Jack, un archéologue chinois va s’associer à la belle professeur indienne Ashmita et à son assistante Kyra afin de retrouver le trésor perdu de Magadha. Mais c’était sans compter sur l’arrivée dans la course de Randall, fils d’un chef de l’armée rebelle, qui va tout faire pour s’emparer du précieux butin…
Avis de Cherycok :
Cela faisait 12 ans qu’on n’avait pas vu Stanley Tong derrière la caméra. Douze ans sans quasi aucun signe de vie si ce n’est au poste de producteur du raté Chinese Zodiac et de une ou deux autres bobines hongkongaises peu mémorables. C’est pas plus mal diront certains tant le bonhomme n’a pas une très bonne réputation aux yeux des amateurs de péloches asiatiques. Pourtant, on lui doit quelques Jackie Chan sympathiques tels que Police Story 3, Jackie Chan dans le Bronx ou encore Contre Attaque, ainsi que quelques bobines d’action efficaces telles que Angel 2 et 3, Stone Age Warriors et Project S. Mais voilà, ce cher Stanley a commis (c’est le bon terme) The Myth en 2005 et surtout China Strike Force en l’an de grâce 2000, et là, ce fut le drame. Un bon gros nanar complètement nawak qui l’a décrédibilisé aux yeux d’une bonne grosse majorité de passionnés. Et puis voilà que sans crier gare arrive la bande annonce de Kung Fu Yoga, son dernier film, coproduction entre la Chine et l’Inde, et là on voit arriver le bon gros film de merde. On le sait que ça va être bien moisi, on le sent venir à des kilomètres, et le fan de Jackie Chan que je suis se retrouve confronté au même dilemme que son film précédent Skiptrace : ne pas perdre son temps ou faire ce qu’on s’était promis à l’âge d’or de Jackie Chan, à savoir regarder tous ses films. Les souvenirs d’antan l’ayant emporté, me voilà donc ici en train de vous parler de ce désastre qu’est Kung Fu Yoga, à ne pas confondre avec le kung fu bis de 1979 sorti chez nous sous le même nom et qui, lui, avait au moins le mérite d’être très divertissant.
Écrasant littéralement tout sur son passage au box office chinois, Kung Fu Yoga va jouer à fond la carte du film d’aventure, un peu à la manière d’un Indiana Jones, avec un côté familial extrêmement prononcé. Peut-être un peu trop. Sans doute un peu trop… Et c’est là le premier de ses problèmes. Du haut de mes 36 et quelques années, suis-je encore la cible d’un tel film avec ses gags qui amuseraient des enfants de 6/8 ans maximum ? On pourrait se dire que non. Mais pourtant quand on y réfléchit bien, Kung Fu Yoga suit à peu près la même recette et le même schéma qu’un des films les plus connus de Jackie Chan, à savoir Operation Condor (1991) : des personnages clichés et stéréotypés, des décors exotiques, une histoire de trésor caché, un mélange action / humour bon enfant,… Mais avec cette désagréable impression que la recette ne prend plus. Car ça fait bien moins naturel, bien plus forcé, bien moins spontané. C’est cette fraicheur qu’on a perdu chez Jackie Chan, qu’on ne retrouve plus depuis presque vingt ans à quelques exceptions près (Little Big Soldier par exemple). La faute aussi peut-être à des budgets de plus en plus colossaux (presque 70M$US ici) imposant à ceux qui s’aventureraient sur le chemin du film semi cartoonesque avec Jackie Chan à rendre une copie un peu trop aseptisée car ayant pour objectif principal non pas celui d’être un bon film, mais celui d’être un film rentable.
Dès les premières minutes, il était facile de voir que le moment n’allait pas être des plus convaincants, avec cette scène de bataille entièrement en images de synthèse nous montrant, si ce n’était pas déjà acquis, que la Chine a encore des progrès à faire en la matière. L’impression de se trouver devant la cinématique d’un jeu vieux de dix ans plane à chaque seconde et nous interroge sur pourquoi les producteurs ne font pas appel à des spécialistes du jeu vidéo pour ce genre de scènes. Le reste du film sera d’ailleurs ponctué de piqures de rappel en termes de SFX foireux, avec une mention spéciale pour les différents animaux (le lion dans la voiture, les hyènes dans l’arène,…), qui ne dénoteront que peu avec le ridicule de certaines situations que nous présente Kung Fu Yoga. Vous voulez voir une bataille de boule de neige contre des loups mal faits en images de synthèse ? Une scène d’apnée sous-marine parmi les plus kitchs qui soient ? Une course poursuite over the top façon cinéma de Bollywood mais sans l’essence même de la chose, avec des Lamborghini, des Ferraris, des Hummer, des Viper, des Lotus, et un Jackie Chan coincé dans sa voiture avec un lion en synthèse dégueulasse ? Et puis, comme pour bien vous piétiner alors qu’il vous a déjà bien mis à terre à vous vomir du pseudo exotisme à la gueule, le film se termine par une chanson / danse « bollywood style » parce que, il est bon de le rappeler, l’Inde a elle aussi balancé du pognon dans ce naufrage. Ce fût trop pour mon pauvre petit cerveau qui s’est sincèrement posé la question de la touche stop de la télécommande sans attendre le générique de fin après avoir saigné des yeux et des oreilles. Surtout que l’habituel bêtisier des films de Jackie Chan n’est même pas présent !
Dommage, car la mise en scène tenait correctement la route, Stanley Tong semblant savoir ce qu’il faisait, nous présentant des paysages absolument magnifiques, et mettant même en scène quelques combats aux chorégraphies sympathiques malgré un Jackie Chan de plus en plus pataud et vieillissant. Même si, avouons-le, les meilleurs combats ne sont pas ceux impliquant ce dernier…
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Quelques fights sympas | ⊗ L’humour ⊗ Les effets spéciaux ⊗ Dépaysement raté ⊗ Le ridicule de certaines scènes |
 |
|
| Kung Fu Yoga, c’est un peu comme si Operation Condor avait été remis au gout du jour, en plus friqué, beaucoup plus friqué. Mais en moins bien, beaucoup moins bien. Beaucoup beaucoup moins bien… | |
Titre : Kung Fu Yoga
Année : 2017
Durée : 1h47
Origine : Chine / Inde
Genre : : Hindiana Jones
Réalisateur : Stanley Tong
Scénario : Stanley Tong
Acteurs : Jackie Chan, Disha Patani, Sonu Sood, Amyra Dastur, Eric Tsang, Miya Muqi, Yixing Zhang, Aarif Rahman, Damian Mavis, Tomer Oz, Fatih Ugurlu
