Dix ans après les événements du premier opus et quelques années après ceux du second, Paul Kersey a définitivement laissé tomber les armes. L’un de ses amis, Charley, rencontré pendant la guerre de Corée, lui propose de se rendre chez lui à New York. Une fois sur place Paul découvre avec horreur le corps de Charley gisant sur le sol, fraîchement agressé par une bande de voyous dans son appartement. Alertée, la police se rend dans l’appartement et arrête Paul. Au commissariat, la présence de Kersey ne passe pas inaperçue aux yeux du commissaire qui le reconnaît immédiatement : celui-ci connaît son passé et ses méfaits en tant que justicier 10 ans auparavant dans les rues de New York. Kersey se voit alors proposer un marché : en échange de sa libération, il devra nettoyer les rues d’un quartier abritant une bande de voyous ultraviolente terrorisant le voisinage.
Avis de Rick :
Ah les années 80, son action débridée, ses innombrables suites, cette envie d’aller toujours plus loin. Voilà bien ce qui pourrait définir ce troisième opus de la saga Death Wish, à savoir Le Justicier de New York, toujours réalisé par Michael Winner pour le compte de la Cannon Films, et toujours avec Charles Bronson. Charles Bronson qui faillit ne pas revenir d’ailleurs, suite à une dispute au sujet de son salaire. Ne perdant pas le Nord, puisque la Cannon avait annoncé le film à Cannes en 1984, ils proposent le rôle à Chuck Norris, qui refuse, et finalement, Bronson revient avec un salaire plus que confortable, et représentant tout de même 15% du budget de 10 millions (il est l’heure de voir si vous êtes bons en math donc). Don Jakoby, qui a déjà écrit Lifeforce (que devait au départ réaliser Michael Winner d’ailleurs) pour la Cannon, puis l’Invasion Vient de Mars l’année suivante, s’occupe donc du scénario. Alors, après le sympathique film original, et le second opus qui était finalement une copie se déroulant à Los Angeles et qui multipliait la violence, les viols, et oubliait son message en faisant de son justicier un vengeur psychopathe, que nous propose ce troisième opus ? Encore la même recette ? Alors dans les grandes lignes, oui, sauf qu’en fait, la formule est dynamitée dés le début. Paul Kersey, qui ici est peut-être encore architecte mais en fait on s’en fou donc le scénario ne se prend pas la tête, se rend à New York pour voir un ami. Mais pas de bol, le quartier est mal famé, son ami battu à mort par un gang, la police arrête ce pauvre Bronson, et lui propose de se faire justice pour protéger le quartier. La police des fois, elle devient bien sympathique quand ça arrange le scénario, et quand il faut laisser Bronson se lâcher. Car déjà que le postulat de base dynamite l’essence même de la saga (une vengeance ? Une justice ? Que nenni, un carnage messieurs !), mais Michael Winner se lâcher également à 300% pour le coup.
Alors oui, au début, on a l’impression et presque l’envie de prendre le tout au sérieux, car forcément, ça commence doucement. Quelques passages à tabac, Bronson qui improvise des pièges quelques années avant Maman j’ai Raté l’Avion. Mais on se rend aussi compte rapidement que le film fait l’apologie de la violence pour régler la violence, sans se prendre la tête. Ainsi, Bronson se fait voler un appareil photo dans la rue ? Pas de soucis, un magnum, un tir dans le dos en pleine rue, de jour devant des dizaines de témoins et… et non, tout le monde applaudit Bronson, le voit comme un héros et lui demande de l’aide pour exterminer cette vermine qui pollue les rues. Même cas de figure alors qu’il mange tranquille, mais que deux voyous tentent de voler sa voiture. Il arrive, s’exclame que c’est sa voiture, avant de tuer froidement les deux voyous avant de repartir finir sa soupe comme si de rien n’était. La réinsertion sociale, il faut croire que Charles Bronson ne connait pas ces mots. Et tant mieux. Car soyons honnête, si Le Justicier de New York n’est pas un film subtil, qu’il s’avère parfois bien stupide, qu’il est violent et racoleur et fait donc appel aux plus bas instincts des spectateurs, et bien il faut le prendre comme tel. Une série B bien bourrine qui ne se prend jamais au sérieux, et n’a pas de prétentions, autre que de divertir en proposant finalement au public ce qu’il voulait voir en entrant dans la salle. Des gangs (peu crédibles) dans un New York (le film fut tourné à Londres) qui se font défoncer par un Charles Bronson (vieillissant) qui n’en a clairement plus rien à faire, et n’hésite pas à faire parler la poudre. Si pendant une heure, le film prend des allures de film de vigilante un peu stupide et bourrin, il se suit malgré tout avec plaisir, surtout que le film n’essaye même plus de développer à côté des personnages secondaires, une tension ou quoi que ce soit. Non, il y a juste des méchants dans les rues, ils font des choses très méchantes, et très souvent, Bronson est là l’instant d’après pour leur donner sa justice divine, à coup de magnum, de couteaux, ou plus tard, avec une artillerie beaucoup plus lourde.
