Jo Pil Ho est un policier au mauvais caractère voire colérique, ripoux à ses heures (il lui arrive en effet de récupérer des pots-de-vin les yeux fermés…). Une nuit, un incident a lieu, entraînant Jo Pil Ho dans une affaire des plus sombres. En travaillant sur l’affaire, il va avoir à faire à la jeune lycéenne Mi Na, témoin malgré elle de cette soirée.
Avis de Cherycok :
La corruption des politiques, de la police, des hautes sphères, est un fléau qui touche la Corée depuis de nombreuses années, au point que des premiers ministres finissent en prison ou que même des patrons de grandes entreprises finissent par céder au suicide suite à des affaires de corruption dévoilées au grand public par des journalistes. Il est donc assez logique que ce système pourri jusqu’à la moelle déteigne sur la production cinématographique du pays qui, du coup, va s’accaparer la chose et nous pondre beaucoup de bobines, trop diront certains, traitant (entre autres) du sujet. Jo Pil-Ho : Souffle de Rage, disponible sur la plateforme Netflix depuis peu de temps (à l’heure où j’écris ces lignes) n’échappe pas à la règle et va s’engouffrer dans la brèche comme bon nombre de ses petits copains. Autant le dire tout de suite, niveau originalité, c’est du vu et revu. Néanmoins, Jo Pil-Ho va faire preuve d’une redoutable efficacité lui permettant de se hisser au rang des bobines recommandables à défaut de marquer les esprits.
Nouveau film du réalisateur Lee Jeong-Beom, qui avait déjà frappé très fort à l’international avec son The Man From Nowhere (2010), il revient sur le devant de la scène 5 ans après No Tears for The Dead (2014) avec un nouveau thriller d’action, l’histoire d’un inspecteur de police malhonnête et violent qui va se dresser contre une société encore plus véreuse que lui. On va suivre Jo Pil-Ho, interprété par Lee Sun-Kyun (A Hard Day, Parasite), un flic caractériel, colérique, donc la spécialité est de magouiller avec des petits malfrats afin de s’en mettre plein les poches. Organiser le braquage d’un distributeur de billets ? C’est son créneau. Faire appel à des mecs louches pour obtenir des informations pas très légales ? C’est son créneau. Alors qu’il décide de faire un dernier gros coup avant de se ranger, avec l’aide d’un adolescent spécialiste dans les ouvertures de portes blindées, dans les locaux de stockage des pièces à conviction de la Police, le bâtiment dans lequel est enfermé son complice explose littéralement sans raison apparente. Il se réveille à l’hôpital, apprend que son complique est mort et que la police veut l’interroger pour savoir pourquoi il se trouvait là lors de l’explosion. Mais rapidement, après quelques justifications foireuses et autres entourloupes, il va mettre le nez sur quelque chose de gros. Car il apprend que son complice était mort avant l’explosion, et ça ce n’est pas normal. Quelque chose se passait dans cet entrepôt, quelque chose de très louche, quelque chose qui, si c’était prouvé et révélé dans les médias aurait l’effet d’une bombe dans les hautes sphères coréennes.
Comme vous pouvez le constater à la lecture de ce synopsis succinct, rien de nouveau au pays des polars coréens. Sur le papier, Jo Pil Ho : Souffle de Rage ressemble à bon nombre de thrillers coréens qui ont inondé les écrans depuis maintenant pas mal d’années. Oui, Encore une histoire de corruption. Encore une histoire de flic aux méthodes peu orthodoxes. Et du coup, encore un film qui ne marquera pas l’histoire du cinéma. Pourtant, le visionnage de Jo Pil Ho est des plus agréables car malgré son classicisme, il est très efficace.
Lee Jeong-Beom n’est pas un manche comme il l’a déjà prouvé par le passé, et il le confirme une fois de plus ici. En termes de mise en scène, Jo Pil ho en jette. C’est propre, net, classieux, avec une très belle photographie, et des plans souvent de toute beauté. Il prend le temps de développer ses personnages qui, malgré leur côté un peu cliché, deviennent vite attachants ou détestables, même si certains regretteront le surplus de sentiments parfois un peu guimauve dont le film fait preuve. Les scènes d’action sont également réussies avec leur côté très brut. Point ici de chorégraphies martiales, on est ici dans des affrontements, lourds, sales, secs, violents. Notre héros en prend littéralement plein la gueule et n’est pas le super combattant méga entrainé qu’on a l’habitude de voir. C’est son obstination sans faille et son côté « jusqu’au boutiste » qui font sa force, et non ses compétences à casser des crânes (même si un peu quand même). Dommage que certaines scènes soient plombées par des flashback un peu trop insistants et, au final, pas toujours très utiles. Un peu comme si le cahier des charges imposait d’en mettre…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement beau ♥ Le très bon casting ♥ Efficace |
⊗ Encore une histoire de corruption ⊗ Parfois longuet |
Jo Pil-Ho : Souffle de Rage est un bon polar / thriller comme les Coréens savent les faire. Bien mis en scène, bien interprété, ça fait le job sans aucun souci mais c’est plombé par son gros manque d’originalité provoquant cette impression de déjà-vu. |
Titre : Jo Pil-Ho : Souffle de Rage / Jo Pil-Ho: Dawning Rage
Année : 2019
Durée : 2h07
Origine : Corée du Sud
Genre : Magouilles et Corruption
Réalisateur : Lee Jeong-Beom
Scénario : Lee Jeong-Beom
Acteurs : Lee Sun-Kyun, Jeon So-Nee, Park Hae-Joon, Song Young-Chang, Park Byung-Eun, Kim Min-Jae, Jung Ga-Ram, Lee Yoo-Young, Kwon Han-Sol