Hao possède depuis tout jeune un étrange pouvoir, la rétrocognition, qui lui permet, avec l’aide d’objet, d’explorer le passé depuis le regard de quelqu’un présent sur les lieux, sans pouvoir toutefois influencer ce passé. A la demande de parents inquiets, il sauve Sari, une étudiante qui avait disparue depuis quelques jours, enfermée au fond d’un puit, probablement emmenée là par un Pocong Gundul, une créature qui est loin d’avoir dit son dernier mot…
Avis de Rick :
Malgré une filmographie de presque 30 films (et de plusieurs en préparation), je ne connaissais pas le cinéma de Awi Suryadi. Déjà car le cinéma Indonésien n’est pas toujours facile à trouver, et que l’on prend donc en toute logique ce qu’on a la chance de trouver. Kisah Tanah Jawa Pocong Gundul m’a attiré. Déjà, je savais un poil à quoi m’attendre avec un titre contenant le mot Pocong, puisqu’à force, on commence à les connaître. Et ensuite car même si ça ne veut pas dire grand-chose, le film a plutôt bonne réputation, et se tape même un 6,8/10 sur Imdb, ce qui paraît peu, mais qui reste, pour un film Indonésien visible hors de son pays, une excellente note. Car le fantastique Indonésien, c’est souvent quitte ou double, et le non connaisseur n’hésitera jamais une seule seconde pour descendre un film (pour de bonnes ou mauvaises raisons). Du coup oui, en avoisinant le 7/10, ça sentait plutôt bon. Et ce fut le cas. Sans rien renouveler au genre, le métrage (au titre à rallonge) se fait efficace, prenant, et très solidement filmé. De quoi satisfaire l’amateur du genre. Après un court prologue, le métrage nous plonge dans l’action en nous présentant son personnage principal, Hao, qui a la capacité d’explorer le passé, le plus souvent avec l’aide d’un objet ayant un lien avec le dit passé. Une capacité qu’il présente d’entrée de jeu à des étudiants universitaires, et donc par la même occasion, aux spectateurs, appelée rétrocognition. Et on va rapidement lui demander de l’aide à ce brave Hao, car des parents inquiets de la disparition de leur enfant vont se tourner vers lui, même si le père ne croit en rien à tout ça. Un peu comme moi dans le fond, terre-à-terre jusqu’à ce qu’on me montre une preuve. Bien entendu, dans le cas du métrage, tout est réel, tout fonctionne, et heureusement sinon il n’y aurait pas de film, et aucun intérêt.
En sauvant la jeune Sari, Hao va plonger dans une intrigue qui, au départ, ne le regarde pas. Une histoire qui, bien entendu, a un lien avec le passé de l’école, et va donc amener une petite enquête tout ce qu’il y a de plus classique dans le genre, et dont les grandes lignes sont assez prévisibles, puisqu’il y est question d’esprit diabolique, de malédiction, et de magie noire. La routine dans le cinéma horrifique Indonésien. Heureusement, tout ce que le métrage propose, il le fait bien la plupart du temps, et il le fait sérieusement, sans en faire des caisses, et sans aller dans une horreur trop frontale. Les quelques scènes par exemple où Hao utilise la rétrocognition sont plutôt bien fichues, et le réalisateur s’en donne à cœur joie pour jouer sur les reflets, sur le point de vue du personnage, et donc pour varier sa mise en scène et inclure quelques moments en vue subjective qui fonctionnent très bien. Bien entendu, on n’échappera pas à quelques jumpscares, mais ils sont plutôt rares dans l’ensemble, le film préférant se reposer sur son ambiance, qui est en soit réussie, et un de ses atouts. On pourra toujours dire qu’il n’y a en effet rien de vraiment nouveau, ou que le film manque très certainement de vrais moments marquants ou chocs, et c’est vrai, mais rien qui n’en fasse un mauvais film. Ce qui est plus décevant, c’est que passé le point de départ et la découverte de Sari, Hao n’utilisera alors son pouvoir de rétrocognition que lors du final du métrage, mettant alors la particularité du métrage au placard la majeure partie du temps. Alors que cette capacité aurait justement pu donner au métrage un côté différent des autres productions du genre en Indonésie.
Dans les petits défauts, on pourra aussi citer Rida, jouant la petite amie faisant également office d’agent de notre héros, et qui… est là, de temps en temps, lorsque le script a besoin d’elle, mais sinon, n’a pas de réelle grosse importance la majeure partie du temps, ni de vrai développement. Elle apparaît juste quand on a réellement besoin d’elle. Dommage. Car à côté, encore une fois, le film possède une ambiance travaillée, se fait très plaisant à suivre malgré son manque de surprise, et bénéficie d’une mise en scène fluide, et de bons acteurs en général, notamment Deva Mahenra dans le rôle principal. Quant à l’esprit principal du métrage, le fameux Pocong Gundul, il est évidemment peu présent, mais plutôt réussi, dans son design, et pour ses rares réelles apparitions. Pour le reste, le film alterne entre effets pratiques et CGI, pas toujours très réalistes d’ailleurs, mais pas non plus horribles (enfin, si dans le sens horrifique, mais pas horrible en qualité). Tout cela fait du métrage un très honnête divertissement, et d’après quelques connaisseurs, l’un des métrages les plus réussis du réalisateur. Bonne pioche donc, même si accidentelle. A noter d’ailleurs que le film adapte un roman, et que le romancier en question aurait une chaîne youtube où il parlerait d’événements réels en rapport avec la rétrocognition. Possible donc que le personnage de Hao revienne dans d’autres métrages dans le même univers à l’avenir.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un métrage soigné ♥ Un point de départ qui change ♥ Quelques belles idées visuelles ♥ Un récit classique qui se suit très bien ♥ Des moments efficaces |
⊗ Mais le point de départ reste trop peu exploité ⊗ Des personnages parfois trop en retrait |
Kisah Tanah Jawa Pocong Gundul, malgré son point de départ attrayant et offrant de belles scènes, reste très classique dans son genre, mais malgré tout rondement mené pour intéresser et plaire à l’amateur. On passe un bon moment devant l’aventure proposée. |
Titre : Kisah Tanah Jawa Pocong Gundul
Année : 2023
Durée : 1h47
Origine : Indonésie
Genre : Fantastique
Réalisation : Awi Suryadi
Scénario : Agasyah Karim, Khalid Kashogi et Awi Suryadi
Avec : Deva Mahenra, Della Dartyan, Iwa K., Muhammad Abe Baasyin, Joanna Dyah, Nayla D. Purnama, Pritt Timothy, Diajeng Shinta et Anissa Hertami
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