Depuis la mort de sa femme bien-aimée, John Wick passe ses journées à retaper sa Ford Mustang de 1969, avec pour seule compagnie sa chienne Daisy. Il mène une vie sans histoire, jusqu’à ce qu’un malfrat sadique nommé Iosef Tarasof remarque sa voiture. John refuse de la lui vendre. Iosef, n’acceptant pas qu’on lui résiste, s’introduit chez John avec deux complices pour voler la Mustang, et tuer sauvagement son chien, dernier cadeau de son épouse décédée…
Avis de Cherycok :
Il y a des films comme ça qui, d’entrée de jeu, ne vous inspirent guère. Le genre de films qui, dès la première bande annonce, sentent un peu le pétard mouillé, le genre de truc mollasson dont on sait presque d’avance qu’il ne laissera pas un souvenir impérissable parce que voilà, c’est comme ça, on le sent. Mais par on ne sait quelle force mystique, on se lance quand même, un soir de doute sur le film de la soirée à regarder. Il est là, il vous attire, il vous hypnotise, avec cette petite voix qui résonne dans votre tête : « Regarde moi… Regarde moi… ». Alors on est faible, et puis surtout ça fait 30 minutes qu’on hésite sur le film à se lancer. On prend la galette, on la met dans le lecteur, un peu hésitant, la main tremblotante, le souffle presque coupé (mais non je n’en fais pas des caisses), et on appuie sur lecture. Et là, c’est le drame… 1h41 plus tard, un constat s’impose : John Wick, c’est bien bien naze !
John Wick est un film de vengeance tout ce qu’il y a de plus classique. David Letch et Chad Stahelski, deux anciens cascadeurs, ne font preuve d’aucune originalité. Que ce soit dans son histoire, ses situations, ses personnages, on tombe très souvent dans le cliché le plus absolu et nombreux sont les tics inhérents à ce genre de production. Mais ma parole pourquoi, lorsque les méchants détiennent enfin le mec qui veut leur faire la peau, soit disant un des plus grands tueurs au monde, plutôt que de lui coller une balle en pleine tête et l’affaire est réglée, on préfère palabrer pendant des plombes avec lui, l’étouffer avec un sac poubelle sur la tête, et surtout le laisser aux mains de ses sbires qui comme d’habitude sont des tanches finies pour effectuer une tâche simple : 1. mettre un flingue sur la tempe ; 2. appuyer sur la détente : 3. nettoyer le sang qui a giclé partout. Oui, le sbire ennemi est con comme une burne, et dans John Wick ils sont champions du monde. Même le personnage principal, anti-héros as de la gâchette interprété par un Keanu Reeves monoexpressif comme jamais, devient rapidement ridicule et par la même occasion pas crédible pour un sou. On nous fait comprendre qu’il a eu du mal à raccrocher, qu’il menait enfin une vie à peu près « normale » malgré le décès de sa femme, mais lorsqu’on vole sa voiture et qu’on tue son petit chien, monsieur se vénère et décide d’exterminer tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la mafia serbe du coin. Tendu du string le bonhomme tout de même !
Si au moins le casting tenait la route, mais même pas… Keanu Reeves dans toute sa splendeur est au final bien transparent ; l’interprète du méchant mafieux n’a clairement pas le charisme pour ce genre de rôle ; Alfie Allen et ses yeux globuleux s’adonne aux joies du cabotinage grotesque ; et même l’excellent William Defoe, qu’on a toujours plaisir de retrouver, ne semble pas réellement impliqué dans ce qu’il fait. Le meilleur acteur est clairement le petit chien, c’est dire le niveau…
Et les scènes d’action alors ? Et bien elles sont à l’image du reste du film… C’est mou du genou. Mais bien hein ! A tel point que, à part une ou deux petites fulgurances ci et là, elles en deviennent presque soporifiques. La faute clairement à des bruitages lors des tirs ou des coups qui sont bien trop euh… mous, entendez par là avec un volume bien trop faible pour leur donner un réel impact ; mais surtout à des gunfights beaucoup trop chorégraphiés, à tel point qu’on se demande si Keanu Reeves n’a pas raté une carrière de danseur. En fait, on a l’impression que le film veut se différencier de la masse en nous proposant un mélange de guns et de karaté (pour le coté katas). Certes, sauf qu’il n’y a rien de nouveau là dedans et que cette pratique a été déjà plusieurs fois utilisée, et surtout avec bien plus de talent comme dans l’excellent Equilibrium (2002). Non, ici c’est vraiment mou et tout ou presque sonne faux.
Quelques points positifs à noter tout de même parce que malgré tout, tout n’est pas à jeter. Visuellement, John Wick tient la route. Son esthétique est convaincante, aussi bien au niveau de la photographie que du jeu des lumières. Il bénéficie également d’une bande originale réussie, mêlant mélodies calmes à d’autres plus énervées style Marilyn Manson. Mais j’ai beau chercher, ce sont réellement les deux seules choses positives qu’il ressort de ce visionnage qui aurait été à la limite de la pénibilité.
Sans parler de purge, même si dans l’absolu on n’en est pas loin, John Wick rate le coche à presque tous les niveaux. Et quand je vois ces nombreux avis positifs sur la toile ou cette moyenne de 7.2/10 sur plus de 150000 votants (!!!), je me dis que, soit les gens sont de moins en moins exigeants en matière de divertissement, soit c’est moi qui devient de plus en plus difficile. Peut-être les deux remarque…
Note :
Titre : John Wick
Année : 2014
Durée : 1h41
Origine : U.S.A. / Canada / Chine
Genre : Vengeance !
Réalisateur : David Letch, Chad Stahelski
Avec : Keanu Reeves, Michael Nyqvist, Alfie Allen, Adrianne Palicki, Bridget Moynahan, Ian McShane, John Leguizamo, William Defoe, Dean Winters, Omer Barnea, Bridget Regan