[Film] La Cité Interdite, de Zhang Yimou (2006)


Xème siècle, la Dynastie Tang domine la Chine. Après une longue absence, l’empereur rentre au palais et se rend compte que plus rien n’est comme avant. Son épouse, qui le hait, complote en secret dans son dos. Cette rébellion ainsi que la révélation de nombreux secrets enfouis vont peu à peu faire éclater la famille impériale.


Avis de Sanjuro :
Après un Hero pas inintéressant mais miné par un message politique douteux ainsi qu’une trop grande propension à prendre la pose et un House of Flying Daggers mollasson et fleurant bon l’exotisme « Pier import », force est d’avouer que ce 3eme wu xia-pian à gros budget réalisé par le mégalo Zhang Yimou n’était pas attendu de pied ferme, à vrai dire je m’en foutais un peu. Et pourtant, en tant que fan irrécupérable de cinoche martial, je ne pus m’empêcher d’y jeter un œil et ce dès sa sortie. Alors ça vaut quoi, me direz-vous ?

Pas grand-chose en fait. C’est peut-être un chouia plus réussi que Les poignards trop lents, mais dans l’ensemble on a quand même l’impression de mater un gros pâté (impérial ^^) croulant sous sa propre lourdeur. Le visuel rococo constitué de dorures, de grosses plâtrées de rose bonbon et d’autres couleurs flashys en tous genres se montre encore plus envahissant que dans son précédent wu-xia pian (Le secret des poignards volants si vous avez suivi) … Au bout de 10 minutes de métrage, on frôle l’indigestion. Yimou cherche à rendre son film beau et esthétique mais en fait tellement des kilotonnes que le visionnage de l’objet en devient douloureux. Tout dans Curse of the Golden Flower est parasité par cette esthétique vomitive et surchargée en calories, le moindre costume, la moindre parcelle de décor est une épreuve pour nos pauvres petits yeux qui n’en demandaient pas tant. Je dois avouer que ce visuel aussi coloré que refroidissant n’aide pas à rentrer dans le récit, il en est de même concernant la lenteur pachydermique de l’intrigue (qui cumulée au visuel rococo achève de faire ressembler le film à un gros loukoum !). A ce titre, la première heure s’avère pénible à suivre tant Yimou semble vouloir étirer la durée de celle-ci sans raison valable. En résulte un véritable film de couloirs, n’ayant rien à envier aux derniers Wong Kar-Wai, s’attardant sur des intrigues de cour guère passionnantes. Les plans nous montrant un (ou des) personnage(s) aller d’un coin à l’autre du palais paraissent innombrables et ne semblent justifiés uniquement dans le but de nous en mettre plein les mirettes par l’immensité du décor… Bref, difficile de ne pas s’assoupir (surtout quand on trouve les décors très moches).

Dommage que ces défauts sapent littéralement l’implication du spectateur car Curse of the Golden Flower possède tout de même quelques qualités, je mentionnerais en premier lieu l’excellence des 2 interprètes principaux, Chow Yun-Fat et Gong Li. Ces derniers, habités par leur rôle, livrent des prestations toutes en rage contenue qui semblent démesurées comparées au reste du film. Si la première heure n’était pas aussi chiante je dirais même qu’ils méritent à eux seuls le visionnage de l’objet. L’autre bonne surprise vient des (trop rares) séquences de combats. Yimou a visiblement mis la pédale douce sur la poésie aérienne à coups de burin et les ralentis outranciers. En résulte des affrontements certes pas toujours très bien découpés et loin d’être mémorables mais plutôt agréables à regarder. Je pense en priorité à la première attaque des « ninjas » (ces derniers se battent à l’aide de cordes et de grappins) qui constitue, sans hésiter, la meilleure séquence du film. Mais il y’a un mais… Le réalisateur de Hero se plante dans les grandes largeurs lorsqu’il s’agit de clore son métrage par une bataille gigantesque mettant en scène des milliers de figurants (numériques sur certains plans). Cette séquence qui avait tout pour être dantesque est littéralement plombée par les velléités esthétisantes du sieur Yimou qui tente de nous refaire le Ran de Kurosawa à la sauce Lord of the rings, en résulte un grand moment de démesure rococo du meilleur goût (sic), un gloubi-boulga coloré constitué de gros blocs jaunâtres et gris qui s’affrontent. Il y’a fort à parier que certains qualifierons ça de magnifique, pour ma part j’ai trouvé ça parfaitement lourd, pataud, indigeste et pompier… à l’image du film donc.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le duo Chow Yun-Fat / Gong Li
♥ Les quelques combats
⊗ Le visuel trop flashy
⊗ Intrigue trop lente
⊗ Une 1ère heure interminable
Comme je le sous-entendais il y’a quelques lignes, l’influence du Ran de Kurosawa vampirise le film, qu’il s’agisse de la séquence de bataille ou bien de la dimension « shakespearienne » du récit (au rayon des influences japonaises on mentionnera aussi une conclusion lorgnant du côté du légendaire Hara-Kiri de Kobayashi). Hélas, avec ses gros sabots, Yimou ne parvient jamais à égaler la grâce et l’émotion qui imprègne l’oeuvre de Kurosawa, et ce même si son intrigue machiavélique et ouvertement tragique gagne un peu d’intérêt passée sa très longue heure d’exposition.



Titre : La Cité Interdite / Curse of the Golden Flower / 滿城盡帶黃金甲
Année : 2006
Durée : 1h55
Origine : Chine
Genre : Wu Xia Pian à très gros budget
Réalisateur : Zhang Yimou
Scénario : Zhang Yimou, Wu Nan, Bian Zhi-Hong

Acteurs : Chow Yun-Fat, Gong Li, Jay Chou, Liu Ye, Qin Jun-Jie, Li Man, Ni Da-Hong, Chen Jin, Guo Chang-Hui, Feng Bo, Li Ming, Guo Jiu-Long, Wang Cong, Tien Ye

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Auteur : Sanjuro

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