[Film] Leprechaun à Las Vegas, de Brian Trenchard-Smith (1995)

À Las Vegas, un prêteur sur gage fait revenir à la vie le farfadet tueur et perd la sienne en louchant d’un peu trop près sur son or. Un jeune homme ayant tout perdu au casino d’en face découvre le cadavre mais aussi une pièce d’or égarée du chaudron du farfadet. Cette pièce qui permet de réaliser un voeu à celui qui la possède, va lui permettre de récupérer largement sa mise, et les ennuis qui vont avec, puis celle-ci va passer de mains en mains, exauçant au passage les fantasmes de chacun. Mais le farfadet va tout faire pour récupérer la pièce manquante et exercer sa vengeance au passage…


Avis de John Roch :
Leprechaun à Las Vegas me permet de répondre à deux questions en suspens : l’implication de Jennifer Aniston dans le succès de la saga, et la fin dégueulasse du second opus. Commençons par la seconde : Leprechaun 2 et 3 devaient être tournés à la suite et être des suites directes. Dans le supposé troisième volet, qui s’appelait alors Trials Of The Leprechaun, il était question de prison, de procès, de Leprechaun qui possédait les personnages et de deals pour que le héros sorte de l’enfer dans lequel le lutin démoniaque l’a trainé. Deux problèmes se posent : des personnages devant être à la base importants sont sucrés au montage, d’où la fin bâclée du second opus, et le score plus que faible au box-office n’aide pas à motiver pour une autre suite. Fin de la saga ? Et bien non, car l’un des exécutifs de chez Trimark devait avoir un trèfle à quatre feuilles dans son larfeuille, car le 22 septembre 1994, soit cinq mois après la torgnole que s’est prise la Fiancée de Leprechaun au box-office, arrive Friends avec Jennifer Aniston dans l’un des rôles les plus importants de la série (oui, l’histoire entre Ross et Rachel n’est ni plus ni moins que le fil rouge de la série). Le résultat ? A force de creuser pour savoir ce que l’actrice a fait avant la série, Leprechaun revient sur le devant de la scène, et cartonne à la vidéo où il amasse plus de quinze millions de dollars de recettes et la jaquette commence à se transformer pour avoir en premier plan la frimousse de Jennifer Aniston. On en revient donc au commencement : Leprechaun premier du nom n’a pas attendu l’ascension fulgurante de la star pour avoir doublé neuf fois sa mise, mais a participé grandement à la visibilité du Leprechaun auprès d’un nouveau public. Imaginez-vous en tant que producteur, l’occasion de contre attaquer est trop bonne pour ne pas profiter du marché de la vidéo afin de relancer la saga avec un film qui certes ne vaut toujours pas la corde pour se pendre, mais qui par le miracle du trèfle à quatre feuilles dans le larfeuille de l’exécutif de Trimark a permis de devenir le direct-to-video le plus vendu de l’année 1995 aux States.

Derrière la caméra, on ne retrouve pas un inconnu puisque Brian Trenchard-Smith est coupable de quelques films cultes de l’Ozploitation : L’Homme De Hong-Kong, Le Drive-In De L’Enfer et surtout Les Traqués De L’An 2000. De quoi espérer un métrage fun et décomplexé, ce qu’est ce troisième opus de Leprechaun, ici plongé en plein dans la ville du vice, tout du moins sur le papier. Papier qui ne manque pas de bonnes idées, à commencer par le lieu de l’action. Voir Leprechaun à Las Vegas, en voilà une d’idée qui fait baver, surtout quand l’intéressé annonce qu’il va « tous les dilapider et leurs faire pleurer des larmes de sang à ces fils de pute ! ». Seulement, avant de voir le lutin maléfique arpenter les rues de la ville, il va falloir se farcir une grosse introduction bien trop longue chez un préteur sur gage où le Leprechaun sort de son sommeil. Car ici le nouveau Leprechaun a été transformé en statue de pierre et se fait revendre contre vingt dollars. N’espérez pas savoir par qui ou pourquoi il est sous cette forme, on ne le saura jamais puisque celui qui ramène la statue chez le préteur sur gage part aussi vite qu’il arrive, c’est-à-dire en trente secondes à tout casser. Il prévient cependant le propriétaire des lieux de ne pas toucher au médaillon autour du cou du lutin. Et devinez quoi ? C’est la première chose que va faire le préteur sur gage qui libère la créature. Créature qui se barre avec son or, mais devinez quoi ? Comme d’habitude il manque une pièce dans son chaudron. Dans le fond, c’est à nouveau la même histoire, mais dans la forme Leprechaun à Las Vegas tente de se démarquer de ses prédécesseurs en amenant de la nouveauté. Le Leprechaun modèle 3 tout d’abord a une particularité que les autres n’avaient pas : transformer un humain en l’un des siens si son sang entre en contact avec une plaie. Mais la principale nouveauté du métrage, c’est la pièce d’or qui se retrouve au centre du récit : elle accorde un vœu à qui la possède, et le Leprechaun va bien évidement faire retourner ledit vœux sur celui qui l’a souhaité. Ça vous dit quelque chose ? Normal, Leprechaun à Las Vegas anticipe de trois ans le pitch du Wishmaster de Robert Kurtzman. Ce troisième volet de la saga ne manque donc pas de bonnes idées mais dans l’exécution, c’est une autre histoire.

