Qu’ils soient à la recherche d’une jeune fille disparue en Amérique du Sud, partis récupérer un jeune homme qui a fugué et qu’ils croient leur fils du côté de Nice, ou essayant d’échapper à la Police pour rejoindre la frontière italienne, le duo Pierre Richard / Gérard Depardieu aura fait le bonheur des amateurs de comédies françaises des années 80.
Avis de Cherycok :
La plupart de ceux qui ont grandi dans les années 80 ont forcément déjà vu un des films du duo Pierre Richard Gérard Depardieu tant ils ont été moult fois diffusés à la télévision (encore de nos jours). Des films où se mêlaient souvent humour bon enfant, gags à la pelle, parfois des scènes d’action et même de temps en temps un peu d’émotion, et qui ont fait marrer des dizaines de millions de Français, voire plus à travers le monde vu qu’ils sont sortis dans de nombreux pays. Vu leur notoriété, plutôt que de leur consacrer une chronique à chacun, j’ai décidé de les mettre tous les trois dans un même article car, bien que n’étant pas vraiment liés, ils forment quelque part une sorte de cycle. Alors si vous ne les avez pas vus depuis longtemps, bienvenue au début des années 80 où on savait faire des bonnes comédies en France. Oui, parce que j’avoue que Alad’2 avec Kev Adams, Les Tuches 3 avec Jean-Paul Rouves ou Just a Gigolo avec Kad Merad, c’est quand même bien moisi pour moi. Vieux con vous dites ? Possible…
La Chèvre (1981) :
La fille du Grand PDG Bens est tellement malchanceuse qu’elle se fait enlever alors qu’elle est en vacances au Mexique. Pour la retrouver, son père engage le détective privé Campana qu’il associe à un gaffeur invétéré dans l’espoir qu’il le rapproche de sa fille…
C’est avec La chèvre, sorti en 1981, que tout commence et que le public découvre ce duo improbable qui va, comme dans tout bon buddy movie, faire collaborer deux personnages que tout oppose. Pierre Richard va être le rêveur, mais surtout le gaffeur, celui qui se prend les portes dans les gueules et glisser sur les peaux de bananes ; Gérard Depardieu va être plus terre à terre, mais aussi plus bourrin, qui préfère régler les discordes à grands coups de tête plutôt qu’avec des grands discours. De cette opposition va naitre une énorme quantité de gags, tantôt visuels, tantôt dans les échanges, mais surtout une excellente alchimie transpirant à l’écran entre les deux acteurs. Ils vont enchainer les péripéties et surtout les mésaventures, et cela va donner un bon paquet de moments cultes (le singe, l’allergie aux guêpes, le club privé, le sable mouvant, …). Les dialogues sont succulents, la musique de Vladimir Cosma reste en tête des jours et des jours durant, le rythme sait rebondir pour relancer la machine et au final il ne faiblit jamais. Nous sommes d’accord qu’il s’agit ici d’un divertissement tout ce qu’il y a de plus populaire, avec un humour assez simple et qui va parler au plus grand nombre (c’est d’ailleurs sans doute ce qui a fait son succès). D’ailleurs, on ne compte plus aujourd’hui le nombre de buddy movies qui marchent sur les mêmes mécaniques. Mais si on a envie de se payer une bonne tranche de rigolade avec un film pas prise de tête, ayant ce côté rassurant, La Chèvre fait partie de ces indémodables de la comédie française. Sans doute le plus réussi des trois films.
LE SAVIEZ VOUS ?
• Les rôles de Campana et de Perrin devaient à l’origine être tenus par Lino Ventura et Jacques Villeret, mais le premier ne souhaitait pas tourner avec le second. En outre, il était en désaccord avec le producteur Alain Poiré sur le montant de son cachet.
• Impressionnée par le succès du film dans l’Hexagone, la société Universal en a fait un remake outre-Atlantique en 1991. Intitulé Pure Luck, on y retrouve Martin Short et Danny Glover au casting et Nadia Tass à la réalisation.
• La scène de la guêpe a été un véritable calvaire pour Pierre Richard. En effet, bien que le dard du spécimen ait été retiré, la production ne s’était pas douté qu’une guêpe pouvait également mordre. Ainsi, le grand blond a joué sa scène tout en subissant la morsure de l’insecte.
