[Film] Jackpot !, de Paul Heig (2024)


Un futur très proche où une grande loterie a été créée dans une Californie en proie à des difficultés économiques. La seule condition ? Si vous voulez réclamer légitimement le prix, vous devez assassiner le gagnant.


Avis de Cherycok :
Bien qu’il soit actif derrière la caméra depuis la fin des années 90, Paul Feig a explosé à Hollywood en 2011, après des années 2000 essentiellement consacrées aux séries TV, avec le film Mes Meilleures Amies qui avec ses 32M$ de budget en a rapporté pas moins de 325 au box-office. Ses films suivants, aussi bien Les Flingueuses (2013) que Spy (2015), feront également de bien jolis scores. Tout se passait bien dans le meilleur des mondes pour Paul Heig jusqu’au premier faux-pas, son reboot féminin de S.O.S Fantômes en 2016 pour lequel il reçut de nombreux seaux de merde, aussi bien de la part du public que de la critique spécialisée. A partir de là, ça devient un peu plus compliqué et les projets qui lui sont confiés sont bien plus modestes comme L’Ombre d’Emily (2018) et son budget de 20M$ ou Last Christmas (2019) et ses 25M$. Il se tourne alors vers les plateformes de SVOD, d’abord chez Netflix pour son L’Ecole du Bien et du Mal (2022), et tout récemment chez Amazon, avec son dernier film en date, Jackpot ! (2024) qui est arrivé directement chez Prime Video. Est-ce que ce Jackpot vaut la peine qu’on y passe 1h46 devant ? Tout dépend de ce que vous en attendez et de l’état d’esprit dans lequel vous serez pendant le visionnage…

La première chose à savoir, c’est que Jackpot est un film relativement stupide et qu’il a été imaginé comme tel. On sent ici clairement que le but est de se vider la tête après une journée de travail harassante, sans trop solliciter l’aide du cerveau afin de comprendre quoi que ce soit. Le principe est simple, on prend The Purge (American Nightmare), on y ajoute le principe du jackpot du titre, on vire tout l’aspect horrifique / gore et on en fait une grosse comédie d’action où la pantalonnade règne en maitre. Dans un monde dystopique, Awkwafina (Shang Chi, Crazy Rich Asians) va gagner 3.6 milliards de dollars à la loterie sans même avoir joué et va se retrouver poursuivie par toute la Californie qui cherche à la tuer afin de récupérer son magot. Elle va être protégée par une gentille brute, John Cena (The Suicide Squad, Fast & Furious 9), le temps que cette journée infernale se termine. Voilà, emballé c’est pesé, et clairement Jackpot va être d’une prévisibilité à toute épreuve. Il ne faut clairement pas s’attendre à voir ici quelque chose de nouveau et, de toutes façons, à aucun moment le film ne va chercher à être réellement original. Nous sommes avant tout ici dans une comédie légère, mais qui ne réussit clairement pas tout ce qu’elle entreprend. Certains gags sont réellement réussis, en particulier tout ce qui tourne autour de John Cena et de son personnage aussi improbable qu’attachant. Il est d’ailleurs clairement la réussite du film, n’hésitant pas à se moquer de lui-même, de ce qu’il représente, comme il a finalement l’habitude de le faire, sans doute conscient que les gros mecs bodybuildés aux muscles saillants ne sont plus réellement de mode depuis le milieu des années 90. Son potentiel comique, tout en gardant son sérieux, est une fois de plus ici une jolie petite attraction, ce qui n’est pas toujours le cas de son acolyte Awkwafina, qui peut rapidement irriter. Tout dépendra d’où se trouve votre curseur, mais entre un flot de paroles beaucoup trop élevé, ses trop nombreux cris et gesticulations, ses petits numéros qui semblent parfois ne faire rire qu’elle, ça peut crisper sur son fauteuil. Néanmoins, leur duo, bien que pas original, fonctionne plutôt bien et il y a une jolie alchimie entre les deux acteurs.

Jackpot est léger, plutôt amusant malgré de nombreux gags qui ne fonctionnent pas. Son plus gros problème, c’est qu’il est beaucoup trop gentillet. Avec un tel sujet, il y avait moyen d’avoir un divertissement bien méchant, avec de nombreuses mises à mort très funs, surtout si on prend en compte certains lieux dans lesquels les personnages chassés se trouvent. Mais c’est acté d’entrée de jeu que le nombre de morts sera très limité, et que, malgré quelques très légers excès de violence graphique, on restera ici malgré tout dans quelque chose de tout public. On aurait aimé voir un beau gros carnage de masse bien fun comme dans les films Mayhem, Office Uprising ou encore The Belko Experiment avec tout un tas de gens qui pètent un plomb et qui se font dézinguer par les héros, avec un humour noir très présent et un peu de gore qui tâche. Il n’en sera malheureusement rien et le scénario préfère avoir recours à des clichés éculés et des personnages dépourvus de profondeur ou d’originalité (bien que cela ne soit pas problématique pour John Cena donc). Il y avait vraiment matière a, mais une fois de plus on sent le film pour plateforme de SVOD qui doit rentrer dans un moule afin de plaire au plus grand nombre, sans prendre trop de risque, sans réelle folie non plus. La mise en scène de Paul Heig a beau être énergique, elle n’en demeure pas moins assez passe-partout, voir sincèrement raté lors de beaucoup de scène d’action où le montage semble fait à la va-vite, sans forcément se poser de questions sur la continuité et la visibilité d’enchainement de certains plans, avec semble-t-il comme seul mot d’ordre le fait que ça doit être « cool ». Alors oui, il y a souvent un côté très ludique là-dedans, et le fait que le scénariste Rob Yescombe ait scénarisé pas mal de jeux vidéo (Rime, The Division, The Invisible Hours, …) doit y avoir joué beaucoup, mais ce ludisme se retrouve souvent parasité. Au final, même si on n’a pas passé un moment désagréable et qu’on s’est même parfois amusé, on ne peut s’empêcher d’avoir cette sensation de gâchis. Ça pourrait être tellement s’ils arrêtaient de faire des produits formatés du début à la fin.

LES PLUS LES MOINS
♥ John Cena et son personnage
♥ Plutôt bien rythmé
♥ Le côté léger et fun
⊗ Beaucoup trop gentillet
⊗ Prévisible du début à la fin
⊗ Awkwafina irritante.
⊗ La mise en scène de l’action
Pas désagréable car malgré tout assez fun, en particulier John Cena, Jackpot est un peu plombé par son côté trop gentillet et parce qu’il est bien trop formaté pour plaire au plus grand nombre. Bon, et aussi parce que Awkwafina est souvent insupportable.

LE SAVIEZ VOUS ?
• À la fin du film, Katie Kim dit « … les catcheurs et les YouTubers sont maintenant des stars de cinéma », ce qui correspond au début des carrières respectives de John Cena et d’Awkwafina.

• John Cena est personnellement un grand fan des Tortues Ninja. Lors de la scène chez lui, on peut entendre le thème « Turtle Power » et il a deux figurines TMNT sur sa table (Donatello et Michaelangelo). Ce ne sont d’ailleurs pas des accessoires, mais ses propres figurines.



Titre : Jackpot !
Année : 2024
Durée : 1h46
Origine : U.S.A
Genre : Grosse bouffonade
Réalisateur : Paul Heig
Scénario : Rob Yescombe

Acteurs : John Cena, Awkwafina, Simu Liu, Seann William Scott, Marian Green, David Conk, Josh Diogo, Rosanna Scotto, Dolly De Leon, Murray Hill, Becky Ann Baker

Jackpot! (2024) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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