[Film] Joker, de Todd Phillips (2019)


En 1981, à Gotham City. Arthur Fleck travaille dans une agence de clowns. Méprisé et incompris, il mène une vie en marge de la société et vit dans un immeuble miteux avec sa mère Penny. Un soir, il se fait agresser dans le métro par trois hommes, le poussant à les tuer en retour. Si son geste inspire une partie de la population, Arthur bascule lui peu à peu dans la folie pour devenir le Joker, un dangereux tueur psychotique.


Avis de Cherycok :
Joker, c’est le film dont tout le monde parle depuis sa sortie (le 9 octobre 2019 chez nous). C’est également le film sur lequel tout le monde s’accorde, amateurs comme professionnels du cinéma. Il est encensé de partout (à quelques exceptions près) et bat bon nombre de records au box-office (meilleur démarrage pour un film de super vilain par exemple). A la tête du projet, on retrouve Todd Phillips, réalisateur habitué aux comédies puisqu’on lui doit par exemple les 3 Very Bad Trip, Road Trip ou encore Date Limite, et qui avait envie de changer de style. Ce dernier trouve en effet « qu’il est de plus en plus difficile de faire des comédies aujourd’hui à Hollywood car l’industrie est plus sensible aux sujets de société, aux injustices et à l’oppression subie par les minorités ». Il a donc eu l’idée de prendre l’univers des comics et de lui tordre le cou, afin d‘en faire quelque chose d’irrévérencieux. Joker est né, et c’est le jackpot.

C’est en aout 2017 que le film Joker fait son apparition. C’est en effet là que Warner et DC Films annoncent leur intention de produire un film sur le Joker, indépendamment de l’univers cinématographique de DC Comics. Le film est en effet présenté comme le premier d’une série de films non liés à cet univers, aussi bien dans la forme que dans le fond. Il s’agira d’un thriller psychologique qui relatera la « transformation » de Arthur Fleck, un homme souffrant de troubles mentaux le poussant, par exemple, à rire fréquemment, sans la moindre envie ou lors de moments ne s’y prêtant pas, en Joker, psychopathe avéré et ennemi juré de Batman. Le film s’inspirerait de bobines cultes telles que Taxi Driver, Raging Bull ou encore La Valse des Pantins, mais en aucun cas d’un des nombreux comics s’attardant sur la jeunesse du Joker. Leonardo DiCaprio (Titanic, Arrête-moi Si tu Peux) est dans un premier temps pressenti pour incarner le rôle du Joker, mais c’est finalement Joaquin Phoenix (Gladiator, Her) qui sera annoncé. Il sera rapidement rejoint par Robert De Niro (Taxi Driver, Raging Bull), Zazie Beetz (Deadpool 2, Slice) ou encore Brett Cullen (les série True Detective, Narcos ou encore Reine du Sud) qui incarne le père de Bruce Wayne. Le tournage débute en septembre 2018 et sort un an après dans les salles obscures.
Énorme succès donc, mais Joker crée la polémique aux States (comme d’hab quoi). Il est accusé par certaines associations de faire l’apologie de la violence. Warner, Todd Phillips et même Joaquin Phoenix auront beau répondre à la polémique, expliquant que, justement, le film est tout l’inverse de cela, cela n’empêchera pas les accusations de se faire entendre, et d’attirer encore plus les foules au cinéma.

Il est vrai que Joker est un film très différent de ce qu’on a l’habitude de voir de nos jours en termes de super-héros / super-vilains. Point de tentative de faire du spectaculaire, point de CGI à fond les ballons, point de budget à la limite du grotesque (50M$US), Joker est à la limite du film d’auteur. La mise en scène de Todd Phillips y est très belle, souvent tout en retenue. Une photographie superbe des bas-fonds de la ville fictive de Gotham, accompagnée d’une excellente bande son, tout en donnant la part belle au personnage du Joker qui est au centre du récit. Un personnage incarné donc par un Joaquin Phoenix complètement habité, hallucinant dans son rôle à tel point qu’on se demande par moments si le personnage n’a pas pris le dessus sur l’acteur qui a, pour l’occasion, perdu 25kg. Le réalisateur voulait un Joker comme le spectateur n’en avait jamais vu, quitte à faire hurler les lecteurs des comics. Une sorte d’exploration au plus profond de la folie d’un homme avec une vision « auteurisante » du récit. C’est réussi, et il faut avouer qu’on est content de voir que DC essaie de faire quelque chose de différent, quelque chose qui ne se résume pas à des effets spéciaux de partout, à une avalanche de fonds verts, à de la grosse scène d’action filmée n’importe comment mais qui « wouah tu as vu, ça envoie du pâté ». Et sincèrement, c’est à saluer. C’est à saluer mais, en ce qui me concerne, je serais bien moins dithyrambique que ce qu’on peut lire un peu partout sur le net.

