Dans un pensionnat privé de la capitale, Megan Rose, une brillante élève, fille d’une actrice mondialement connue et d’un père sénateur, est enlevée. Tous les indices mènent à Gary Soneji, son professeur qui enseigne depuis deux ans dans l’établissement. L’agent spécial Jezzie Flannigan, responsable des services secrets et assignée à la protection de Megan, n’a rien vu venir et est sévèrement blâmée par ses supérieurs. Pour une raison inconnue, c’est Alex Cross, profiler de la police de Washington, que le ravisseur veut comme enquêteur. Jezzie fait équipe avec lui pour élucider cette affaire d’enlèvement au plus vite. Mais si ce kidnapping n’était que la première étape d’un plan machiavélique ?
Avis de Cherycok :
Dans les années 90, il y a eu toute une vague de thrillers psychologiques lancée par Le Silence des Agneaux puis popularisée par Seven. Il y en a eu de toutes sortes, plus ou moins bons, du Collectionneur (1997) avec Morgan Freeman à Résurrection (1999) avec Christophe Lambert. On va s’intéresser aujourd’hui à un rejeton du genre sorti sur le tard, en 2001, avec Le Masque de l’Araignée de Lee Tamahori, réalisateur néozélandais qui a explosé dès son premier film choc, L’Âme des Guerriers (1994), puis qui a ensuite mis en scène des bobines telles que A Couteaux Tirés (1997), le James Bond Meurs Un Autre Jour (2002) ou encore tout récent The Convent (2023). Est-ce que Le Masque de l’Araignée fait partie du haut ou du fond du panier des thrillers du genre ? Disons qu’il est entre les deux…
Il s’agit de l’adaptation du roman du même nom de James Patterson (1993) et du second film dans lequel Morgan Freeman interprète Alex Cross, après Le Collectionneur (1997), bien que de nombreux éléments du livre semblent avoir été éliminés. Après le succès plutôt correct du premier film, 60M$ rapportés pour 25 de budget, c’est environ 60M$US qui sont donnés au réalisateur pour cette suite qui réussira à franchir la barre des 100M$US au box-office malgré des critiques mitigées. Mitigé, c’est clairement le bon mot car si en soit le film se tient, il abuse des ficelles et ressort scénaristiques de l’époque au point que ça en devient improbable (pour ne pas dire grotesque). Le scénario se tient 1h15 durant, arrivant à être rythmé et à nous emmener avec lui dans sa direction, malgré certaines situations parfois invraisemblables, parfois un peu creuses, malgré les failles et certaines facilités. Et puis le film succombe aux sirènes du retournement de situation. Il n’y en a pas un, ni même deux, mais bel et bien trois, au point que ça en perd tout son sens et que ça frôle le ridicule. C’est dommage car contrairement à d’autres films d’enlèvement, Le Masque de l’Araignée minimise les éléments sensationnels pour privilégier l’enquête du Dr Alex Cross. Il évite toute forme d’humour (même noir) et nous amène avec lui dans une situation tendue en essayant de rester réaliste, avec des personnages qui ne jouent pas les héros et qui restent fondamentalement humains, aussi bien du côté des gentils que de l’antagoniste. D’ailleurs, la façon dont l’antagoniste joué par Michael Wincott (Robin des Bois, Alien 4) nous est décrite, diffère elle aussi de d’habitude. C’est d’ailleurs très surprenant cette espèce de douceur qui se dégage du film alors que ce qu’il se passe est au final des plus morbides (un kidnapping d’enfant sans raison apparente). Alors c’est certain qu’on reste dans quelque chose d’au final assez classique, qui emprunte d’ailleurs parfois à d’autres films qui sont passés avant lui, mais ça marche et c’est toujours ça de pris.
Morgan Freeman est, comme à son habitude, absolument parfait. Il maitrise parfaitement ce genre de personnage intelligent, patient, calme, minutieux, et nous amène immédiatement avec lui. Il tire clairement l’intrigue vers le haut, embarquant avec lui le reste du casting qui s’en sort également avec les honneurs, aussi bien les confirmés que les jeunes enfants, dont le regretté Anton Yelchin (Green Room, Odd Thomas) alors âgé de 12 ans. Alors certes, ce n’est pas un rôle qui met Freeman trop à l’épreuve, mais ce dernier s’investit comme il se doit pour le rendre le plus crédible possible. Comme souvent, Michael Wincott fait un excellent méchant, de par sa gueule de l’emploi, mais également grâce à toute la nuance qu’il arrive à mettre dans son personnage qu’on ressent bien plus complexe qu’un simple tueur de sang-froid. La mise en scène de Lee Tamahori est solide, aussi bien sur les longues scènes d’exposition, qui arrivent à être dynamiques, que pour les quelques scènes d’action bien mises en boite. La photographie soignée apporte une vraie richesse visuelle sur le côté sombre de certaines scènes, appuyée par un bon score, bien que pas mémorable, de Jerry Goldsmith. Il n’y a guère que les CGI assez moyens de la scène d’introduction, lors de l’accident de voiture, qui viennent ternir un peu le presque sans faute technique. Le réalisateur arrive à insuffler à son film suffisamment de suspense et le minimum syndical d’action pour pallier aux différentes problématiques du scénario.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un casting solide ♥ Une mise en scène qui tient la route ♥ Une bonne première heure |
⊗ Le dernier acte ⊗ Des incohérences |
Le Masque de l’Araignée est un thriller juste correct, un peu passe-partout, qui risque de rapidement s’effacer des mémoires, mais qui sur le moment fait ce qu’il a à faire malgré son abus de twists improbables. Ce n’est pas fou-fou mais ça se regarde. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Il n’y a pas eu d’autres suites, mais le personnage d’Alex Cross a été relancé par une adaptation cinématographique du roman Cross en 2012 par Rob Cohen, sous le titre Alex Cross, avec Tyler Perry dans le rôle principal.
• Le film se déroule sur quelques jours, alors que dans le roman, l’histoire se déroule sur environ deux ans. De plus, dans le livre, Alex Cross a 38 ans et deux enfants, alors que dans le film, il a entre la moitié et la fin de la cinquantaine.
Titre : Le Masque de l’Araignée / Along Came a Spider
Année : 2001
Durée : 1h44
Origine : U.S.A / Canada / Allemagne
Genre : Ne pas trop abuser des rebondissements !
Réalisateur : Lee Tamahori
Scénario : James Patterson, Marc Moss
Acteurs : Morgan Freeman, Michael Wincott, Monica Potter, Dylan Baker, Mika Boorem, Anton Yelchin, Kim Hawthorne, Jay O. Sanders, Billy Burke, Michael Moriarty