistrement, et Weinstein achètera J. Sloan’s, le bar de Los Angeles où Duffy travaille, l’engageant pour le coup pour le diriger. Duffy profite de ce succès soudain. Il reçoit des célébrités dans son bar, dîne dans les restaurants de l’hôtel et emménage dans un bureau où il tient des téléconférences avec les principaux producteurs d’Hollywood. Mais à cause de son arrogance et de son comportement de plus en plus abusif, le petit business de Duffy tourne au vinaigre. Se voyant déjà comme un puissant d’Hollywood, il insulte les acteurs pressentis pour son film (dont Ethan Hawke, Keanu Reeves et Kenneth Branagh), ainsi que des producteurs tels que Jerry Bruckheimer. Oui, un intelligent. Voyant que la production de son film n’avance pas aussi vite qu’il l’aurait souhaité, il menace d’aller voir une société de prod concurrente, se mettant Weinstein à dos ainsi que sa propre équipe de production par son comportement abrasif. Weinstein le met sur la liste noire, Miramax met son film en attente et Duffy se retrouve vite écarté de l’industrie du cinéma. Mais le bougre n’abandonne pas et en 1998, il parvient à obtenir un financement pour son film, moins de la moitié de ce qu’il devait avoir avec Miramax et le film se fait. Les Anges de Boston fait l’objet d’une promotion au Festival de Cannes 1999 mais se voit refusé de partout. Duffy parvient à donner une sortie limitée au cinéma dans 5 villes, mais les résultats sont médiocres et il se retrouve retiré de l’affiche après une seule semaine d’exploitation. Le film sort en VHS et DVD et fait les joies des vidéoclubs. Bien que les critiques positives du film commencent à se répandre par le bouche-à-oreille et que le film devienne un succès financier, le contrat de Duffy avec Franchise Films stipule qu’il ne peut pas tirer profit des droits TV, des médias domestiques ou des ventes à l’étranger du film. Il finit par dépenser tout l’argent qu’il a gagné grâce à son film et à ses contrats d’enregistrement, son bar ferme et il est incapable de trouver du travail à Hollywood dans les six ans qui suivent la production des Anges de Boston. La France ne découvrira le film qu’en 2011, lors de sa sortie DVD.
Les Anges de Boston va donc voir deux jeunes immigrés irlandais, deux frères, qui vont se mettre à faire justice eux-mêmes après une altercation avec trois hommes de la pègre russe venus les déranger dans leur bar favori. Clairement, le film doit beaucoup à Tarantino et essaie de surfer sur le succès de Pulp Fiction. Duffy n’a jamais fait d’école de cinéma et va s’inspirer des films qu’il a vus et appréciés. Les dialogues sonnent comme chez Tarantino, certains personnages sonnent comme chez Tarantino, et même le montage sonne comme chez Tarantino. Malgré tout, le film arrive à trouver son style bien à lui et, alors que le film aurait pu être une apologie nauséabonde de l’auto-justice en prenant pour héros deux frères très pieux décimant la mafia, Troy Duffy tempère son propos en ajoutant une bonne dose de second degré et de l’humour noir. Les Anges de Boston ne se prend jamais au sérieux, il suffit de voir le personnage d’agent du FBI gay bien dérangé du ciboulot, interprété par un Willem Dafoe qui se donne à fond dans le barré, pour s’en convaincre. La violence est filmée avec une sorte de jubilation stylisée, à grand renfort de ralentis pour un résultat bien excessif mais qui ne part pas non plus dans le n’importe quoi. Les héros sont rapidement attachants et on prend plaisir à suivre leurs tueries qui sont amenées après qu’on découvre le résultat final lorsque la Police arrive sur les lieux. Bien que nous sommes dans un polar avec une bonne part de comédie, de second degré et de délires bien loufoques (le coup du chat), Les Anges de Boston verse dans la violence parfois bien gore, avec des impacts de balle bien sanglants. Malheureusement, le film est loin d’être parfait. Le jeu des acteurs n’est pas toujours convaincant, allant de l’excellent au moyen, tout comme le scénario qui ne va jamais creuser en profondeur ni son histoire, ni ses personnages. On notera également des défauts de mise en scène, comme ces transitions entre certaines scènes qui sont très étranges, avec des fondus noirs qui coupent parfois le son et même la fin des phrases, donnant parfois un côté décousu au film. On sent également que Troy Duffy a appris son métier en regardant d’autres films, se contentant de singer, parfois maladroitement, ce qu’il a déjà vu ailleurs.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Willem Dafoe en roue libre ♥ Le côté jouissif des gunfight ♥ Des personnages attachants |
⊗ Redondance dans le scénario ⊗ Mise en scène maladroite |
Les Anges de Boston est un divertissement un peu primaire, qu’on regarde avec son cerveau en veille, mais qui arrive à être plutôt fun et sympathique. Mais il y a malgré tout de quoi se poser des questions sur le statut de petit film culte qu’il a acquis aux États-Unis. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Le soir de la projection du film au festival du film de Palm Springs, Troy Duffy et le producteur Chris Brinker sont presque tués par une voiture qui saute le trottoir et part à toute vitesse ; la voiture et son conducteur ne sont pas identifiés. Ce geste semblait prémédité.
• Les rôles principaux ont été proposés à Mark Wahlberg, Stephen Dorff, Brendan Fraser, Nicky Katt ou encore Ewan McGregor. Le rôle de Paul Smecker a quant à lui été proposé à Patrick Swayze, Robert De Niro, Kenneth Branagh ou encore Kevin Spacey, alors que le studio souhaitait Sylvester Stallone, Bill Murray et Mike Myers.
• Dans le jeu vidéo Broforce (PC Mac PS4, 2015) : les frères McManus apparaissent en tant que bros. jouables sous le pseudonyme de Boondock Bros.
• Le mot fuck et ses dérivés sont employés 246 fois dans le film.
• Une suite, intitulée Les Anges de Boston 2, est sortie en 2009, réunissant le même casting, et un troisième film, Les Anges de Boston 3, doit voir le jour en 2022.
Titre : Les Anges de Boston / The Boondock Saints
Année : 1999
Durée : 1h48
Origine : U.S.A.
Genre : Au nom du Seigneur, je vous botte le cul
Réalisateur : Troy Duffy
Scénario : Troy Duffy
Acteurs : Sean Patrick Flanery, Norman Reedus, Willem Dafoe, David Della Rocco, Billy Connolly, David Ferry, Brian Mahoney, Bob Marley, Richard Fitzpatrick