• Pour la scène du gorille (une espèce qui n’est pas du tout présente sur le continent américain), la production a utilisé non pas un vrai spécimen, mais un cascadeur américain costumé. En effet, les animaux ont posé plusieurs problèmes durant le tournage, comme le cobra (situé à côté de Campana) qui prenait sans cesse la fuite ou encore un scorpion qui piqua Depardieu.
Les Compères (1983) :
Tristan Martin, un adolescent de 17 ans, fait une fugue, au désespoir de sa mère Christine. Pour le retrouver, celle-ci envoie deux de ses anciens amants, en leur faisant croire que l’un d’entre eux est peut-être le père. Transportés par leur soudaine paternité, ces derniers deviennent de fins limiers.
Après l’énorme succès de La Chèvre, plus de 7 millions d’entrées au cinéma, un nouveau film avec le duo Gérard Depardieu / Pierre Richard est mis en chantier. Ça va s’appeler Les Compères, et la recette va rester la même : deux personnages que tout oppose vont devoir par la force des choses coopérer ensemble. Pierre Richard est un suicidaire récidiviste, sensible, rêveur, sans le sou, qui n’a plus rien dans la vie ; Gérard Depardieu est un journaliste renommé, aisé, sûr de lui, à fond dans son travail, qui n’hésite pas à utiliser ses poings quand cela est nécessaire. Là aussi, le film va avoir son lot de scènes cultes, dont la plus mémorable est certainement celle dans le bar, avec le festival de coups de boule, et on se marre comme des cons très souvent alors qu’on a déjà vu le film de nombreuses fois. Néanmoins, Les Compères reste l’opus le plus faible de cette « trilogie ». Car nous sommes quelque part sur le même schéma narratif que La Chèvre, avec de nouveau quelqu’un à retrouver. Même si Veber y apporte son lot de différences (l’enquête policière), on ne peut s’empêcher de penser que le film est malgré tout un peu fainéant. Mais cela marche quand même, on suit leurs aventures avec plaisir, et leur confrontation pour savoir qui sera le père de l’enfant à un côté assez savoureux tant les deux acteurs accordent leurs violons à merveille.
LE SAVIEZ VOUS ?
• Dans Les Compères, Pierre Richard s’appelle pour la première fois François Pignon. Il portera à nouveau ce nom dans Les Fugitifs de Francis Veber. Jacques Brel, Jacques Villeret et Daniel Auteuil s’appellent également François Pignon dans trois autres films de Francis Veber : L’Emmerdeur (1973), Le Diner de cons (1998) et Le Placard (2001). A noter que Gérard Depardieu garde, dans Les Fugitifs, le nom de Jean Lucas, appellation du personnage qu’il incarne dans Les Compères.
• Les Compères a fait l’objet d’un remake américain intitulé Father’s Day (Drôles de Pères chez nous), réalisé en 1997 par Ivan Reitman. Billy Crystal et Robin Williams y reprenaient les rôles tenus respectivement par Gérard Depardieu et Pierre Richard.
• Dans le rôle de l’inspecteur Verdier, on retrouve Jacques Frantz qui s’orientera par la suite vers le domaine du doublage et deviendra entre autres les voix françaises de Robert De Niro et Mel Gibson.
• Ce film marque les débuts de Stéphane Bierry, alors âgé d’à peine 20 ans. Après des années de carrière discrètes, l’acteur est devenu célèbre auprès du jeune public avec son rôle de Stéphane Prieur dans la série Plus belle la vie.