Car si Le Justicier de New York n’est pas oublié de nos jours, et a même de nombreux fans, voir plus de fans que le film original (oui oui, véridique apparemment), il le doit clairement et uniquement grâce à sa dernière demi-heure, ce moment jouissif totalement improbable faisant office de défouloir géant, et faisant monter le bodycount du film a plus de 80, ce qui n’est pas rien, quand on prend en compte que dans les premiers films, Bronson ne tuait jamais plus de quoi, 10 personnes. Ici, c’est carrément la guerre urbaine, on a l’impression de voir du Rambo, ou pour rester dans le même studio, du Chuck Norris, et du coup, Bronson et les autres habitants de l’immeuble qu’il tentait de protéger prennent les armes, et là ça ne plaisante plus. Ça fusille dans tous les sens, ça explose à coup de grenades, ça sort carrément la mitrailleuse de guerre, ça passe de rue en rue en faisant le vide. Si bien que le film aurait pu s’appeler Le Destructeur de New York (même si oui, tourné à Londres) que ça serait passé sans souci. Si la mitrailleuse taille XXL ne suffisait pas, Bronson nous sort carrément un bazooka sur la fin, rien que ça. Et vous savez c’est quoi le plus drôle ? C’est qu’il achète ses armes tout naturellement et se les fait… livrer par la poste, tout simplement, comme ça, même pas besoin de signature, le postier arrive, lui donne son paquet, il l’ouvre, oh tiens un bazooka. Ces moments improbables, ces autres moments d’une violence radicale et n’ayant d’autre but que d’assouvir les pulsions de… on ne sait pas trop en fait, et bien forcément, ça en fait un film bâtard, couillon même, mais que l’on regarde, comme fasciné par autant de violence, de meurtres, le tout sans prise de tête bien entendu. C’est improbable, totalement surréaliste, faisant office de défouloir qui ne veut pas s’arrêter, et finalement, n’a plus trop de sens, mais après tout, Bronson ayant déjà perdu sa femme dans le premier film puis sa fille dans le second, il ne fallait pas imaginer avoir un prétexte ici. Juste non, les choses vont mal, et comme il passe par là, il fait le ménage. Alors, ce n’est pas réellement bon, mais ça fait du bien !
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Cette dernière demi-heure de folie ♥ Magnum, mitrailleuse, bazooka ♥ Un film qui va si loin, impossible à prendre au sérieux |
⊗ Les thématiques de la saga, dynamitées ⊗ Des justifications, prétentions ou autres ? Non ! ⊗ Un film bourrin qui vire au n’importe quoi |
Ce troisième opus vire clairement au n’importe quoi, ne cherche plus la cohérence, ni même à garder les thèmes de la vengeances ou de la justice, et devient uniquement un gros défouloir où Bronson enchaîne les carnages sur un pauvre gang. |
Titre : Le Justicier de New York – Death Wish 3
Année : 1985
Durée : 1h32
Origine : U.S.A.
Genre : Policier
Réalisation : Michael Winner
Scénario : Don Jakoby
Avec : Charles Bronson, Deborah Raffin, Ed lauter, Martin Balsam, Gavan O’Herlihy et Alex Winter
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