John et Dave sont deux jeunes qui expérimentent lors d’une soirée une drogue étrange appelée la sauce soja, qui leur permet de voir une réalité parallèle. Les problèmes ne font que commencer, entre l’apparition de monstres, autres événements étranges, la police à leurs trousses et des êtres venus d’ailleurs.
Avis de Rick :
Don Coscarelli n’est pas un réalisateur facile à produire. Il suffit de voir ses métrages et de lire simplement l’histoire de ceux ci pour s’en rendre compte. Et pourtant, à chaque fois, ces métrages bénéficient d’un statut de films cultes, de films ovnis, et ce depuis le génial Phantasm, en 1979 déjà. Le réalisateur a ensuite laissé place à la facilité avec les suites (de très sympas Phantasm 2 et 4, et un raté 3ème opus) où à l’héroic fantasy tout public (Dar L’invincible, c’était bien lui), avant de revenir en force en 2002 avec Bubba Ho-Tep, film étrange dans lequel Bruce Campbell incarnait un Elvis en maison de retraite qui affrontait une momie avec un JFK noir en fauteuil roulant. Un mix parfois déroutant et pourtant absolument parfait entre le fantastique, la comédie et le drame. Il aura tout de même fallut attendre 10 ans pour voir le nouveau long métrage de l’artiste. Et quel métrage.
Adapté du roman de David Wong, John Dies At The End nous met dans l’ambiance dès sa scène d’ouverture, et nous met en garde : nous allons voir un film DIFFÉRENT de tous les films fantastiques habituels, un film qui ne reculera devant rien pour nous divertir et nous proposer un film étrange, un film où l’on rigole devant l’absurdité des situations mais également devant les dialogues extrêmement bien écrits. Le réalisateur nous présente donc Dave, personnage principal de l’histoire, et son pote John. Lors d’une soirée, ils sont contaminés par une drogue étrange et vivante appelée sauce soja, qui va leur permettre de voir tout ce qui est invisible normalement, tout ce qui est autour de nous. Et le fait d’avoir ses pouvoirs va leur attirer des ennuis, puisque tout le monde va être après eux, gentils comme méchants. John Dies At The End nous balance alors juste après une rapide présentation dans un univers différent du notre, un univers où tout est possible.
Dans John Dies At The End, un chien peut vous sauver la vie en conduisant une voiture, un hot dog pourra vous servir de téléphone portable, un monstre a base de viande congelée pourra vous attaquer, ou vous pourrez parler à votre meilleur ami mort mais toujours vivant ailleurs avec un certain décalage temporel. John Dies At The End pourrait ressembler à un gros bordel ambiant dans lequel le réalisateur s’autorise absolument tout sans se soucier de cohérence ou autres. Le parcours de nos héros sera étrange, parsemé de surprises en tout genre, tout cela pour pouvoir finalement les amener dans une dimension parallèle pour sauver notre monde de l’invasion d’une créature tentaculaire sortie tout droit de l’univers de Lovecraft. Ce n’est pas assez pour vous ? Oui, le métrage est totalement barré, totalement décalé, mais il ne faut pas oublier que nous avons Don Coscarelli à la mise en scène, et donc également à l’écriture du scénario (ou travail d’adaptation, je n’ai pas lu le roman, qui me tente bien pour le coup), et le père Coscarelli est tout sauf un incapable. Premier gros bon point du film, sa mise en scène. Efficace, sans jamais en faire trop ou nous donner des effets « regarde ce que je sais faire avec ma caméra », l’ensemble est foutrement efficace, aidé par un montage (en parti réalisé par Coscarelli également, sacré bonhomme) plutôt astucieux, avec des retours constants entre l’histoire que l’on nous raconte et Dave posé dans un bar en train de raconter son histoire à un journaliste. C’est du très bon boulot. Le scénario, aussi bordélique et fou soit-il, est extrêmement bien écrit. Pas de baisse de rythme ou autre, l’ensemble se suit d’une traite, et bénéficie d’un travail sérieux.
Les dialogues par exemple sont parfois tout bonnement excellents, et parviennent à nous décrocher quasiment autant de sourires que l’absurdité des situations. Il faut dire que les acteurs sont tout simplement excellents. Outre des premiers rôles relativement méconnus (Chase Williamson pour Dave et Rob Mayes pour John), on reconnaît surtout rapidement des seconds rôles qui font plaisir. Dans le rôle d’un journaliste nous avons tout simplement Paul Giamatti (Cosmopolis, Very Bad Trip 2, Paycheck), dans le rôle d’un magicien qui aime l’artifice Clancy Brown (oui oui, le grand méchant de Highlander) ou encore Doug Jones (Hellboy 1 et 2) dans un rôle plutôt obscur. Tout le monde fait admirablement son boulot et les répliques cultes fusent à vitesse grand V, prenant la relève des idées totalement farfelues du script. Malheureusement, tout n’est pas parfait, le film était bourré d’ambitions, il aurait fallut un budget un poil plus élevé derrière. Ainsi, certaines créatures ou effets numériques, notamment sur la fin, laissent franchement à désirer. Peut être aussi qu’après 1h40 de délires, le spectateur commence à se lasser et devient alors un peu plus exigeant. Toujours est-il que John Dies At The End, malgré ses défauts, est un pur plaisir cinéphile mais qui s’adresse uniquement à un public très averti, notamment par sa folie ambiante lui donnant un aspect What the Fuck totalement assumé par ses auteurs.
Un film fou aux dialogues acérés et aux situations folles qui ne semble jamais s’arrêter. Ça fait du bien !
Titre : John Dies At The End
Année : 2012
Durée : 1h40
Origine : Etats Unis
Genre : Comédie fantastique WTF
Réalisateur : Don Coscarelli
Acteurs : Chase Williamson, Rob Mayes, Paul Giamatti, Clancy Brown, Glynn Turman, Doug Jones et Daniel Roebuck
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