Quand on apprend le suicide d’une jeune nonne dans une abbaye roumaine, la stupéfaction est totale dans l’Église catholique. Le Vatican missionne aussitôt un prêtre au passé trouble et une novice pour mener l’enquête. Risquant leur vie, les deux ecclésiastiques doivent affronter une force maléfique – la nonne démoniaque de CONJURING 2 – qui bouscule leur foi et menace de détruire leur âme. Bientôt, l’abbaye est en proie à une lutte sans merci entre les vivants et les damnés…
Avis de Rick :
Cinquième film se déroulant dans l’univers de The Conjuring, après les deux premiers opus et les deux opus Annabelle, The Nun, ou La Nonne en France, est bien mal aimé. Il est même par beaucoup considéré comme un mauvais film de genre, et surtout comme le plus faible de la saga. Avons-nous vu le même film ? Non, car La Nonne, en plus d’être un film de genre tout à fait acceptable, se fait bien supérieur au catastrophique Annabelle premier du nom, signé par Leonetti (réalisateur de l’uniquement mauvais Mortal Kombat 2, ça le fait sur un CV). Mais finalement, il est très simple de comprendre le pourquoi du comment, le pourquoi tant de haine en analysant le film, et du coup, en mettant son contenu en comparaison avec ce que le public actuel attends. La Nonne ne livre pas le film que les fans attendaient. Parfois pour de très bonnes raisons, et d’autres malheureusement non. On critique La Nonne d’aller trop vite, et il est vrai, il est le film le plus court de toute la saga Conjuring, et cela ne joue pas en sa faveur. Si on le compare à The Conjuring 2 et ses 2h15, on comprend que La Nonne et ses 1h33 ne peuvent pas se permettre de poser l’ambiance sur une aussi longue durée. Sans aucun doute le plus gros point faible du métrage. On critique La Nonne de ne pas être assez efficace de manière horrifique… Et bien là, j’admet ne pas comprendre. Enfin en fait si, c’est tout simplement que La Nonne, malgré quelques jumpscares (qui ne sont clairement pas son point fort), semble vouloir parler à un public un peu plus âgé que la moyenne d’âge des spectateurs de ce genre de films. Commençons par le commencement en tout cas. La Nonne reprend donc le personnage du second film Conjuring, cet esprit ayant la forme d’une Nonne, et va nous en expliquer les origines.
L’histoire se déroule donc bien avant les Conjuring et même avant les Annabelle (bien que je n’ai pas vu le second opus, apparemment bien supérieur au premier). Et dés la scène d’ouverture, chose confirmée par la suite par les révélations de l’intrigue, La Nonne a su brosser le vieux spectateur trentenaire que je suis dans le sens du poil. Une porte cachée dans une abbaye, deux nonnes, une clé, puis une mort gentiment sanglante, une pendaison et l’apparition de la fameuse Nonne. Oui, immédiatement, mon cerveau se sera posé une question. Accident ou hommage. Une Nonne se suicidant par pendaison, amenant ainsi un esprit maléfique sur les lieux, ça ressemble comme deux gouttes d’eau à Frayeurs de Lucio Fulci. Alors quand peu de temps après, le film nous balance une autre scène rappelant Frayeurs à 200%, avec un prêtre enterré vivant et qui sera sauvé in-extremis à coup de pelle traversant le cercueil, le doute n’est plus permis. Et en fait, tout dans la Nonne respire cet amour du cinéma bis des années 60 à 80, avec du Fulci, mais également beaucoup de la Hammer et de Mario Bava. Des apparitions spectrales en fond, une abbaye imposante filmée en contre plongée, un vieux cimetière baignant dans la brume… La Nonne est une déclaration d’amour au cinéma de genre d’autrefois, et donc s’adresse en particulier aux spectateurs cinéphiles ou ayant connu cette époque malheureusement résolue. En ce sens, c’est une de ses forces, force qui se retrouve décuplée par le formidable travail visuel effectué sur le film. Ça en jette, Maxime Alexandre (Haute Tension, La Colline a des Yeux, Silent Hill Revelations) à la photographie livre un travail étonnant et magnifique pour les yeux. Les éclairages, les jeux d’ombres, les silhouettes, c’est parfait jusqu’à certains mouvement de caméra mettant parfaitement en valeur les majestueux décors.
Et du coup, face à cette approche old school, les jumpscares, pour la plupart peu efficaces il est vrai, ne semble être là que pour remplir un cahier de charge et attirer le jeune spectateur dans la salle. Spectateur qui se sera donc senti arnaqué, osant donner des 1/10 ou 2/10 au métrage sur de nombreux sites tels imdb ou senscritique. La Nonne est donc une histoire d’ambiance, et en y adhérant, aucun doute, le film vaut le détour. Aussi simple son histoire soit-elle, voir parfois ayant quelques incohérences (un autre hommage à Fulci ?). Il ne faudra donc pas attendre de grosses surprises dans son déroulement, ni même dans ses personnages. L’ensemble est efficace mais plutôt cliché et prévisible. Mais ça fonctionne. Surtout que, surprise, on trouve dans le rôle de soeur Irene la jeune Taissa Farmiga, ayant déjà tenue le premier rôle dans le très bon drame 6 Years et dans la comédie parodiant les slashers The Final Girls. Surprise puisque j’apprécie beaucoup cette actrice, et qu’elle est la jeune sœur de Vera Farmiga, actrice dans les films The Conjuring. Alors si l’on ajoute à tout cela un score musical très joli signé Abel Korzeniowski, on obtient un film de genre certes sans surprises mais plutôt solide, à la condition que l’on sache finalement à quoi s’attendre, ou que l’on soit sensible à son approche nous ramenant plus de 40 ans en arrière.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Très beau visuellement ♥ Plaisant et tyrhmé ♥ Une belle lettre d’amour aux vieux films |
⊗ Trop court ⊗ Assez classique et prévisible |
Film mal aimé, La Nonne a sans doute été plutôt incompris, ou ne s’adresse pas à son public cible. C’est tant mieux, puisque La Nonne livre un film qui rappelle la Hammer, Mario Bava et Lucio Fulci. Malgré des facilités, on passe donc un très bon moment. |
Année : 2018
Durée : 1h33
Origine : U.S.A.
Genre : Fantastique
Réalisation : Corin Hardy
Scénario : Gary Dauberman
Avec : Demian Bichir, Taissa Farmiga, Jonas Bloquet, Bonnie Aarons, Ingrid Bisu et Charlotte Hope
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