[Film] Kuzco, L’ Empereur Mégalo, de Mark Dindal (2000)

A la tête d’un royaume mythique se trouve Kuzco, un jeune empereur aussi capricieux que méprisant. Secondé par la perfide Yzma qui rêve de lui ravir le trône, il projette de bâtir une somptueuse résidence d’été sur une des plus jolies collines de l’empire. Il fait d’ailleurs venir le chef du village, l’imposant Pacha, pour le prévenir qu’il aura le grand honneur de voir sa maison détruite.Kuzco congédie Yzma. Folle de rage, la diablesse élabore un plan délirant et fatal. Flanquée de son sbire, Kronk, elle se prépare à éliminer le jeune empereur et à régner.Yzma invite son neveu à souper. Kronk est supposé verser du poison dans le plat de Kuzco, mais il se trompe et verse une potion qui transforme le prince en lama. Se rendant compte de leur erreur, Yzma et Kronk assomment le jeune souverain avec un vase et le balancent dans la charrette de Pacha qui part hors de la ville.


Avis de John Roch :
Tout comme Lilo et Stitch et Hercule, Kuzco, L’Empereur Mégalo est une anomalie chez Disney. Et tout comme Hercule, Kuzco doit une certaine liberté à sa gestation pour le moins compliquée. Pour comprendre comment Kuzco est devenu le film qu’il est, il faut remonter en 1994, année où Disney veut adapter le conte de Mark Twain Le Prince et le Pauvre (et non pas, comme il est stipulé ici et là, The Emperor’s New Clothes de Andersen auquel le titre original du film dont il est question ici : The Emperor’s New Groove fait penser) en le transposant dans un univers inspiré du Pérou. Premier problème : Le script de ce qui s’appelait alors Kingdom of the Sun est jugé trop sombre et le premier jet est propulsé à la poubelle suite aux mauvaises réceptions de Pocahontas et du Bossu de notre Dame. Le script est retravaillé mais Disney impose des coupes budgétaires et resserre le délai de production. Une situation qui ne convient pas à Roger Allers, qui de plus ne s’entend pas avec son coréalisateur Mark Dindal sur la direction que doit prendre le film. Allers quitte le navire et Dindal se retrouve seul à gérer la production de Kingdom of the Sun. Ce dernier va alors jeter tout le travail accompli et va complétement retravailler le script, jusqu’à balancer les chansons écrites par Sting qui n’ont plus leur place dans ce qui va devenir Kuzco, L’Empereur Mégalo. Déjà, avoir imposer sa vision des choses comme l’a fait Mark Dindal est quelque chose d’impensable chez Disney. Ensuite ce qui fait de Kuzco une anomalie, c’est que le métrage est une œuvre originale qui tranche avec ce qui était sorti jusqu’alors de chez la firme aux grandes oreilles, c’est-à-dire la réappropriation de contes et de légendes à de rares exceptions près. Le résultat ? L’un des meilleurs Disney car il ne ressemble à aucun Disney, au grand Dam de celui-ci qui devait être bien emmerdé pour vendre la chose au grand public habitué aux métrages animés pleins de bonne morale et de chansons. Au sein des films Disney, Kuzco c’est comme mettre du tabasco dans de la choucroute : ce n’est pas compatible mais qu’est-ce que ça déboite.

