Dans le royaume imaginaire d’Ehb, théâtre d’une guerre sans merci que se livrent le roi Konreid et son ennemi, le diabolique Gallian, l’héroïque Farmer, voué à être prince, se lance à la recherche de Solana, sa femme kidnappée, et tente de venger la mort de son fils, tué par des monstres appelés Krugs.
Avis d’un pauvre spectateur :
Ah Uwe Boll, une grande histoire d’amour, et surtout une grande histoire de haine ! Comment un tel tâcheron parvient à continuer de tourner alors qu’il enchaîne les mauvais films ? Qui sont souvent au-delà du mauvais ? Oui, House of the Dead encore, c’était juste mauvais mais souvent bien rigolo, avec sa grosse scène d’action nawak et sa réplique culte – Pourquoi veux tu être immortel ? – Pour être toujours vivant ! Bravo scénariste, bravo ! Mais au delà de House of the Dead, on a Alone in The Dark, un film avec pleins de militaires qui sont un peu trop éclairés. Seul quoi, et dans le noir… Puis il y a Bloodrayne, avec Michael « file moi le whisky » Madsen, le pauvre Ben Kingsley en vampire, Kristanna Loken qui nous offre un superbe plan nichons, et puis voilà. In the Name of the King, renommé King Rising en France, c’est la même chose. Peut-être même en pire. Pour vous en parler, nous allons laisser la parole à Farmer, joué par Jason Statham. Farmer donc, si vous ne comprenez pas (car le film est intelligent et intellectuel), c’est un fermier… Il a une femme qui joue mal, un gamin qui crève au bout de 15 minutes mais on le sent venir mais attention Uwe Boll maintient le suspense, puis il déracine de gros radis, ou un truc du genre car je suis pas jardinier j’y connais rien, et il a Ron Perlman comme ami qui promène son cochon en le tenant en laisse…
Nous avons donc rencontré Farmer, ce brave fermier !
« J’ai été contacté par les producteurs, ils me disaient que j’étais doué en jardinage, mais que j’avais un sosie plutôt doué dans les coups de tatanes, et en plus, il se tapait souvent l’héroïne. Donc là tac tac, j’ai pris mon sabre en plastique acheté à Disneyland pour leur faire une démonstration, ils ont été bluffés. D’ailleurs mon sabre en plastique, ils me l’ont acheté 15 centimes, c’est resté mon sabre dans le film ! Du coup moi j’ai signé le contrat, j’ai une femme à nourrir, ainsi qu’un enfant ! Puis ils m’ont envoyé le scénario, et là ça n’allait plus. Ça faisait 180 pages, mais en le lisant, on avait bien l’impression de lire l’intégrale de la Tour Sombre de Stephen King tellement c’était chiant et long. J’ai voulu me retirer du projet, et c’est là que j’ai su que le réalisateur c’était Uwe Boll. Il m’a dit que si je voulais partir, il m’affronterait sur le ring, et que le film deviendrait un snuff et qu’il tuerait vraiment ma femme et mon gosse. Du coup, j’ai du faire le fermier à l’écran, me battre contre pleins de trucs moches, dire des phrases de merde, Ce qui m’a rassuré, c’est que les autres avaient l’air aussi contents que moi d’être là ! »
Face à de tels propos, nous sommes allés parler à son meilleur ami, j’ai nommé Norick, un bouseux du coin joué par Ron Perlman, se baladant toujours avec son cochon donc.
