Déguisés en ambulanciers, J. J. McClure et Victor participent au Cannonball, une course de voiture illégale qui traverse tous les États-Unis. Chaque équipe y va de sa stratégie afin d’éviter les pièges des concurrents et la police.
Avis de Cherycok :
Au début des années 80, la Golden Harvest essaie de faire connaitre Jackie Chan aux États-Unis. En 1980 sort donc The Big Brawl, Le Chinois par chez nous, réalisé par Robert Clouse, qui avait dirigé Bruce Lee avec succès dans Opération Dragon. Le succès de The Big Brawl est… mitigé mais une autre coproduction est en chantier, un film plus ambitieux dans lequel Jackie Chan n’a qu’un rôle secondaire, un divertissement familial au gros casting dirigé par Hal Needham, cascadeur renommé qui avait à son actif les jolis succès Cours Après-Moi Shérif (1977) et sa suite Tu Fais Pas le Poids Shérif (1980), tous deux avec Burt Reynolds. Son titre, The Cannonball Run, L’Équipée du Cannonball par chez nous, et c’est un joli succès avec 73M$ au box-office pour 18M$ de budget. Seulement, Jackie Chan n’est pas content qu’on le fasse passer pour un japonais alors qu’il est hongkongais et se retrouve de nouveau refroidi par l’expérience. Malgré tout, en 1984, il revient pour la suite, Cannonball Run II (1984), avec un succès public moindre et surtout dans The Protector (1985), Le Retour du Chinois chez nous, qui signera la fin des films US de Jackie Chan pour de nombreuses années, ce dernier étant mécontent de la façon dont cette production s’est déroulée, ce qui l’a amené à tourner son propre film policier, bien plus réussi, Police Story (1985). Mais revenons-en à L’Équipée du Cannonball, un film pas toujours aimé des amateurs de Jackie mais qui pourtant reste un divertissement plutôt plaisant.
L’Équipée du Cannonball est basé sur une série des courses réelles lancées par Brock Yates du magazine Car and Driver, également scénariste du film. La dernière course a eu lieu en 1979, course à laquelle le réalisateur du film, Hal Needham, Brock Yates et sa femme, ainsi qu’un médecin ont participé au volant d’une ambulance modifiée (la même que celle qui apparait dans le film) et déguisés en ambulanciers. Une des scènes du film (celle où ils disent aux policiers qu’ils amènent une patiente en Californie) est d’ailleurs entièrement inspirée d’une anecdote qui leur est réellement arrivée sur la vraie course. L’ambulance a perdu sa transmission à Palm Springs, en Californie, et est arrivée à Long Beach transportée par un camion (on y retrouve un clin d’œil dans le film également). Beaucoup d’autres véhicules étaient de véritables participants à cette course. A l’origine, L’Équipée du Cannonball devait être une bobine d’action avec Steve McQueen dans le rôle principal. Mais suite au décès de ce dernier en 1980, le rôle principal a été attribué à Burt Reynolds, à sa virilité à toute épreuve, et le film est devenu une comédie façon Les Fous du Volant version live. Il n’y a ici pas réellement de scénario, juste une course où des véhicules doivent aller d’un point A à un point B et on va assister à toutes sortes de bêtises et autres coups fourrés que les participants vont se faire. Le casting est, mine de rien, assez fou et tout le monde semble s’éclater, le bêtisier lors du générique de fin confirme cela. Un Joli casting de gueules pour qui ça semble être la récréation, un grand nombre d’acteurs mais également des chanteurs et des mannequins. Mais certains rôles sortent clairement du lot. Il y a Roger Moore, qui incarne un gentil garçon juif qui se prend pour… Roger Moore, avec de nombreuses références à James Bond, souvent de manière parodique, clairement les gags les plus réussis du film, où Moore s’autoparodie et se moque du célèbre agent secret au service de sa Majesté. Ce ne sont d’ailleurs pas les seules références du film puisque nous pourrions citer Les Anges Sauvages (1966) et Easy Rider (1969) avec le caméo de Peter Fonda en Hell’s Angel.
Mais un des plus fendards est sans doute Jack Elam, avec son œil qui dit merde à l’autre, dans son rôle de proctologue farfelu semblant sortir d’un film d’horreur. Certains personnages ne servent malheureusement finalement à rien, à l’instant des deux rednecks de Caroline du Nord, interprétés par le footballeur Terry Bradshaw et le chanteur bègue Mel Tillis qui n’ont absolument aucune plu value. Ou encore Adrienne Barbeau dont le seul fait d’armes du film est de, à plusieurs reprises, dégrafer son décolleté jusqu’au nombril dès qu’elle se fait arrêter par la Police. Alors c’est sûr, à l’exception des gags parodiant James Bond qui sortent un peu du lot, l’humour manque constamment de finesse. C’est souvent stupide, mais pourtant ça offre de nombreux moments de rire, en particulier lorsque ça vire vers le grand n’importe quoi. Découvrir ce film aujourd’hui, c’est se prendre une avalanche de clichés bien 80’s dans la gueule qui pourraient froisser les plus fragiles, aussi bien dans la représentation souvent assez raciste des étrangers (qu’ils soient afro-américains, du Moyen-Orient ou asiatiques), que dans celle de la femme ou de la religion. Tout est politiquement incorrect et sexiste, mais cela semble avoir été fait avec une telle légèreté, une telle envie d’amuser le spectateur, qu’il faut arriver à passer outre en remettant le film dans son contexte. C’est un film à ne jamais prendre au sérieux car il ne se prend jamais lui-même au sérieux. Et mine de rien, il semble avoir marqué pas mal de monde lors de sa sortie puisque, inspiré par l’idée du réalisateur Hal Needham d’inclure des bêtisiers dans le générique de fin, Jackie Chan commencera à en faire de même dans la plupart de ses films à partir de ce moment-là, et Yu Suzuki a avoué sur son mythique jeu d’arcade Outrun s’inspirait du film L’Équipée du Cannonball car il avait pensé que cela serait amusant de transformer ce film en jeu. Bref, quant à la suite à la réputation pas forcément flatteuse, on verra dans un avenir proche si je vous en parle.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le très gros casting ♥ Léger et fun ♥ On se marre pas mal ♥ Certains personnages improbables |
⊗ Premier tiers un peu longuet ⊗ Où est le scénario ? |
L’Equipée du Cannonball est un divertissement qui n’a ni queue ni tête, qui n’a aucune prétention, mais qui s’avère au final des plus rafraichissants. Avec son gros casting, son insouciance et sa légèreté, on passe un moment agréable pour peu qu’on éteigne le cerveau. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Burt Reynolds est devenu l’acteur le mieux payé de l’histoire du cinéma jusqu’alors, pour ce film, avec 5 millions de dollars pour quatre semaines de travail.
Titre : L’Équipée du Cannonball / The Cannonball Run
Année : 1981
Durée : 1h35
Origine : U.S.A / Hong Kong
Genre : Course à travers les States
Réalisateur : Hal Needham
Scénario : Brock Yates
Acteurs : Burt Reynolds, Roger Moore, Farrak Fawcett, Dom DeLuise, Dean Martin, Sammy Davis Jr, Jack Elam, Adrienne Barbeau, Jackie Chan, Michael Hui, Peter Fonda