[Film] L’Auberge Espagnole, de Cédric Klapisch (2002)


Xavier, un jeune homme de vingt-cinq ans, part à Barcelone pour terminer ses études en économie et apprendre l’espagnol. Cette langue est nécessaire pour occuper un poste, que lui promet un ami de son père, au ministère des finances. Mais pour ce faire, il doit quitter sa petite amie Martine, avec qui il vit depuis quatre ans. En Espagne, Xavier cherche un logement et trouve finalement un appartement dans le centre de Barcelone qu’il compte partager avec sept autres personnes. Chacun de ses colocataires est originaire d’un pays différent.


Avis de Cherycok :
Bien qu’il ait fait ses premières armes dans le long métrage avec le méconnu Riens du Tout (1992), c’est Le Péril Jeune qui, deux ans plus tard, fait connaitre Cédric Klapisch au grand public, le film devenant même une référence pour bon nombre d’adolescents / jeunes adultes des années 90 qui se sont reconnus dans ce film parlant de la jeunesse. Deux ans plus tard encore, Klapisch marque de nouveau les esprits avec Un Air de Famille, son casting énorme, sa mauvaise humeur géniale et ses répliques qui font mouche à tous les coups. Après un film sympathique mais plus discret, Chacun Cherche son Chat (1996), et un semi-ratage à plus gros budget, Peut-Être (1999), Cédric Klapisch va marquer un grand coup avec L’Auberge Espagnole en 2002. Gros succès aussi bien public que critique, L’Auberge Espagnole va à son tour marquer toute une génération de jeunes gens. Moi j’aime ce film d’amour. Et comme je l’ai revu récemment, j’ai eu envie d’en parler. Tant pis si tout le monde le connait déjà. Tant pis si tout a déjà été dit. J’avais juste envie d’en parler.

J’aime ce film parce qu’il nous invite au voyage. La façon qu’a Klapisch de filmer Barcelone, de nous présenter ces petites ruelles étroites, ces petits bars déversant dans ces rues vivantes une musique entrainante, ces passages piétons bondés, sa faune locale à l’accent chantant, nous donne l’impression de s’y trouver, aux côtés de notre jeune héros. Lorsqu’on analyse ce qu’on voit, c’est loin d’être reluisant : des bâtiments en travaux, des jeunes branleurs qui emmerdent les passants, des vieilles aux fenêtres, des catalans parfois bornés. Pourtant, on a envie d’y aller, de se mêler à cette populace, de s’imprégner de cette ambiance que Klapisch arrive à nous restituer. Et croyez-moi, pour être allé de nombreuses fois en Espagne car ce sont mes origines et une partie de ma famille y vit encore, rien n’est surfait et cette chaleur qui se dégage du film est bien réelle. Sans doute que le style visuel des plus audacieux de Klapisch, avec effets clipesques s’intégrant parfaitement, y est pour quelque chose. J’aime ce film parce ce le groupe de jeunes colocataires, venus des quatre coins de l’Europe, entassés dans ce vieil immeuble barcelonais, respire la fraicheur et la bonne humeur. Immédiatement on se sent chez soi avec eux, on les voit comme des potes avec qui on pourrait squatter le temps d’une soirée (ou plus) et passer un moment génial. Ils nous sont immédiatement sympathiques, chacun avec ses petites manies, son petit caractère bien trempé. Certes, ils sont très caractérisés, pour ne pas dire clichés, mais c’est ce qui permet aussi qu’ils nous soient immédiatement attachants. A chacune des visions de L’Auberge Espagnole, j’en viens à regretter cette timidité maladive de ma jeunesse, m’ayant fait refuser toute demande de colocation. Si l’ambiance y avait été ne serait-ce qu’un dixième comme celle du film, j’aurais pu passer des moments inoubliables.

