[Film] Kingdom, de Shinsuke Satô (2019)


A la fin du troisième siècle avant Jésus Christ, deux jeunes esclaves grandissent dans une ferme avec le rêve de devenir de grands généraux et de s’extirper de leur situation. Tous les jours les deux garçons s’entrainent ardument à l’épée afin d’arriver à leur fin, jusqu’au jour où l’un d’entre eux est recruté par un ministre de l’empereur. Peu de temps après, un coup d’état éclate et l’empereur est renversé par son jeune frère. Les deux jeunes hommes vont se retrouver plongés au cœur d’une guerre entre les deux frères aspirant au trône.


Avis de Nasserjones :
Kingdom est l’adaptation d’une série animée, elle-même adaptée d’un manga. Ne connaissant pas le manga et n’ayant regardé que les premiers épisodes de l’animé pour me faire une idée, je ne m’amuserai pas à juger de la fidélité du film envers l’œuvre d’origine. Une chose est sure, la qualité des adaptations manga au cinéma est nettement à la hausse depuis quelques années au Japon. La saga Kenshin ayant montré la voie, j’ai trouvé pas mal d’adaptations live comme Blade of the Immortal ou Bleach forts sympathiques ces dernières années. Ce qui n’était pas vraiment le cas au début des années 2000 où ces adaptations étaient souvent très médiocres (Death Note, Azumi, Casshern, Zebraman et d’autres étaient quand même bien nuls). Je trouve en règle générale que depuis quelques années, il y a une véritable résurrection du cinéma d’action japonais et ce Kingdom vient confirmer mon ressenti.

Alors même si on est devant un film japonais, on peut classer ce film dans la catégorie wu xia. Déjà, Kingdom se passe en Chine antique et surtout le style du film est dans la lignée des néo wu xia hongkongais du début des années 2000 qui avaient pullulé pendant quelques temps suite aux succès de Seven swords et des Trois Royaumes. En comparaison à toute cette vague de films, il faut l’avouer, Kingdom ne tire pas vraiment son épingle du jeu. Certes, la photographie est soignée, les costumes et les décors sont sympathiques et la bande-son suffisamment épique pour booster les scènes de combat mais rien que l’on n’ait pas déjà vu 10 fois du côté de Hong Kong entre 2004 et 2017 avec Warlords, Three Kingdoms Ressurection of the Dragon, Dragon Blade, Saving General Yang ou le plus récent God of War de Gordon Chan. Les combats aussi sont en dessous de ce qu’ont pu proposer les hongkongais dans le genre. Ils sont quand même funs, assez énergiques, avec une bonne utilisation des câbles, mais rien de bien extraordinaire, on est loin du savoir-faire de Kenji Tanigaki.

Néanmoins, Kingdom s’avère être un film plaisant où les plus de deux heures de métrage passent comme une lettre à la poste. En fait, le style du film est proche des wu xia hongkongais post année 2000 mais en gardant quand même un style manga avec plein de personnages hauts en couleur et d’éléments surnaturels comme un tueur avec une tête de mutant, un ogre de 3 mètres de haut ou une armée de guerriers venus des montagnes avec des looks à la Mad Max. On retrouve d’ailleurs dans Kingdom un peu tous les clichés du manga : un héros bourru qui passe son temps à crier « je vais te tuer, je vais d’étriper et bla bla » et qui ne sait que s’exprimer en hurlant et un autre plus posé et intelligent au look androgyne. On croirait d’ailleurs revoir un peu le duo Guts/Griffith de Berserk. Certainement pas un hasard d’ailleurs puisque Berserk reste à ce jour la référence ultime d’heroic fantasy à la japonaise et que Kingdom s’inscrit un peu dans cette tendance heroic fantasy (beaucoup moins dark bien sûr). Si dans Berserk, Griffith était le chef ambitieux déterminé à devenir noble et Guts le guerrier kamikaze obéissant aveuglement aux ordres de son commandant, ici le chef ambitieux c’est l’empereur Zheng déterminé à reprendre le pouvoir et même à unifier la Chine, et Xin le fidèle guerrier. La comparaison ne joue peut-être pas en faveur de Kingdom, ne serait que dans le charisme des personnages, mais c’est une œuvre beaucoup plus grand public que Berserk qu’il serait sans doute très compliqué d’adapter au cinéma. Oui Xin et Zheng n’ont pas une once de la classe qu’avaient Guts et Griffith. D’ailleurs existe-t-il un héros plus charismatique que Guts ? Avec son physique de bodybuilder, sa longue cape et son épée de deux mètres de long, ça demande réflexion. Peu importe, le réalisateur Shinsuke Sato a quand même réussi à mettre en scène une histoire agréable à suivre et à mettre en place des héros quand même attachants dont on a envie de connaître la fin de l’épopée. Et encore plus quand on n’a pas lu les mangas ou regardé la série animée comme moi et qu’on ne connait pas la fin de l’histoire. La vérité, c’est qu’à la fin de cette première partie, j’étais déjà impatient de regarder la deuxième partie sortie en 2022. Au rayon des bons points, soulignons aussi la présence de la légende du cinéma d’action japonais Tak « Versus » Sakaguchi dans le rôle d’un tueur implacable, qu’on a toujours plaisir à retrouver.

LES PLUS LES MOINS
♥ Rythmé
♥ Pas mal d’action
♥ Fun
♥ Univers plaisant
♥ Bien réalisé
⊗ Sans surprises
⊗ Chorégraphies des combats correctes mais sans plus
⊗ Personnages amusants mais caricaturaux

Sans être du niveau de Kenshin et de ses suites, Kingdom est tout de même un bon manga live, un heroic fantasy fun, bourré d’action et épique avec une galerie de personnages attachants et hauts en couleurs. Vivement la suite des aventures du guerrier Xin et de l’empereur Zheng qui rêvait d’unifier la Chine.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le réalisateur Shinsuke Sato est devenu en l’espace de 20 ans le grand spécialiste au Japon des adaptations live de manga à gros budget avec entre autre les films Gantz, la minisérie Death Note : New generation et Death note Light up the new world, Inuyashiki ou Bleach.



Titre : Kingdom / キングダム
Année : 2019
Durée : 2h14
Origine : Japon
Genre : Adaptation manga / Wu Xia / Heroic Fantasy
Réalisateur : Shinsuke Satô
Scénario : Shinsuke Sato, Tsutomu Kuroiwa, Yasuhisa Hara

Acteurs : Kento Yamazaki, Ryô Yoshizawa, Kanna Hashimoto, Masami Nagasawa, Kanata Honhô, Shinnosuke Mitsushima, Masahiro Takashima, Takao Ôsawa

 Kingdom (2019) on IMDb


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Auteur : Nasserjones

Fan névrosé de cinéma HK, élevé aux girls with guns et heroic bloodsheed, j'essaye depuis quelques années de me soigner comme je peux en m'ouvrant un peu plus à des films plus intimistes et différents. Des Philippines au Kazakhstan, de la Corée à l'Indonésie, je poursuis tant bien que mal mon auto-thérapie.
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