« J’avais un trou dans mon agenda, Guillermo Del Toro me disait que la production de Hellboy 2 était retardée, donc j’étais retourné chez moi à la campagne pour m’occuper de Babe, mon cochon ! Le réalisateur a débarqué sur son cheval noir, on aurait dit un seigneur Sith. C’est comme ça qu’ils s’appellent dans Le Seigneur des Anneaux non ? Enfin voilà, il est descendu, il m’a dit que j’étais l’élu, que j’étais le Sam de son Frodon, le Han Solo de son Luke, et il m’a tendu le scénario. J’avais besoin d’acheter de l’engrais pour ma ferme, alors j’ai accepté, mais j’ai voulu signer une clause spéciale, pour que mon personnage meure dans la première demi-heure voyez ! Ce con, il m’a fait survivre à l’attaque du village, j’ai du me taper la scène ridicule de la corde ! C’était un accident en plus, le figurant qui devait me tuer avait une gastro et n’avait pas pu venir ce jour là… »
Bon, trêve de plaisanterie, j’en avais donc marre de voir des bons films, et j’avais King Rising qui traînait. En fait, je l’ai depuis sa sortie, mais après Alone in the Dark et Bloodrayne, j’avais en quelque sorte voulu arrêter de me faire du mal. Uwe Boll était un tâcheron irrécupérable, même si oui, House of the Dead et Postal, ça m’a parfois fait rire. Mais est-ce que c’était bon ? Absolument pas ! King Rising se traînait également une bien mauvaise réputation, en plus de durer plus de 2h. Uwe Boll avait même annoncé que le premier montage faisait 3h. Heureusement qu’il a coupé des scènes, car techniquement là, le film semble déjà en durer 5 ou 6, c’est vous dire l’ampleur des dégâts. Et le plus impressionnant devant tout ça, devant ce carnage, devant cette incompétence, c’est qu’on ne comprend pas. Oui, comment Uwe Boll a-t-il eu 60 millions pour filmer ça ? Comment s’est-il retrouvé avec un aussi grand et prestigieux casting ? Il a torturé leur famille ? Menacé de mort leurs parents ? Violé leur femme ? Je ne sais pas, ou alors il a sorti les gants de boxe, il a l’air d’aimer ça… Non parce que franchement, son King Rising, c’est une catastrophe ambulante de 2h10. Un film qui sent pas bon dés l’ouverture. Comme toujours avec Boll, pas de bol…
La catastrophe est telle que je ne sais pas par où commencer… Les acteurs peut-être ? Alors, le casting, il est grand, il est beau, il brille, il est doux ! Yes, tout ça, sauf que chez Boll, même le meilleur acteur du monde il joue mal. Le verdict ici ? Ça joue mal. Pourtant, il y en a des noms, il y en a des acteurs d’horizons divers ! Premier rôle, paf, Jason Statham, l’acteur charismatique que les femmes aiment, et qui aime frapper avant de parler. Ouais, Le Transporteur, Fast and Furious 7, Homefront, Expendables, Snatch et j’en passe. Pas du grand cinéma, mais pour se détendre, parfait. Mais là non, il nous sort le même jeu que d’habitude, serre les dents, puis fait le minimum. Même niveau action mais ça, on y reviendra, c’est pas totalement sa faute. Son meilleur ami donc, tiens on prend Ron Perlman. Bon faut pas lui en demander trop, en fait, il a l’air de s’en foutre, mais il a raison. Quand on le découvre promenant son cochon, franchement, on a honte pour lui. Ses bastons, bon ben il est pas cascadeur, faut pas lui en demander trop non plus. Bon jetons un œil aux autres.
Tiens, Burt Reynolds dans le rôle du roi. Arf mon dieu, mais c’est quoi cette gueule qu’il tire tout le long du film ? Et cette mort ah mon dieu mais achevez le une bonne fois pour toute ! Je suis sûr que Boll l’a menacé, pas possible autrement ! Tiens y a une espèce de princesse. Oh Leelee Sobieski. Expliquez moi comment elle peut passer de sa première apparition chez Kubrick avec Eyes Wide Shut à sa participation à Une Virée en Enfer pour John Dahl à ça ? Putain la princesse qui fait ses grands yeux et roule des pelles à Ray Liotta non mais non ! Ah ben justement, Ray Liotta ! Vous savez, les Affranchis, Scorsese quoi merde ! Même dans Obsession Fatale contre Kurt Russel je le trouvais cool ! Ben là, attendez, vous allez rire, il joue le méchant… C’est triste je sais. Donc méchant, donc il cabotine, hausse les sourcils, est entouré de CGI dégueu, mais ça aussi on y reviendra plus tard. Complétons rapidement le casting en parlant de la présence de John « je paye mes impôts » Rhys-Davies, de Kristanna « là mes seins tu les as déjà filmé Boll » Loken ou encore de Tania Saulnier. Elle, ça me chagrine un peu de la voir là, elle était ultra charmante et charismatique à l’écran dans Horribilis de James Gunn. Mais bon, là on est chez Boll…
Bon le casting, check, passons au reste. Rah trop de choses à dire. Bon les CGI. Boll aurait viré la première équipe pour sous traiter avec des personnes moins douées mais qui coûtent moins cher. Ben écoute monsieur Boll, quand tu as un film avec plus de 1000 effets numériques dedans, désolé, mais tes coupes budgétaires, tu les fais ailleurs, car là… non mais non ! Même les effets spéciaux de maquillage quoi ils sont ignobles, voyez la gueule des orcs. Enfin des Krugs me dit le synopsis sur Wikipédia ! Putain, même leur nom il est à chier, c’est mieux le film Krull (oui, j’aime les années 80). Le scénario ? Prenez un peu tout ce qui se fait dans l’héroic fantasy, avec une famille tuée (enfin juste l’enfant, Uwe Boll aime les enfants, la femme il faut la sauver), un fermier qui veut se venger, une guerre entre un roi très gentil et un sorcier très très méchant, et bingo, vous avez un scénar pour un film de plus de 2h. Non et puis merde, c’est censé adapter un jeu encore ? J’espère qu’il est plus passionnant que le film, et mieux écrit. Car appeler un fermier Farmer, j’appelle pas ça du génie ou de la subversion, mais du grattage de couille !
