[Film] La Mémoire Assassine, de Won Shin-Yeon (2017)


Byung-su est un ancien tueur en série souffrant de la maladie d’Alzheimer. Lorsque de nouveaux meurtres sont commis près de chez lui, il décide de mener l’enquête, persuadé de savoir qui se cache derrière ces atrocités. Le danger est d’autant plus grand qu’il en vient à soupçonner le nouveau petit ami de sa fille. À moins que tout ceci ne soit que le fruit de son imagination et que le seul tueur en liberté ne soit personne d’autre que lui-même…


Avis de Cherycok :
On pourra penser ce qu’on veut de la Corée du Sud et de son cinéma, en matière de films policiers et de thrillers, ils ont toujours répondu présents. Old Boy, Memories of Murder, Sympathy for Mr Vengeance, A Bittersweet Life, JSA, The Man From Nowhere, The Chaser, … La liste de leurs polars / thrillers appréciés d’une bonne partie des amateurs de cinéma asiatiques (et même au-delà) est longue et s’agrandit d’année en année. Nous allons nous attarder ici sur le dernier en date ayant fait sensation, Memoir of a Murderer, sorti chez nous sous le titre La Mémoire Assassine. Le film est tiré d’une nouvelle de 2013 de Kim Young-Ha et a remporté le Prix du Jury (en plus de 3 autres nominations) au Festival International du Film Policier de Beaune en 2018. Cela veut-il forcément dire que le film est bon ? Non. Le film est-il bon ? Oui. Mais avec quelques réserves malgré tout… Car ce qui fait la force de cette nouvelle bobine du réalisateur de The Suspect (2013) et A Bloody Aria (2006) en devient au bout d’un moment une faiblesse…

Dans sa jeunesse, Byung-Su a tué. Byung-su a beaucoup tué. Mais il ne tuait que les personnes qui, selon lui, méritaient d’être tuées. Des maris violents, des violeurs, des gens qui d’une manière ou d’une autre en faisaient souffrir d’autres. Il enterrait les cadavres dans une bambouseraie qu’il s’était achetée non loin de son domicile. Dix sept ans ont passé depuis son dernier homicide. Dix-sept ans que Byung-Su mène une vie à peu près normale avec sa fille. « A peu près » car dix-sept ans que Byung-Su est atteint de la maladie d’Alzheimer qui s’est déclenchée à la suite d’un accident survenu après son dernier meurtre. Il alterne les phases où il est lucide et celles où ses souvenirs disparaissent petit à petit. Mais il s’intéresse malgré tout à des meurtres de jeunes filles qui ont lieu près de chez lui annoncés à la télévision. Alors qu’il rentrait chez lui en voiture, il a un accrochage avec un autre véhicule et s’aperçoit que le jeune conducteur a dans son coffre ce qui semble être un cadavre emmitouflé dans une couverture. Humain selon lui. D’un cerf selon le conducteur. Le doute va planer dans la tête de Byung-Su et il va faire appel à son ami de longue date qui travaille dans la Police. Le doute va s’intensifier et le danger va devenir d’autant plus grand lorsqu’il va se rendre compte que le nouveau petit-ami de sa fille n’est autre que la personne avec qui il a eu un accrochage et qu’il pense être le tueur qui rôde dans sa ville. Pour lui, le danger est à sa porte et il décide de mener l’enquête. Mais tout ceci est-il bien réel ? Ne serait-ce pas son imagination et ses pertes de mémoires qui lui joueraient des tours ? Est-ce que ses bas instincts du passé ne seraient-ils pas en train de revenir sans qu’il puisse lui-même s’en rendre compte puisqu’il est lui-même conscient qu’il ne peut pas se fier à ses souvenirs ?

C’est dans ce doute permanent que le film va puiser sa force. Won Shin-Yeon va constamment jouer avec les méninges du spectateur. Il essaie de perdre son public, de semer le doute chez lui tout comme il le fait dans la tête du personnage principal incarné par un Sol Kyung-Gu (The Merciless, Troubleshooter), vieilli pour l’occasion, tout bonnement magistral et portant presque à lui seul le film sur ses épaules. Les pièces du puzzle nous sont délivrées au compte-goutte mais le travail n’est pas prémâché et ce sera à chacun de faire l’effort de remettre tout ça dans l’ordre. Morceaux du passé de notre malade, scènes vues sous plusieurs angles ou différents sons de cloches, pistes volontairement brouillées. La Mémoire Assassine fait travailler votre cerveau tout entier mais peut-être un peu trop. A tel point que ce jeu qui est rapidement initié entre le scénario à tiroir et le spectateur va durer trop longtemps. On va de rebondissement en rebondissement mais à force, ils finissent par perdre de leur impact. On arrive très vite à percevoir la finalité de la chose.
Le film arrive à jongler, comme souvent en Corée entre différents genres. Même si dans l’ensemble, cela reste sombre et sérieux, avec un traitement plutôt original pour parler de la maladie d’Alzheimer, quelques petites touches d’humour viennent s’immiscer dans le récit. Certains personnages loufoques voire farfelus (le prof de poésie, la cougar collante) arrivent à dédramatiser un peu l’ambiance pesante qui s’installe à fur et à mesure que le film s’avance. Et on en vient très rapidement à s’attacher à cet ancien tueur en série pour lequel on éprouve tour à tour empathie, pitié, crainte, tristesse. Un tour de force et un des gros points forts de La Mémoire Assassine.

LES PLUS LES MOINS
♥ Belle photographie
♥ Sol Kyung-Gu est magistral
♥ Scénario qui fait réfléchir
⊗ Trop de twist tue le twist
⊗ 15 minutes trop long
Avec son scénario façon puzzle, La Mémoire Assassine mettra vos méninges en ébullition. Mise en scène soignée, excellent casting, dommage qu’à trop vouloir enchainer les rebondissements, l’histoire traine un peu trop en longueur. Le final perd du coup de son impact. Quoi qu’il en soit, ça vaut le coup d’œil.



Titre : La Mémoire Assassine / Memoir of a Murderer
Année : 2017
Durée : 1h58
Origine : Corée du Sud
Genre : Thriller à rebondissements
Réalisateur : Won Shin-Yeon
Scénario : Hwang Jo-Yoon, Won Shin-Yeon

Acteurs : Sol Kyung-Gu, Nim Nam-Gil, Seol Hyun, Oh Dal-Su, Hwang Suk-Jung, Kil Hae-Yeon, Lee Byung-Joon, Jung In-Gyeom

 La mémoire assassine(2017) on IMDb

















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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