Une jeune institutrice et ses élèves sont kidnappés par quatre assaillants masqués et séquestrés dans un endroit reculé. Face à leurs agresseurs, ils vont devoir faire preuve de débrouillardise et lutter avec une grande sauvagerie pour gagner leur liberté…
Avis de Cherycok :
Vendu par les magazines télé lors de sa diffusion à la télévision dans les années 80 comme un Goonies bis, L’École de Tous les Dangers (Fortress en VO) en aura marqué plus d’un. Car oui, c’est un film mettant en scène des enfants, mais non, ce n’est en aucun cas un film pour des enfants. Et voir un film avec des scènes un peu chocs lorsqu’on a sept ou huit ans, ça a tendance à vous marquer à vie. Sans parler de réel traumatisme non plus, mais des images de ce film restent encore 30 ans après gravées dans ma mémoire. Et comme tout film marquant dans sa jeunesse, on a envie de le revoir des années plus tard, un peu comme pour exorciser la chose. Et puis aussi pour voir si ce qui nous a fait peur tout gamin avait réellement un sens. Nostalgie quand tu nous tiens… Mais on se rend compte rapidement qu’il ne sera pas possible de trouver une version chez nous car en fait, au départ, L’École de Tous les Dangers est un téléfilm australien produit par HBO. Il aura eu des diffusions un peu partout à travers le monde, mais la France aura été privée d’une sortie DVD (on ne parle même pas de bluray hein). Autant vous dire que lorsque la jaquette m’est apparue au détour d’un site proposant les meilleures versions possibles de films oubliés, souvent faites maison par des passionnés, mon sang n’a fait qu’un tour et ma chaise fût surprise de me voir bondir hystériquement sur elle. Et malgré ses 30 ans d’âge, L’École de Tous les Dangers n’a pas pris une ride.
Pur produit de l’ozploitation, terme désignant le cinéma d’exploitation australien du début des années 70 au milieu des années 80, le film est l’adaptation du roman éponyme (Fortress donc) de Gabrielle Lord, roman lui-même inspiré du kidnapping d’une maitresse et de ses élèves qui eut lieu à la Faraday School en 1972 par John Eastwood et Robert Clyde Boland. Eastwood récidiva par ailleurs en 1977 après s’être échappé de prison.
L’École de Tous les Dangers ne cherche pas l’originalité mais plutôt l’efficacité. Son schéma narratif est du coup assez classique, avec dans un premier temps les victimes qui subissent ce qui leur arrive, puis qui vont ensuite se rebeller et se défendre elles-mêmes contre leurs agresseurs. Une sorte de huis-clos virant au revenge movie pour finir comme un survival, le tout saupoudré d’une violence psychologique réaliste et sourde. C’est clairement un film qu’on ne pourrait plus faire de nos jours. Certains enfants sont un poil malmenés, ils sont constamment braqués par des armes à feu, on les fait plonger dans l’eau glacée d’une caverne (on les voit tremblotant, on sent bien que c’est bien réel), l’un d’eux se prend un coup de fusil à canon scié dans l’épaule, ils s’acharnent au ralenti avec des armes faites maison sur le cadavre d’un de leurs assaillants et s’en réjouissent en dansant autour d’un feu, … Les scènes chocs sont nombreuses, ponctuées de plans gores très furtifs, pas plus d’une demi seconde (une tête décapitée, un coup de fusil à canon scié dans un ventre, un corps transpercé de piques en bois), et tout est fait pour que le film fasse monter l’adrénaline chez le spectateur. On se met à craindre pour ces enfants d’autant plus si on est parent), pour leur maitresse, le suspense est de mise avec tout ce que cela comporte de rebondissements bien sentis malgré, on n’y échappe pas, quelques comportements un peu étranges de certains personnages.
Le jeu des acteurs est par ailleurs très bon, et même les enfants jouent très juste, jusque lors des émotions un peu casses gueules qui peuvent être compliquées pour un enfant en bas âge telle que la peur (même si la VF vient désacraliser un peu l’ensemble). Les personnages qu’ils incarnent sont immédiatement attachants. Difficile de jauger celui des agresseurs étant donné que, excepté dans les 10 dernières minutes, ils passent leur temps avec leur masque sur le coin du museau, leur donnant un côté encore plus angoissant. Ces masques sont d’ailleurs un point essentiel du film. Leur apparition représente la terreur. Le manichéisme est volontairement poussé à l’extrême [SPOILER ALERT] jusqu’au revirement de situation final du film où la sauvagerie a changé de visage. Les méchants finiront donc par tomber ce masque inexpressif qui sera finalement « porté » par la maitresse lors de ce plan final où son visage reste impassible face à l’interrogatoire de la police, où lorsqu’un des enfants, à peine quelques jours après les évènements, s’amuse à porter le même masque de père noël qu’un des assaillants, pour faire une blague à sa maitresse qui en rit presque. Tout le long final du film fait preuve de violence physique et psychologique, à la fois très réaliste, mais aussi sordide, malsaine et même sexuée. L’ambiance y est singulière et le travail effectué à ce niveau par Arch Nicholson est des plus intelligents.
Sa mise en scène est d’ailleurs très bonne, avec une excellente utilisation des ombres et une photographie très réussie. Les paysages australiens, surtout dans la deuxième moitié, sont magnifiques, tantôt étouffants, tantôt presque oniriques (le plan sur le coucher de soleil). Le travail sur la musique est aussi à souligner, parfois très douce, carrément flippante par moment. Dommage que le réalisateur ait stoppé sa carrière en 1990 car clairement, il y avait du talent chez cet homme.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le casting ♥ Le rythme ♥ Le coté jusqu’auboutiste |
⊗ Evitez le doublage VF |
L’École de Tous les Dangers fait partie du haut du panier de l’Ozploitation. Un film d’une efficacité redoutable, qui n’a pas pris une ride malgré ses 30 ans d’âge. La nostalgie fonctionne encore. |
Titre : L’Ecole de Tous les Dangers / Fortress
Année : 1985
Durée : 1h29
Origine : Australie
Genre : Survival
Réalisateur : Arch Nicholson
Scénario : Everett De Roche
Acteurs : Sean Garlick, Rachel Ward, Elaine Cusick, Laurie Moran, Marc Aden Grey, Ray Chubb, Bradley Meehan, Rebecca Rigg, Beth Buchanan