[Film] Le Baiser du Vampire, de Don Sharp (1963)

Lors de leur voyage de noce, un jeune couple perdu dans un petit village d’Europe centrale accepte l’invitation du mystérieux docteur Ravna dans son château. Ils vont découvrir, lors d’un mémorable bal masqué, que la lugubre demeure abrite une secte vampirique.


Avis de Rick :
Si la Hammer se sera fait une spécialité avec les films sur Dracula, on le sait tous, mais certains soucis débarquent assez vite au sein de la maison de production. Après le succès du Cauchemar de Dracula en 1958, Christopher Lee refuse de revenir, et la Hammer attendra deux ans avant de lancer une suite, nommée Les Maîtresses de Dracula. Christopher Lee n’est pas là, Dracula non plus d’ailleurs, mais Terence Fisher reste à la mise en scène, tout comme Peter Cushing dans le rôle culte du docteur Van Helsing. Puis la saga Dracula est en stand bye jusqu’au retour de Lee en 1966 pour Dracula Prince des Ténèbres. La Hammer n’a pas pour autant délaissée les films de vampires, puisqu’en 1963, ils lancent sur les écrans un bien étrange métrage nommé Le Baiser du Vampire. Métrage qui fut un temps prévu pour être le troisième film sur Dracula, avant que le scénario, signé Anthony Hinds (scénariste et producteur bien familier de la Hammer) ne change tout cela. Dracula n’est jamais cité, jamais présent, et le vampirisme est ici vu comme une maladie sociale. Le film se détache d’ailleurs encore plus de la saga des Dracula, puis Terence Fisher n’est pas derrière la caméra, mais Don Sharp, et Peter Cushing n’est pas présent au casting non plus. Seul James Bernard reste présent à la musique. Nous voici donc ici devant un film de vampires différents, sous forme de secte, avec un peu de magie noire ce coup-ci, mais toujours des châteaux gothiques, un petit village d’Europe de l’Est et des dents longues.

Et pendant de longues minutes, j’ai voulu y croire, très fort. Il faut dire que la scène d’ouverture, avec un enterrement, puis l’entrée en scène du professeur Zimmer (Clifford Evans) en vieil homme sage qui sait tout et nous balance sa pelle à travers le cercueil, faisant crier la soit disant morte met dans le bain. Une scène excellente, qui plante le décor, nous offre une merveille ambiance, nous fait croire que ce petit film avec une équipe différente va nous faire oublier les pointures de la maison de production. Seulement passé cette ouverture, on se rend compte que nos doutes étaient en réalité fondés. Non pas que Le Baiser du Vampire soit intégralement mauvais, mais il se fait bancal, et rate parfois ce qu’il entreprend. Trois grandes scènes sont présentes, mais souvent entourées de beaucoup de vide en réalité. Ce qui est d’autant plus dommage que les changements effectués dans le fond de l’intrigue ne sont pas inintéressants. Pas de comte Dracula, mais juste un vampire docteur. Pas un vampire solitaire vivant dans son château donc, mais un vampire contrôlant les autres, qui se réunissent comme une espèce de secte, cherchant à augmenter leur nombre. Vampires habillés tout en blanc, faisant des bals masqués pour amener leurs nouvelles proies, en voilà de bonnes idées. D’ailleurs c’est simple, passé la scène d’ouverture, les autres grandes scènes du métrage seront une scène où un vampire hypnotise sa proie en jouant du piano, et la scène du fameux bal masqué.

Mais en dehors de ces scènes, Le Baiser du Vampire affiche un rythme totalement mou, qui ne sera pas aidé par des personnages un peu vides, et quelques éléments qui font clairement un peu fauchés. Car là où les films de Dracula se déroulent souvent dans un château gothique et des petites villes que l’on voit, ici, c’est une autre histoire. Le village se résume, en dehors de la scène d’ouverture, à juste trois personnages. Lorsque nos héros, enfin Gerald et sa femme Marianne débarquent, le film affichera un rythme extrêmement lent jusqu’à la fameuse scène du bal, débarquant tout de même quasiment une heure après l’ouverture du film. Entre temps, pas mal de blabla, de trajets entre le château et la maison d’hôte du village. Certes comme toujours la Hammer nous gratifie de très beaux décors et d’une très jolie photographie, mais ça ne suffit pas. Le plus décevant, tout en étant paradoxalement le plus intéressant, ce sera bien sa dernière demi-heure. Voulant viser sans doute trop haut, à coup de magie noire, de vent dévastateur puis d’attaque de chauve-souris, le final tombe dans son côté un peu trop fauché. L’attaque de chauve-souris à ce petit côté niais et fauché qui pourra faire rire aujourd’hui (mais même à l’époque je pense). Et comme souvent, il est regrettable de voir ce final se torcher en 2 minutes montre en main. Certes celui-ci laisse à désirer visuellement parlant, mais le torcher aussi vite retire l’ampleur de l’idée en elle-même. Dommage. Un film Hammer décevant.

LES PLUS LES MOINS
♥ La scène d’ouverture
♥ Le bal masqué
⊗ De grosses longueurs
⊗ Quelques scènes bien ratées
⊗ Un film très décevant malgré ses idées
note75
La Hammer signe un film de vampires différent, délaissant Dracula pour décrire les créatures comme les membres d’une secte. L’idée est bonne, quelques scènes sortent du lot, mais l’ensemble est souvent trop mollasson et limité malheureusement.



Titre : Le Baiser du Vampire – The Kiss of the Vampire

Année : 1963
Durée :
1h28
Origine :
Angleterre
Genre :
Fantastique
Réalisation : 
Don Sharp
Scénario : 
Anthony Hinds
Avec :
Clifford Evans, Edward de Souza, Noel Willman, Jennifer Daniel, Barry Warren, Brian Oulton et Noel Howlett

 The Kiss of the Vampire (1963) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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