En effet, Joker est un film relativement mou. La cause ? le côté très répétitif pendant plus d’une heure et quart. Todd Phillips semble ne pas trop savoir comment mettre en scène cette montée de folie et un effet de redondance vient très vite s’immiscer dans son métrage. Et du coup, son acte 1 est bien trop long, bouffant à peu près deux tiers du film à tel point qu’on se rend compte que, au final, le film ne raconte pas grand-chose. Les seconds rôles ont un intérêt proche du néant, et quand il y avait matière à faire quelque chose avec, comme par exemple avec le personnage de Zazie Beetz, ça tombe relativement à plat à cause d’un côté bien prévisible. Autre point sur lequel il est nécessaire d’être plus prudent, c’est l’utilisation massive, forcée, presque artificielle, de plans iconiques (avec bien trop de ralentis souvent inutiles). Certes, Todd Phillips a voulu mettre très en avant son personnage, mais c’est fait de manière souvent maladroite, voire parfois putassière. Rien de bien méchant malgré tout au final, surtout lorsqu’on compare le film avec le reste de la production superheroesque qui a envahi nos écrans depuis quelques années, même si j’avoue que pour un Rated R, Joker est bien trop sage.

LES PLUS LES MOINS
♥ Joaquin Phoenix, hallucinant
♥ Belle photographie
♥ Excellente bande son
⊗ Trop sage
⊗ Beaucoup trop long à démarrer
Plutôt bon dans l’ensemble, Joker est néanmoins l’exemple même du film qui mise tout sur l’impressionnante performance de son acteur principal, quitte à en oublier certains essentiels. Il en résulte un film un peu schizophrène, à mi-chemin entre le film d’auteur et l’origin story bien trop convenue et prévisible, mais malgré tout intéressant.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le succès du film a été tel que Warner a décidé de créer une nouvelle boite de production qui s’occupera de produire d’autres « standalone » dans l’univers de DC.
• Todd Phillips a très rapidement annoncé aux fans du comics qu’il n’y avait aucune chance que le Joker de Joaquin Phoenix croise le Batman de Robert Pattinson sur grand écran. Il a rajouté que cela ne voulait pas dire que le nouveau Batman ne croiserait pas le Joker, mais seulement que ça ne serait pas celui de cette version.
• Toutes les horloges qu’on peut apercevoir dans le film pointent sur 11h11.
• L’armée américaine et le FBI étaient très inquiets à propos de la sortie en salles de Joker. Ils craignaient un nouvel épisode de tuerie massive comme celle qui avait eu lieu dans un cinéma dans le Colorado lors de la première du film The Dark Knight Rises où James Eagan Holmes avait tué 12 personnes et en avait blessé 58 autres.
• Le premier montage du film durait 2h35. Aucune information n’a pour le moment été révélée sur une possible version longue lors de la sortie en bluray.
• On trouve dans le film plusieurs références à d’autres films de Todd Phillips (le nom de la pharmacie qui fait référence à un des personnages de la trilogie Very Bad Trip ; dans l’émission enregistrée, l’acteur répondant au nom d’Ethan Chase renvoie à un des personnages de Date Limite).


Titre : Joker
Année : 2019
Durée : 2h02
Origine : U.S.A / Canada
Genre : Rencontre avec Joe Ker
Réalisateur : Todd Phillips
Scénario : Todd Phillips, Scott Silver

Acteurs : Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz, Frances Conroy, Brett Cullen, Shea Whigham, Bill Camp, Glenn Fleshler, Leigh Gill, Josh Pais, Rocco Luna

 Joker (2019) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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