Il y a donc ici deux Leprechaun : le modèle 3 et le héros qui se transforme petit à petit. Il y a une volonté ici de faire de ce personnage, étudiant qui va perdre tout son argent lors d’une simple traversée de Las Vegas, qui par ailleurs n’est pas exploitée, une sorte de critique de l’emprise que peut avoir la ville sur ceux qui espèrent y faire fortune dans les casinos. Seulement cet élément du scénario ne sert à rien, il y avait peut-être mieux à faire que de lui faire bouffer des patates sous toutes ses formes, ou de le balader à l’hôpital dans une scène loin d’être indispensable. Scène qui pointe le problème numéro un de Leprechaun à Las Vegas : On s’ennuie. Le rythme est complètement aux fraises, les scènes durent plus que de raison à l’image de cette première demi-heure qui finit par être interminable. C’est d’autant plus dommage que la galerie de personnages est intéressante et amène un humour qui comme dans le second opus n’assèchera pas la gorge à force de rire mais donne tout de même le sourire. Reste que dès que le Leprechaun entre en scène, le métrage vaut le coup d’œil pour ses mises à mort originales et bien amenées, qui comprend une électrocution par une animatronique à gros lolo, un tour de magie qui tourne mal ou encore une femme qui explose. Des moments funs et un peu plus sanglants que dans les deux premiers volets, mais ça reste toujours aussi timide. Quant à Warwick Davis, il est toujours heureux d’être là à balancer quelques vannes et insultes bien senties qui le rapprochent d’un Freddy Krueger court sur pattes. Comme d’habitude, l’acteur est la principale qualité de ce troisième film, et d’une saga qui jusqu’ici n’est pas désagréable mais qui décidément refuse de décoller.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des bonnes idées
♥ La galerie de personnages
♥ Warwick Davis, toujours heureux d’être la
♥ C’est un peu plus sanglant que d’habitude…
♥ Les mises à mort originales
⊗ Quand il n’y a pas de Leprechaun à l’écran, on s’ennuie quand même
⊗ Des scènes dispensables
⊗ La ville de Las Vegas qui n’est pas exploitée
⊗ Une première demi-heure interminable
⊗ … mais c’est toujours aussi timide
Avec Leprechaun à Las Vegas, la saga ne décolle toujours pas mais continue sur sa lancée et livre un opus pas désagréable mais pas dénué de défaut. S’il faut saluer de bonnes idées et des mises à mort funs, il faut en revanche passer sur un rythme aux fraises dû à des scènes parfois trop longues, voire interminables, et à des moments clairement dispensables.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film a été tourné en 14 jours, un seul s’est vraiment déroulé à Las Vegas ou les scènes ont pour la plupart été tournées sans autorisation.
• C’est l’opus préféré de Warwick Davis.
• Le film devait à l’origine être tourné en 3D, idée abandonné dès le début de la production.



Titre : Leprechaun à Las Vegas / Leprechaun 3
Année : 1995
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Viva Las Vegas
Réalisateur : Brian Trenchard-Smith
Scénario : David DuBos

Acteurs : Warwick Davis, John Gatins, Lee Armstrong, John DeMita, Michael Callan, Caroline Williams, Tom Dugan, Marcelo Tubert

 Leprechaun 3 (1995) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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