Kuzco diffère de ce qu’avait sorti Disney jusqu’à son personnage principal. D’habitude, on est face à un héros ou une héroïne tels que Aladdin, Belle ou Arielle, à savoir un personnage qui n’est pas à sa place dans la société et est incompris par les siens, qui va vivre un voyage initiatique parsemé d’embûches au bout duquel il trouvera sa voie. Ici, Kuzco est un personnage volontairement détestable. Un empereur égocentrique et capricieux qui obtient ce qu’il veut en un claquement de doigts, qu’il utilise pour faire jeter par la fenêtre un vieillard qui l’a involontairement bousculé, raser le village de Pacha pour y construire un parc aquatique, et virer sa conseillère Yzma, trop portée sur le trône à son gout. Pour prendre le pouvoir celle-ci projette, avec son amant et homme à tout faire Kronk, d’empoisonner Kuzco. Mais voilà, ils se plantent de poison et l’empereur est transformé en lama qui se retrouve par accident dans le village de Pacha. Celui-ci accepte alors de raccompagner Kuzco à son palais si ce dernier accepte de bâtir son parc aquatique ailleurs. Dans le fond, Kuzco n’a rien d’une révolution au niveau du scénario. On est face à un buddy movie où deux personnages que tout oppose vont apprendre à se connaitre et à faire face à l’adversité, mais ça fonctionne. La relation entre les deux personnages, Pacha le chef de village au grand cœur et l’égocentrique Kuzco qui va jusqu’à briser le quatrième mur pour recentrer le récit sur sa personne, est réussie et bien que l’on échappe pas au côté moralisateur propre à Disney (l’égoïste Kuzco qui va apprendre à ne plus être le nombril du monde), celui-ci est si peu présent et à peine appuyé que l’on y prête pas la moindre attention. Si le duo de protagonistes fonctionne, il en va de même pour les antagonistes encore plus attachants : Yzma, sorte de croute préhistorique définie comme « à faire peur sans le faire exprès », et surtout Kronk le gros balèze qui veut faire les choses bien, mais qui est intellectuellement très en dessous de la moyenne.

Si Kuzco se doit d’être vu, c’est en majorité pour Kronk, personnage qui s’il concourait à la palme du meilleur sidekick vu au cinéma, remporterait certainement la première place. C’est simple, chacune de ses apparitions vaut le détour et elles se révèlent toutes aussi hilarantes les unes que les autres. Ce qui ne veut pas dire que le métrage se repose uniquement sur ce personnage pour ce qui est de la comédie, c’est même tout le contraire et à ce niveau, Kuzco est une petite merveille. Le cartoon à la Tex Avery ou Chuck Jones, le quatrième mur qui se brise, gags visuels ou verbaux parfois nonsensiques, quiproquos, humour slapstick et parfois même un peu corrosif dès lors qu’il s’agit de vanner le physique de Yzma … Dans Kuzco plusieurs types d’humour sont utilisés, mélangés et très bien digérés dans un déluge de scènes comiques qui s’enchainent à un rythme du tonnerre. Même chez les détracteurs des films d’animation Disney, Kuzco devrait faire mouche, d’autant plus qu’il n’y a pas de chansons parsemées dans un métrage qui au final n’a rien d’un Disney. Kuzco, L’Empereur Mégalo, en dépit d’une qualité technique en deçà de ce que les réalisations de la firme aux grandes oreilles nous avaient habitué, est une petite bombe au sein du studio. Une anomalie pleine d’humour et de bonne humeur qui en fait une grosse comédie plus que réussie.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un rythme du tonnerre
♥ Un film vraiment drôle
♥ Plusieurs types d’humour qui se mélangent parfaitement
♥ Des personnages attachants
♥ Kronk
⊗ Visuellement en deçà de la qualité des films Disney

Kuzco, L’Empereur Mégalo est non seulement une comédie animée réussie, mais c’est aussi un Disney qui n’est au final pas un Disney, qui plaira sans nul doute même aux détracteurs des dessins animés issus des studios de la firme aux grandes oreilles.



Titre : Kuzco, L’Empereur Mégalo / The emperor’s new groove
Année : 2000
Durée : 1h18
Origine : U.S.A
Genre : Anomalie
Réalisateur : Mark Dindal
Scénario : David Reynolds, Chris Williams et Mark Dindal

Acteurs : David Spade, John Goodman, Eartha Kitt, Patrick Warbuton, Wendie Malik, Kellyann Kelso, Eli Russell Linnetz, Stephen J. Anderson

 Kuzco, l'empereur mégalo (2000) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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