Alors qu’il avait bien juré qu’on ne l’y reprendrait plus, Alan Grant va repartir sur une île peuplée de dinosaures : le site secondaire imaginé par John Hammond, pour être plus précis. Et même s’il n’y a techniquement jamais mis les pieds, sa connaissance du milieu, de la faune et de l’haleine du Tyrannosaurus rex faisaient de lui le candidat idéal pour cette mission de sauvetage très spéciale…
Avis d’Oli :
JURASSIC PARK…souvenez-vous : après un premier film extrêmement réussi, aussi bien sur le fond que sur la forme, Steven (je l’appelle comme ça parce que je le connais depuis longtemps maintenant) avait commis l’irréparable avec un deuxième épisode aussi improbable qu’embarrassant – pour un type de sa trempe, j’entends. Alors certes on avait droit à notre lot de scènes euphorisantes (le camion suspendu à la falaise), au regretté Pete Postlethwaite dans un rôle intéressant et à des dinosaures qui chassaient des gens paumés en territoire hostile (ça fonctionne toujours). Mais nom d’une griffe de raptor : que tout cela était niais ! THE LOST WORLD a en effet pris un terrible coup de vieux (non il ne s’agit pas d’un coup de boule de John Hammond). Le film est un vrai condensé de grands moments de solitude pour n’importe quel spectateur normalement constitué. J’en veux pour preuve ces deux T-rex qui parviennent à s’infiltrer subrepticement dans un campement rempli de chasseurs professionnels (se faire backstaber par un T-rex c’est la honte quand même), ou bien évidemment le gigantesque numéro de gymnastique de la gamine sur les barres parallèles ! On frise le nanar là je crois…
Alors un troisième épisode…quelle galère ! Évidemment que Steven a dit non, un naufrage est suffisant, il n’est pas idiot le bonhomme. Du coup pourquoi ne pas pousser le copain de toujours Joe Johnston dans le piège à loup sur le devant de la scène ? L’intéressé n’est pas vraiment connu du très grand public : directeur artistique et spécialiste des effets spéciaux sur les grandes sagas STAR WARS et INDIANA JONES, il est aussi responsable de films comme le très bon CHÉRIE J’AI RÉTRÉCI LES GOSSES ou encore l’excellent JUMANJI. Et en plus le fou s’est porté volontaire ! Bref, au pire il se plante et ce n’est pas grave car il peut être sacrifié, au mieux il parvient à faire un bon film.
Et bien vous savez quoi ? Les producteurs se sont trompés : Joe Johnston n’a ni raté son essai, ni réalisé un bon film. Il en a fait un excellent ! Déjà, oubliez toutes les incohérences de THE LOST WORLD : ici tout se tient, et les personnages prennent des décisions relativement crédibles pour un film de ce genre-là. Rayez de votre esprit le groupe d’aventuriers ineptes du titre précédent : dans JURASSIC PARK III Joe Johnston réussit le tour de force de rendre la plupart de ses personnages attachants. Mieux, en seulement quelques tours de manivelle il parvient à introduire son film de façon magistrale – lorsque Grant vient rendre visite à son ex, Ellie. Une mise en bouche parfaitement maitrisée qui trouvera un écho merveilleux à la toute fin du film, avec cet appel téléphonique désespéré de Grant à l’autre bout du monde. A qui ? A celle qui aurait dû être la femme de sa vie. Mince alors, ce JURASSIC PARK III en deviendrait presque touchant !
Et ces clins d’œil savoureux, ne sont-ils pas délectables ? Grant qui accepte de repartir sur l’île aux dinosaures contre un gros chèque, ça ne vous rappelle pas la situation de Sam Neill, présent sur le tournage avant tout pour cachetonner ?! N’oublions pas non plus les références à Indiana Jones (oui JURASSIC PARK III aurait dû être le vrai INDY 4 !), ou encore à PETER PAN (si, si, cherchez bien), qui donnent au film de Joe Johnston un cachet unique.
Bon, c’est pas tout ça. Ok JURASSIC PARK III est un film franchement réussi sur le fond, doté de bons personnages et de centaines de bonnes idées. Mais ça bouge, au moins ? De ce côté-là, le spectateur en manque d’émotions fortes va en avoir pour son argent : JURASSIC PARK III est un vrai film d’aventures avec un grand A(aargh : encore un raptor !). Le rythme est soutenu, c’est tourné efficacement, et coté dinos c’est un tel festival que les deux premiers JURASSIC PARK passeraient presque pour des films destinés aux maisons de retraite (faut pas que ça aille trop vite – rapport aux cœurs fragiles). Mentions très spéciales au duel rêvé entre les deux plus grands prédateurs de l’histoire (Tyrannosaurus contre Spinosaurus, séparés par quelques dizaines de millions d’années dans la réalité) et à la longue séquence dans la volière, absolument magique, avec la superbe première apparition du ptéranodon et un énorme morceau de bravoure en point d’orgue – de barbarie ?
Titre : JURASSIC PARK III
Année : 2001
Durée : 1h32
Origine : USA
Genre : Dinosaures décomplexés
Réalisateur : Joe Johnston
Acteurs : Sam Neill, William H. Macy, Téa Leoni, Alessandro Nivola, Trevor Morgan, Michael Jeter, John Diehl, Bruce A. Young, Laura Dern, Taylor Nichols, Linda Park