[Film] Kimi, de Steven Soderbergh (2022)

Angela Childs examine les flux de données du serveur à commande vocale KIMI. En pleine pandémie, bien que les restrictions aient été assouplies, elle souffre d’agoraphobie et suit une routine stricte, flirtant – entre autres – avec son voisin et communiquant avec sa mère, son dentiste et son thérapeute par chat vidéo, en sécurité dans son appartement de Seattle. Mais tout bascule quand elle entend quelque chose de terrifiant dans l’un des flux, et que le signalement d’un crime par mail est jugé trop risqué. Angela ne s’est pas aventurée à l’extérieur depuis le début de la pandémie, alors le simple fait d’aller au bureau est un énorme défi pour elle.


Avis de Rick :
Steven Soderbergh est un réalisateur que j’apprécie énormément, et ce depuis son premier film, Sexe Mensonges et Vidéo. Il y a bien quelques métrages que je n’apprécie guère dans sa filmographie, comme son film quasi expérimental Full Frontal, mais en général, j’adhère énormément, autant lorsqu’il signe des tout petits films comme Bubble ou Girlfriend Experience que lorsqu’il se lance dans des films avec de grosses stars au casting avec les Ocean’s. Car Soderbergh maîtrise parfaitement ses métrages, en signant la mise en scène certes, mais aussi très souvent le montage et la photographie, sous pseudonyme. Et Soderbergh s’est finalement beaucoup illustré dans le thriller, surtout ces dernières années, avec des films comme Effets Secondaires ou Unsane (Paranoïa). Mais depuis peu, les films de Soderbergh semblent se faire plus discrets. Enfin, je le pensais, jusqu’à ce que je comprenne que cela fait plusieurs films que les métrages signés Soderbergh sortent toujours, mais par la petite porte des plateformes de streaming le plus souvent. Enfer et damnation ! C’est donc une fois les pendules remises à l’heure que j’ai pu me plonger dans ce métrage, Kimi, vendu comme un thriller se déroulant durant une certaine pandémie, sur un scénario signé David Koepp. Pourquoi pas, puisque si l’homme ne parvient plus à convaincre en tant que réalisateur (son dernier métrage, You Should Have Left, n’était qu’une production Blumhouse fade et peu intéressante), ni en tant que scénariste sur des gros films (La Momie avec Tom Cruise, Anges & Démons, Inferno, c’était lui au scénario), le voir revenir au thriller intimiste avec un réalisateur comme Soderbergh, cela redonnait soudain espoir, puisque David Koepp, c’est également les scénarios de Panic Room pour Fincher, Mission Impossible, Snake Eyes et L’Impasse pour De Palma, Jurassic Park 1 et 2 pour Spielberg ou encore La Mort Vous Va Si Bien pour Zemeckis.

Et j’ai eu raison de lui donner le bénéfice du doute, même si ce doute était surtout pour Soderbergh, car Kimi est un thriller certes très simple, voir minimaliste, qui va à l’essentiel, ne s’emmerde jamais avec le gras de son intrigue pour ne durer que 1h27, mais ironiquement, c’est également ça qui en fait une de ses plus grandes forces. Kimi ne veut pas se faire plus malin qu’il ne l’est, ne veut pas multiplier les fausses pistes, ni manipuler le spectateur en le prenant légèrement pour un con, non, Kimi déballe son intrigue simple et va à l’essentiel, se déroulant majoritairement dans un appartement, et avec une poignée de personnages seulement, dont Angela, Zoë Kravitz à l’écran, présente 98% du temps. Et donc jouant pour beaucoup dans la réussite du métrage. Ce qui est sûr, c’est que Kimi, dans le fond, est un film de son époque. Si je vous dis technologie, complot d’entreprise, respect de la vie privée, le tout dans un contexte so 2020 qu’une méchante bactérie est incluse dans le récit, le doute n’est pas permis. Angela travaille de chez elle, elle souffre d’agoraphobie qui s’est d’ailleurs déchainée suite aux événements réels de 2020 (ce qui met en avant un point rarement exploité, à savoir l’augmentation des symptômes chez certaines personnes lors de ces événements), et travaille notamment sur Kimi, un petit bidule qui n’est pas sans rappeler une certaine machine qui fut vendue par Amazon et qui obéit à notre voix et peut donc faire quelques tâches informatiques comme lancer de la musique, aller sur des sites… Bref, une machine connectée qui nous obéit. Et enregistre les requêtes afin d’aider les techniciens à améliorer la machine. Angela fait ce travail de l’ombre, écoutant les requêtes pour faire évoluer le système. Et un beau jour, le message qu’elle entend, camouflé par une musique assourdissante, est la preuve qu’un crime a eu lieu. Elle va en informer donc sa société, et la suite, on peut s’en douter dés que l’on a vu au moins un thriller dans notre vie.

Kimi ne brille pas par son originalité, mais il brille par tout le reste. Zoë Kravitz est parfaite et très crédible à l’écran déjà. La mise en scène de Soderbergh tente beaucoup de choses et on sent le réalisateur impliqué et réellement passionné par ce presque huis clos. Si l’on ajoute déjà par-dessus tout ça la musique de Cliff Martinez, on a une forme déjà plus que convaincante. Dans le fond, si l’intrigue n’est pas franchement originale ou surprenante, Soderbergh et Koepp savent ce qu’ils font, et contrebalancent ce manque de surprise par une efficacité redoutable, un contexte actuel et pas inintéressant pour donner de la chair au récit, et une durée ultra resserrée qui ne laisse donc aucune place à l’ennui, ni au doute. Kimi, même s’il prend clairement son temps dans la première partie, sait où il va, et ne prend aucun détour. La caméra de Soderbergh est toujours placée où il faut, et il filme frontalement ce qui doit l’être, joue avec le médium avec l’utilisation du son (comme ce fut le cas par exemple chez De Palma avec Blow Out), et se lâche quelque peu dans un final aussi express que prenant, à la tension palpable. En réalité, Kimi, en plus d’être un très solide thriller à tout point de vue, parvient également à remettre sur le devant de la scène un élément bien trop rare de nos jours : la simplicité du propos et de son intrigue. Car pas besoin de twists et de fausses pistes en pagaille ni d’une durée gonflée de 2h30 pour rien pour livrer un thriller efficace, parfois, un seul lieu, une poignée de personnages et une narration fluide et directe suffit à tenir en haleine pendant 1h27, et c’est tout ce qu’il faut. Kimi fait du bien, même s’il fait office d’exception en 2022.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un film simple, direct et prenant
♥ La mise en scène ultra carrée et efficace de Soderbergh
♥ Zoë Kravitz, très convaincante
♥ 1h27, et ça suffit clairement
⊗ Mais rien de nouveau ou d’original dans son intrigue
note2
Kimi est un thriller simple, minimaliste même, peut-être un peu simpliste sur certains aspects ou dans son intrigue, mais ultra efficace et carrée, et c’est suffisant.


Titre : Kimi
Année : 2022
Durée :
1h27
Origine :
Etats Unis
Genre :
Thriller
Réalisation :
Steven Soderbergh
Scénario :
David Koepp
Avec :
Zoë Kravitz, Byron Bowers, Rita Wilson, Erika Christensen, Derek DelGaudio, Sarai Koo, Jaime Camill, Devin Ratray et Betsy Brantley
Kimi (2022) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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