[Film] Land of the Dead, de George A. Romero (2005)

Dans un avenir pas si lointain, une poignée de survivants barricadés dans une ville bunker vit encore dans le souvenir de l’ancien monde… Des zombies, qui désormais pensent et communiquent, s’organisent pour prendre d’assaut la ville bunker. Kaufman, autoproclamé chef des vivants, engage un commando de mercenaires pour contrer les attaques de ces morts-vivants d’un genre nouveau…


Avis de Rick :
Land of the Dead, même si pas le meilleur de la saga de Romero, loin de là, reste un grand souvenir pour moi. Car oui, avec les 20 années séparant Le Jour des Morts-Vivants de cette prolongation de la saga culte, et bien, je n’avais jamais vu un seul opus au cinéma. Land of the Dead, j’avais pu le voir sur grand écran avec des collègues de travail à l’époque, en VOST, dans une grande salle, et voir Romero revenir à l’univers qu’il a créé dés 1968, aidé par le plus confortable budget de la saga (estimé entre 15 et 19 millions de dollars), et avec un casting de premier ordre, ça faisait plaisir. Grandement plaisir. Surtout au vu de ce qui attendait la saga les années suivantes, avec Diary puis Survival of the Dead, deux films que l’on préférera oublier, rayer de notre mémoire et de la surface de la Terre. La Nuit des morts-vivants en 1968 instaurait le concept même du mort-vivant, Zombie en 1978 faisant grandir la menace au niveau planétaire et donnait des reflexes à ces créatures basé sur leur vie passée (la société de consommation, tout ça tout ça), Le Jour des Morts-Vivants parvenait à apprivoiser une des créatures, et Land of the Dead doit bien évidemment continuer les thématiques déjà amorcées, tout en se faisant rentable, puisque fatalement, gros budget oblige, avec des studios derrière qui attendent un retour sur investissement. En tant que tel, Land of the Dead est une réussite. Gore par moment (surtout dans sa version Uncut), en faisant toujours évoluer ses zombies, mais aussi l’organisation des survivants, en étant plus ambitieux visuellement parlant, avec son casting qui fait plaisir, tout en ayant ce petit quelque chose que l’on pourrait facilement juger de plus commercial dans son approche. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que beaucoup d’idées abordées dans ce quatrième opus, ce sont des idées rejetées par la production du scénario original du précédent, 20 ans plus tôt donc. Une petite revanche de la part de Romero.

Après le huis clos dans une maison, la survie dans un supermarché, la lutte acharnée entre scientifiques et militaires, le métrage étend son concept à la reconstruction dans une ville d’une petite société dirigée par Kaufman, joué par l’immense Dennis Hopper. Une mini société finalement beaucoup trop semblable à ce que l’on connait déjà, et donc, qui court à sa perte dés les premiers moments où on nous la présente. Une tour, haute et protégée, dans laquelle vit Kaufman évidemment, mais aussi tous les riches qui peuvent se le permettre, et autour de cette tour, les pauvres, les bidonvilles, le petit peuple. Romero continue donc de mettre clairement du social et de la politique dans son œuvre, et pourquoi pas, c’est aussi ce qui fait le charme de ses métrages, et de sa saga des morts-vivants. Même s’il faut bien reconnaître qu’ici, les traits sont tellement grossis que l’on peut parfois sourire, avec ce riche mégalomane hypocrite à la tête de tout ça, en haut de sa tour, qui manipule tout le monde, et les pauvres en bas, parmi lesquels on trouve des prostituées (Asia Argento), des hommes de main hispaniques (John Leguizamo), des hommes défigurés (Robert Joy), et notre héros au grand cœur évidemment (Simon Baker). Oui, la caricature est souvent facile. Mais quand ça demeure aussi efficace qu’ici, et porté par un tel casting, ça ne me pose pas de soucis. Ce qui me pose immédiatement plus de souci, ce sera dans les quelques personnages secondaires venant peupler et faire avancer l’intrigue, comme l’équipe gravitant autour de John Leguizamo, ou bien ce groupe de trois militaires que Kaufman vient coller au cul de nos héros pour les surveiller, qui n’ont aucun développement, et ne semblent donc être là que pour aider le développement de l’intrigue, et pour certains, amener un bon quota de morts. L’intrigue d’ailleurs, elle est simpliste (mais n’est-ce pas toujours le cas pour développer les à-côtés ?). En gros, notre hispanique préféré, Benny Blanco du Bronx donc (référence référence) vole un fourgon blindé au meilleur poseur de bombe dans des bus (référence ré… ouais vous avez compris), et on envoie une équipe pour récupérer la bête avant d’empêcher le bombardement de la ville.

Et si à côté, Romero force le trait parfois jusqu’à la caricature, il parvient néanmoins à poser quelques images marquantes dans son métrage, et surtout, en version Uncut, à nous donner quelques plans gores qui font grandement plaisir, tout en continuant de développer sa mythologie, avec des zombies qui avancent en bande et communiquent (sommairement, mais communication malgré tout) entre eux, voir utilisent des armes (machette, fusils mitrailleurs). Une évolution logique après les précédents films donc. Les fameux marcheurs morts de son film ont droit à pas mal de moments marquants, comme la traversée de la rivière, magnifiquement éclairée par le directeur de la photographie Miroslaw Baszak (ironiquement directeur de la photo de seconde équipe sur le remake de Zombie, l’Armée des Morts). Evidemment, lorsque les morts arrivent en ville, c’est un carnage qui s’annonce, et Romero ne lésine pas sur le gore, ni sur les petits clins d’œil qui feront plaisir aux fans du genre, et de sa saga aussi. On notera par exemple l’apparition de Simon Pegg et Nick Frost en zombies assez tôt dans le film, ou encore le retour de Tom Savini en zombie avec une machette lors du dernier acte. Le seul élément venant entacher finalement le sérieux, voir l’esthétique du film, bien qu’il soit rare à l’écran, c’est l’utilisation peu subtile d’effets numériques lors de certains plans, comme ce zombie avec la tête pendant dans son dos, immonde visuellement… Alors que le film sait se faire saisissant dés qu’il a recours aux effets traditionnels. Mais bon, Romero a enfin un budget confortable, les technologies se démocratisaient, il a voulu tenter. Le résultat n’est pas convaincant, mais au moins il demeure rare et vite oublié. Car Land of the Dead, c’est une continuité directe, c’est la continuité que l’on a attendu pendant 20 ans, c’est certes peu subtil mais très rythmé, généreux dans sa proposition et fait avec sérieux, et quand on sait ce qui va suivre, on ne peut qu’être heureux d’une telle continuation.

LES PLUS LES MOINS
♥ Enfin, Romero revenait aux zombies
♥ Un casting prestigieux
♥ Les effets pratiques, nombreux et très bons
♥ Rythmé et allant à l’essentiel
⊗ Quelques CGI ratés
⊗ Des personnages assez caricaturaux
note6
Land of the Dead, c’est le retour inespéré de Romero à ce qu’il a commencé. Moins bons que les précédents, un peu trop facile dans sa critique, mais néanmoins plein de bonnes intentions, de moments marquants, et sachant aller à l’essentiel en donnant à son public ce qu’il attend.


Titre : Land of the Dead
Année : 2005
Durée :
1h32
Origine :
Etats Unis
Genre :
Horreur
Réalisation :
George A. Romero
Scénario :
George A. Romero
Avec :
Simon Baker, John Leguizamo, Dennis Hopper, Asia Argento, Robert Joy, Eugene Clark, Joanne Boland, Tony Nappo et Jennifer Baxter
Land of the Dead (2005) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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