J’aime ce film parce qu’à travers les mésaventures et péripéties de ce groupe de jeunes gens, dans lequel chacun va se reconnaitre, Klapisch va parler de plein de choses. Au travers de petites saynètes, de dialogues, de disputes, de moments de complicité, il va surtout parler de ces choses simples de la vie : la famille, l’amour, l’amitié, les expériences de chacun avec parfois les mauvais choix que ça va impliquer, les envies, les bons moments, les déceptions, … Et tout ça va forcément faire écho dans notre tête, nous renvoyant à notre propre jeunesse et moments de vie passés. Non pas que L’Auberge Espagnole cherche à jour sur la nostalgie de chacun, bien au contraire, il parle de l’instant présent. J’aime ce film parce que les acteurs qui jouent ces jeunes colocataires sont tous absolument géniaux et débordants de naturel. On connaissait déjà le talent de Romain Duris (Le Péril Jeune, Dobermann), mais on y découvrait la belle Kelly Reilly (Eden Lake, Sherlock Holmes) dans le rôle de l’anglaise un peu cul-cul, l’excellent Kevin Bishop (Les Poupées Russes, Moonwalkers) dans celui du frère pénible, ou encore le fendart Federico D’Anna (Terra Bruciata) qui interprète l’italien bordélique adepte de la fumette. Bref, les personnages sont tous géniaux, tout comme les acteurs qui les interprètent. J’aime ce film parce qu’il nous fait passer par toutes les émotions. On rigole, on est ému, on est captivé, … bref, on est avec eux. C’est là que Klapisch est très fort, car quand on analyse à froid, hormis la satire de la société (la difficulté de trouver un logement, les difficultés administratives, les difficultés dans la scolarité, …), on suit juste un groupe de gens vivre ensemble, aller au bar, se disputer un bout de frigidaire, gueuler quand ils trouvent des poils dans la baignoire, commencer des amourettes… Bah oui, mais c’est ça la vie en communauté, et Klapisch arrive parfaitement à la retranscrire en y insufflant une putain de dose de feel good qui fait qu’on ressort avec un sourire jusqu’aux oreilles. Oui, j’aime ce film, j’aime vraiment ce film pour encore plein d’autres raisons (cinématographiques et personnelles) qu’il serait vraiment trop long d’évoquer. Alors si vous ne l’avez pas vu, tentez l’expérience, on en ressort plein d’énergie.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un casting impeccable
♥ La mise en scène
♥ Une ambiance unique
♥ La bande son géniale
⊗ Trop court ! Je veux rester à Barcelone !
L’Auberge Espagnole est une comédie extrêmement rafraichissante qui ne prend pas une ride malgré les multiples visionnages. Culte pour certains, c’est quoi qu’il en soit une réussite totale pour Klapisch qui après Le Péril Jeune et Un Air de Famille faisait partie des réalisateurs sur qui le cinéma français pouvait compter.

LE SAVIEZ VOUS ?
• L’Auberge Espagnole est le premier volet d’une trilogie qui suit le parcours de Xavier, d’étudiant à père de famille. Il est suivi par Les Poupées Russes, sorti en 2005, et Casse-Tête Chinois sorti en 2013.

• Afin de coller au côté chaotique et inconséquent du monde, Klapisch a construit son histoire un peu à la roots : « les idées ne partaient pas du script, mais des repérages et du casting qui allaient ensuite nourrir le scénario. Le film s’est ainsi fabriqué de bric et de broc, cahin caha un peu à l’envers ».

• Cédric Klapisch avait rendu visite à sa jeune sœur lorsqu’elle était étudiante Erasmus à Barcelone où elle vivait avec d’autres jeunes de nationalité différente. Le réalisateur avait alors trouvé que cela ressemblait à une auberge espagnole.

• Le film a été tourné avec une caméra numérique, apportant une souplesse de montage tel que des effets accélérés ou encore le « split screen » (écran coupé en plusieurs parties).

• En France, le film a été un succès commercial, réalisant au total 2 966 271 entrées, et 4 852 366 dans toute l’Europe. Il a rapporté 31 024 110 $ au box-office mondial, ce qui est important comparativement à son budget de 5 000 000 d’euros.



Titre : L’Auberge Espagnole
Année : 2002
Durée : 2h00
Origine : France
Genre : Comédie feel good
Réalisateur : Cédric Klapisch
Scénario : Cédric Klapisch

Acteurs : Romain Duris, Cécile de France, Judith Gofrèche, Audrey Tautou, Kelly Reilly, Kevin Bishp, Federico D’Anna, Christian Pagh, Barnaby Metschurat

 L'auberge espagnole (2002) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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