Après la disparition de l’orpheline polonaise qu’il parrainait, un ex-agent secret, retiré en Alaska, débarque en Pologne et découvre que la jeune fille est tombée entre les mains d’un réseau international de traite des blanches.
Avis de Cherycok :
Leong Po-Chih est encore un réalisateur de Hong Kong qui est venu s’exiler aux Etats-Unis avec l’approche de la rétrocession de Hong Kong à la Chine. Bien moins connu que certains de ses comparses qui ont fait la même chose, tels que Tsui Hark, John Woo ou Ringo Lam, il n’est pourtant pas moins important pour le cinéma de l’ex-colonie britannique puisqu’il a fait partie de la nouvelle vague du cinéma de Hong Kong à la fin des années 70 / début 80, réalisant des films tels que Jumping Ash (1976), He Lives by Night (1982) ou encore Hong Kong 1941 (1984). Leong Po-Chih est aux USA depuis la fin des années 90 et son premier fait marquant est La Sagesse des Crocodiles en 1998 avec Jude Law. Puis il se fait plus discret, réalisant des téléfilms tels que Cabin by the Lake (2000), Plongée Mortelle (2001) ou Walking Shadow (2001) et des séries TV telles que Wolf Lake (2001). Et puis en 2004, l’erreur fatale, il succombe aux sirènes d’un Steven Seagal qui enchaine les films au rythme de 2 ou 3 par an en direct to dvd. Bien que c’était Ringo Lam qui devait le réaliser, avant de se retirer en raison de son insatisfaction à l’égard du scénario, c’est donc Leung Po-Chih qui va hériter de Out of Reach, Le Protecteur par chez nous, qui après un très sympathique Belly of the Beast, replonge Seagal dans les tréfonds obscurs du DTV bas de gamme.
Coproduit avec la Pologne, où le film est tourné, pour un budget estimé à 8m$US, Le Protecteur met en scène un Steven Seagal qui est ici protecteur des animaux. Il tient un refuge dans lequel il soigne les animaux de la nature qui sont blessés mais, comme d’habitude, il n’est pas que ça, bien entendu. En fait, c’est un ancien agent secret et lorsqu’il découvre qu’un foyer pour mineurs, dans lequel il y a une jeune fille pour qui il s’est pris d’affection, sert en fait de couverture pour un trafic d’humain, ça va chier des bulles pour les connards de trafiquants qui vont voir de très près ses chaussures taille 46 fillette. Ici, point de queue de cheval, mais Seagal remplace ça par un mulet effilé absolument dégueulasse, et c’est le retour des longs impers pour cacher sa corpulence bien qu’on ait l’impression qu’il ait attaqué un petit régime. L’intrigue du film est tout bonnement ridicule. On ne sait pas pourquoi les fédéraux veulent tuer Seagal après qu’il ait refusé de les rejoindre, il n’y a pas de vraie raison d’aller en Pologne, pas de lettre de panique écrite par la petite fille, … Seagal semble juste être médium et devine tout ce qu’il faut faire. En plus, pour la deuxième fois consécutive, sa partenaire féminine est attirée par lui de manière irréaliste, et la scène où il l’opère pour lui retirer une balle et lui sauver la vie tombe sincèrement dans le nanar. Ajoutez à cela des trous gigantesques dans le scénario et un casting où quasiment tout le monde semble se foutre de tout ce qu’il se passe dans cette galère, et vous comprendrez vite qu’il ne faut pas se lancer dans ce naufrage filmique à moins d’être un peu masochiste sur les bords (oh oui petit film, fais-moi mal !). Isa Nowakowska (Jan Komasa), malgré son jeune âge, fait ce qu’on attend d’elle, Agnieszka Wagner (La Liste de Schindler) dans le rôle de la policière et Matt Schulze (Fast and Furious, Blade 2) dans celui du méchant s’investissent correctement, mais on sent bien que personne n’a réellement envie d’être là, livrant le service minimum en termes de jeu. De toutes façons, ils ne sont pas aidés par des dialogues éculés qui n’aident pas à tirer l’ensemble vers le haut.
Et puis il y a Seagal et on a cette impression tout le long du film qu’il n’a même pas envie d’être là, faisant paresseusement ce qu’on lui demande, attendant patiemment la fin du tournage pour toucher son chèque. Et nous on attend patiemment que le film se termine car il n’y a rien de passionnant là-dedans, Le Protecteur se faisant même assez avare en action. Il y a très peu de combats aux corps à corps, et malgré un affrontement final à l’épée et deux/trois échanges pieds poings, c’est essentiellement des gunfights de bas étage qui rythmeront le film. Le combat final est l’ultime déception après un Belly of the Beast qui avait donné un peu de baume au cœur aux fans de Seagal. C’est simple, sur les 1h25 de film, il doit y avoir 15 minutes d’action tout cumulé en étant large. Les combats de Seagal sont filmés de manière extrêmement serrée, avec de temps en temps un plan large montrant sa doublure, et sont montés de manière à cacher le fait qu’il n’est tout simplement plus assez rapide. Seagal a l’air tragiquement bouffi, très souvent en sueur dès qu’il bouge un peu, et l’utilisation de sa doublure est si évidente tout au long du film qu’on peut se demander s’il a passé plus d’un week-end en Pologne pour travailler sur ce film. Néanmoins, il y a moyen de se marrer un petit peu devant tout un tas de scènes à la fois ridicules et embarrassantes. On pourrait citer l’introduction où Seagal libère un faucon dont la patte est coincée dans un mini-piège à loup, ce moment où la jeune fille kidnappée fait un message codé pour Seagal avec des petits fours au caviar, le grand méchant qui laisse justement la jeune fille faire ces messages codés, ou encore ce moment où un petit gosse boit les bouteilles d’alcool de Seagal. Oui, le visionnage de Out of Reach est sincèrement très pénible et je commence sincèrement à me demander si je vais arriver à finir de marathon Steven Seagal par ordre chronologique. J’en ai déjà marre, et il m’en reste encore 33. Mais je vais tenir. Il vaut que je tienne.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ On se marre de la médiocrité ambiante ♥ Y’a des jolies fesses à un moment |
⊗ Un casting rarement impliqué ⊗ Un Seagal qui en a plus rien à foutre ⊗ Un scénario avec des trous béants ⊗ Assez mou du genou ⊗ Des scènes d’action peu engageantes |
Après un Belly of the Beast étonnement sympathique, on replonge de nouveau dans les bas-fonds de la carrière d’un Steven Seagal qui n’en avait clairement plus rien à faire et qui voulait juste toucher son chèque. Bref, Le Protecteur est un film vraiment très mauvais. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Pendant une grande partie du film, Seagal a été doublé par un artiste de doublage. Ainsi, à certains moments du film, il parle avec sa propre voix, mais à d’autres moments, sa voix est doublée, ce qui est facilement détectable. Le doublage de Seagal et d’autres acteurs du film s’explique par le fait que des changements ont été apportés au scénario alors que la majeure partie du film avait déjà été tournée.
Titre : Le Protecteur / Hors de Portée / Out of Reach
Année : 2004
Durée : 1h26
Origine : U.S.A / Pologne
Genre : Naveton Seagalien
Réalisateur : Leong Po-Chih.
Scénario : Trevor Miller, James Townsend
Acteurs : Steven Seagal, Ida Nowakowska, Agnieszka Wagner, Matt Schulze, Christoph Pieczynski, Robbie Gee, Murat Yilmaz, Nick Brimble, Jan Plazalski, Shawn Lawrence