Les Fugitifs (1983) :
Les temps sont durs pour François Pignon qui doit soigner sa fille. Il s’est même résigné à braquer une banque. Il va jusqu’à prendre en otage Jean Lucas, un ancien repris de justice sortant tout juste de prison, pourtant bien décidé à devenir honnête…
Même si Les Compères réalisa un moins bon score que La Chèvre, 7millions pour ce dernier contre 4.8 pour le premier, un troisième film va voir le jour trois ans plus tard avec le duo Pierre Richard / Gérard Depardieu. Les Fugitifs continue encore et toujours de reprendre le concept des deux personnages que tout oppose et qui va donner lieu à bon nombre de scènes cocasses et d’humour bon enfant. Le gaffeur Pierre Richard incarne un personnage désespéré, sans le sou, qui braque une banque pour subvenir aux besoins de sa fille, mutique depuis la mort de sa mère. Son otage sera Gérard Depardieu, tout fraichement sorti de prison avec une série de 14 braquages réussis, décidés à se ranger et à avoir une vie normale. Toujours des scènes mémorables telles que le braquage en lui-même, mais également le coup de la perruque ou encore la séance chez le vétérinaire à la retraite. C’est toujours bon enfant, avec un humour populaire et qui fonctionne à merveille, à la grosse différence que Veber choisit d’injecter dans son film une touche d’émotion qui va tourner autour de l’adorable petite fille du personnage de Pierre Richard. Le petit bout de chou qui ne doit avoir guère plus de 6 ans interprète à merveille ce rôle de petite fille mutique, déboussolée à cause d’une vie déjà pas facile. Du coup, Les Fugitifs est clairement moins amusant que les deux autres films de la « trilogie », mais il n’en est pas pour autant le moins bon car le mélange émotion / humour (avec même une pointe d’action) y est bien homogène. Un classique
LE SAVIEZ VOUS ?
• Les Fugitifs a fait l’objet d’un remake américain intitulé Les Trois fugitifs, réalisé en 1989 par Francis Veber lui-même. Martin Short et Nick Nolte y reprenaient les rôles tenus respectivement par Pierre Richard et Gérard Depardieu.
• Le film a été un gros succès en Union Soviétique où il a réalisé le score de 22.9 millions d’entrées. Un excellent score pour un film français.
• Les Fugitifs donne à Jean Carmet l’occasion de rejouer aux côtés de Pierre Richard après avoir notamment été son partenaire dans Un idiot à Paris (1967), Alexandre le Bienheureux (id.), Les Malheurs d’Alfred (1972), Le Grand blond avec une chaussure noire (id.), Le Retour du grand blond (1974) et Trop c’est trop (1975). Jean Carmet retrouve également Gérard Depardieu à qui il a donné la réplique dans Les Gaspards (1973), René la Canne (1976), Le Sucre (1978) et Buffet froid (1979).
• Il s’agit du quatrième long-métrage de Francis Veber. C’est aussi le quatrième et dernier avec Pierre Richard. Après ce film, Francis Veber et Gérard Depardieu arrêteront leur collaboration, qui reprendra quinze ans plus tard avec Le Placard.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le duo Richard / Depardieu ♥ Des seconds rôles funs ♥ Des gags très réussis ♥ Les musiques de Vladimir Cosma |
⊗ Ça a parfois un peu vieilli… ⊗ Les Compères un peu en deçà |
Note La Chèvre : Note Les Compères : Note Les Fugitifs : |
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Même s’ils ont parfois un peu vieilli, La Chèvre / Les Compères / Les Fugitifs font partie de ces classiques de la comédie française des années 80 qu’on revoie toujours avec un immense plaisir. C’est sûr que ce n’est pas du grand cinéma, mais c’est du très bon divertissement. A revoir sans modération. |
LE SAVIEZ VOUS ? BIS REPETITA
• La Chèvre, Les Compères et Les Fugitifs, dirigés par Francis Veber entre 1981 et 1986, ont cumulé au total plus de 16,5 millions d’entrées !
• De François Perrin à François Pignon, de Campana à Jean Lucas, Pierre Richard et Gérard Depardieu auront chacun marqué la comédie française grâce à leur complicité. Une complicité à laquelle ils ont pu goûter à nouveau sur le tournage d’Agafia, un court-métrage de Jean-Pierre Mocky qui marquait leurs retrouvailles face à la caméra vingt-huit ans après.
• Bonne nouvelle, le duo est en train de se reformer au cinéma ! Pierre Richard a partagé il y a quelques jours une photo sur le plateau d’Unami, une histoire culinaire tournée entre la France et le Japon.
Titre : La Chèvre / Les Compères / Les Fugitifs, de Francis Veber
Année : 1981/1983/1986
Durée : 1h34/1h32/1h29
Origine : France
Genre : On savait rire à l’époque
Réalisateur : Francis Veber
Scénario : Francis Veber
Acteurs : Pierre Richard, Gérard Depardieu, André Valardy, Michel Robin, Anny Duperey, Michel Aumont, Jean Carmet, Maurice Barrier, Roland Blanche, …