Shiang-Chyi n’a pas oublié sa brève rencontre avec ce jeune homme qui lui avait vendu une montre, peu avant son départ pour Paris. Aujourd’hui, sans le chercher vraiment, elle espère pourtant le retrouver. Mais l’intéressé ne vend plus de montres : il tente à présent de faire carrière dans le porno.
Avis de Oli :
Le film commence tout de suite très fort, en nous présentant un tournage de film porno où, contrairement aux films japonais qui utilisent des mosaïques, ici on met une pastèque pour cacher ce que l’on ne doit pas voir ! Hilarant. Cette pastèque qui avait déjà été malmenée dans la filmo de Tsai Ming-Liang (souvenez-vous de VIVE L’AMOUR), jouera dans THE WAYWARD CLOUD un rôle autrement plus important que celui de cache-sexe. Mais je ne rentrerai pas dans les détails.
Avec son nouveau film, Tsai Ming-Liang renoue donc avec sa chronique taiwanaise tournant (essentiellement) autour du jeune Hsiao-Kang. Nous avions abandonné celui-ci en simple petit vendeur de montres dans WHAT TIME IS IT THERE ? pour le retrouver comme débutant dans le milieu du porno dans le court métrage THE SKYWALK IS GONE. Dans ces deux films, Hsiao-Kang et une jeune femme répondant au nom de Shiang-Chyi s’étaient quelque peu tournés autour, sans jamais vraiment se rencontrer. Et bien avec THE WAYWARD CLOUD, c’est chose faite ! Ouf, enfin, confesseront les fans de Tsai Ming-Liang qui n’en pouvaient plus de voir le pauvre Hsiao-Kang végéter seul comme un damné. Oui Hsiao-Kang et Shiang-Chyi vont prendre ici le temps de se connaître… mais bien évidemment rien ne se passera comme prévu. Que leur faudra-t-il donc, à nos deux charmants amis, pour parvenir enfin à s’extirper de leur morne quotidien ? (réponse géniale et explosive à la toute fin du film). Pour réaliser THE WAYWARD CLOUD, Tsai Ming-Liang s’est visiblement inspiré du tournage de THE HOLE. Dans ce film-là, Tsai Ming-Liang projetait ses acteurs dans un futur proche et pessimiste, reflet à peine déformé des problèmes de pollution et de réchauffement de la planète qui minent notre réalité. Pour égailler ce triste constat, Tsai Ming-Liang injectait des séquences musicales sur des chansons bien datées : non, il n’y a pas de honte à se pencher sur son passé pour trouver la force d’affronter notre quotidien dératé.
THE WAYWARD CLOUD emprunte donc à peu près le même schéma : des problèmes naturels liés aux activités humaines frappent Taiwan (cruel manque d’eau potable), les gens errent désabusés et en manque d’inspiration, et donc pour éclairer quelque peu le tout on nous propose des scènes musicales absolument rayonnantes de bonne humeur. Certes les chorégraphies n’ont rien de génial, il y a pas mal d’approximation, mais là n’est pas la question. Seule la gaieté est importante, et dans ces moments là on la compte par kilos entiers. Malgré sa lenteur (les anti Tsai Ming-Liang peuvent circuler ils n’apprécieront sans doute pas le film à sa juste valeur), THE WAYWARD CLOUD distille de furieux moments de franche rigolade, un humour pince sans rire qui m’a parfois totalement retourné. Bien évidemment, il est recommandé de voir les films de Tsai Ming-Liang dans l’ordre chronologique pour comprendre l’évolution que connaît le personnage de Hsiao-Kang, et surtout pour ne pas passer à côté de tous ces détails qui renvoient aux films passés (une partenaire de Hsiao-Kang, entendez par là une actrice porno taiwanaise, est quand même interprétée par Lu Yi-Ching, qui jouait la mère du même Hsiao-Kang dans les autres films de Tsai Ming-Liang…).
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Les scènes musicales ♥ Parfois déjanté ♥ Un propos intelligent |
⊗ Rythme lent |
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| Bref, si vous aimez les films à la fois déjantés et intelligents, si vous ne craignez pas quelques plans fixes et une certaine lenteur pleine de sous-entendus et de sensualité, jetez-vous donc tête la première dans les pastèques de THE WAYWARD CLOUD. Et n’ayez surtout pas peur de vous éclabousser : en foutre un peu partout, ça peut aussi permettre de se sentir exister… | |
Titre : La Saveur de la Pastèque / The Wayward Cloud / 天邊一朵雲
Année : 2005
Durée : 1h53
Origine : Taïwan / France
Genre : Comédie dramatique et musicale
Réalisateur : Tsai Ming-Liang
Scénario : Tsai Ming-Liang
Acteurs : Lee Kang-Sheng, Chen Shiang-Chyi, Lu Yi-Ching, Yang Kuei-Mei, Sumomo Yozakura, Hsiao Huan-Wen, Lin Hui-Xun, Jao Kuo-Xuan, Hung Shu-Mei
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