Donc bon ça donne aaaah attaque guerre vengeance trahison roi mort bataille tout ça. C’est nul et un peu chiant quoi. Mais parfois parsemé de moments cons. En traversant la forêt, fermier et ses amis tombent sur le peuple de la forêt (Kristanna Loken, habillée) qui descend des branches de manière tellement naturelle qu’on ne ressent pas les câbles… On a Ray Liotta qui quand il est menaçant, il bouge ses sourcils ! On a le roi qui est empoissonné et il est tellement fort ce roi que tout le monde autour de lui ressent sa douleur et accourt vers le château (en CGI). On a Ron Perlman qui en mettant un casque se fait passer pour un orc en poussant des cris de singe… Mais le pire, c’est qu’ici, Uwe Boll veut mettre de l’émotion dans son film, nous offrant donc par la même occasion les pires moments, mais également les plus hilarants. Il faut dire, à la décharge des acteurs, qu’ils ne sont absolument pas aidés par les dialogues insipides. Un exemple ?
– Tu apparais toujours de nulle part !
– Je ne viens jamais de nulle part, mais toujours de quelque part !
À méditer les enfants !
J’ai parlé de tout là non ? Ah ben non, la mise en scène… j’ai gardé le meilleur pour la fin ! Boll, qu’avons nous fait, nous, pauvres spectateurs pour mériter ça ? Tu ne nous aimes pas ? Tu ne veux pas me donner tes 60 millions ? J’ai pleins de projets qui attendent des financements et je serais très heureux de tenter de faire du bon boulot. J’aurais bien dit de faire mieux mais là ça coule de source ! Donc là on a des gros plans, des plans moches, une photo moche, et les combats mais Doux Jesus ! Boll, tu ne peux pas utiliser toujours le même plan pour tous les combats ! Cadrer de travers en plan large pour la mort d’un ennemi, c’est cool la première fois, mais quand tu as Jason Statham et que tu sais qu’il va défourailler tout le monde, ben, ça ne fonctionne pas ! Honnêtement hein. Tu voulais peut-être bien faire, mais là c’est pas possible je te jure ! Jette un coup d’œil chez, je sais pas, Jackie Chan, dans The Raid, tout ça. Tu verras comment l’action ça se filme. Si tu veux rester dans le cinéma Américain, regarde les bons films de Jason Statham et inspire toi de ça, ou même la baston de 10 minutes dans Invasion Los Angeles, c’est pas hyper sophistiqué mais vachement fun ! Et là, je me rappelle qu’il y a le pire du pire dans le film, à savoir, la musique ! Pendant 2h10, vos oreilles vont saigner et vous allez avoir envie d’être sourd. Je dis toujours que la musique est importante, j’y suis très sensible au cinéma, j’y prête beaucoup attention. Mais là, soit ça en fait trop, soit c’est risible, soit ça ne convient absolument pas. Donc non, je sais qu’ils sont deux à la musique, imdb me l’a dit, je sais que Jessica de Rooij a toujours composée pour toi, mais soit tu la vires, soit tu lui donnes des directions, car là perso, je préfère encore écouter des genres musicaux que je déteste.
Bref, j’ai vu un Uwe Boll…
Titre : King Rising – In The Name of the King : A Dungeon Siege Tale
Année : 2007
Durée : 2h08
Origine : U.S.A / Allemagne / Canada
Genre : Uwe Boll
Réalisation : Uwe Boll
Scénario : Doug Taylor
Avec : Jason Statham, Leelee Sobieski, John Rhys-Davies, Ron Perlman, Claire Forlani, Kritanna Loken, Ray Liotta, Brian White, Burt Reynolds et Tania Saulnier