Tahara Hideki et Tahara Kana vivent la vie parfaite. Récemment mariés, Kana tombe rapidement enceinte, et Hideki tient un blog populaire où il partage son quotidien de père de famille. Seulement en réalité, des événements étranges commencent à avoir lieu au travail, notamment lorsqu’un collègue d’Hideki lui annonce que quelqu’un veut le voir et lui parler de Chisa, qui est le nom de son bébé pas encore né, et que personne ne connaît le prénom… Peu de temps après, son collègue meurt de manière étrange. Deux ans passent, mais des évènements toujours étranges ont lieu autour d’Hideki et de sa famille.
Avis de Rick :
Celui-là, malgré son titre, je ne l’avais pas vu venir (It Comes, vous comprenez la blague ?). Alors il faut dire que je ne suis pas un fan de la carrière de Nakashima Tetsuya. Je n’ai vu d’ailleurs que trois films de lui, quatre à présent. Je ne le déteste pas, loin de là d’ailleurs. Il a un style assez unique, très stylisé, mais qui justement, dénote pas mal avec la production actuelle au Japon, où film de studio rime souvent avec mise en scène impersonnelle de drama et idoles dans les rôles principaux. Je me dis d’ailleurs en écrivant ces lignes qu’un tournage avec Nakashima doit être très agréable, tant il a une vision très claire de ce qu’il veut visuellement, à tel point que tout doit être parfaitement préparé et qu’il a sans doute beaucoup de temps pour les acteurs. Mais là je m’égare. Bref, Nakashima, j’ai vu Kamikazz Girls et Memories of Matsuka, deux films qui me séduisent au début mais qui m’épuisent sur la durée. Confessions en 2010, c’était bien mieux. Pas parfait, sans doute justement trop froid, trop préparé dans son visuel, mais j’avais beaucoup aimé. Et It Comes, son je crois dernier film en date de 2018, j’étais passé à côté, sans même en avoir entendu parler en vérité. Et pourtant, un rapide tour sur internet pour voir des tonnes d’avis ultra positifs, de très bons retours de festival à l’époque. Bon et bien soit, voyons voir ce que ça donne. Ce qui est intéressant bien entendu, c’est de voir un réalisateur comme Nakashima rester fidèle à son style, que l’on aime celui-ci ou pas, et le transposer dans des genres différents, le film d’horreur ici, avec du budget, la Toho derrière, et un casting assez solide il est vrai. Et ce même si It Comes, Kuru dans son titre original, se paye un gros défaut qui vient nous envahir dés le début, et nous faire douter du film que l’on regarde. Car Kuru dure 2h14, et c’est un peu long. Mais les longueurs ne sont pas au centre ou à la fin du récit, mais dés le début. Pendant 20 minutes, le métrage, adaptant un roman d’ailleurs, nous présente des personnages, pleins. Nous montre la vie de ces personnages, le mariage entre Hideki et Kana, la joie, l’alcool, les vidéos de mariage, l’appartement où ils vivent, les collègues de travail, l’annonce d’un bébé après trois mois.
C’est bien beau tout ça, mais c’est longuet. Même si accessoirement, cela donne un côté surprenant quand quelque chose d’étrange se produit, lors d’une banale journée au bureau, où l’on averti Hideko que quelqu’un le demande à l’accueil, pour parler de… Chisa. Sa fille pas encore née. Un levé de sourcil plus tard de ma part, et là, surprise, Kuru n’est pas un film qui recule devant ce qu’il veut nous raconter, devant ce qu’il veut nous montrer, même si pour ça, il aura fallut endurer 20 minutes peu palpitantes. Du coup quand le rouge apparaît à l’écran, et par rouge, je veux parler de sang, de manière abondante hein, pas la petite coupure lorsque l’on se coupe avec une feuille de papier, ça surprend. Ça réveille même. Et à partir de là, Kuru m’a déjà beaucoup plus emballé. Sans être parfait bien entendu. Déjà car le mal était fait avec cette première partie longuette, et ensuite parce que le style de Nakashima, unique donc, nous donne par moment des images uniques, marquantes, il sait filmer c’est indéniable, mais que par moment, son style en fait également un peu trop… Jusqu’à saturation ? Peut-être. Donc, dans le fond, Kuru, c’est un film assez banal, avec un esprit un brin (beaucoup ?) méchant qui en a après une famille. Hideki, en bon père de famille (ce qu’il n’est pas, mais ça le film n’hésitera pas à nous le faire savoir), va tout de suite demander de l’aide. Et c’est là qu’une multitudes d’autres personnages entrent dans le récit. Nozaki (Okada Junichi), son amie Makoto (Komatsu Nana), puis par la suite, sa sœur Kotoko (Matsu Takako), puis tout un paquet d’exorcistes et chamans en tout genre. Vont-ils parvenir à se débarrasser de cet esprit qui n’en fait qu’à sa tête et n’hésite pas à mordre jusqu’au sang ses victimes ? Pour cela, il faudra tenir durant les 2h14 du métrage. Qui ma foi passent plutôt bien une fois la longue introduction passée. Nakashima, qui coécrit l’adaptation, se refuse même un vrai personnage principal la plupart du temps, donnant donc son quart d’heure ensanglanté… euh de gloire à chacun d’entre eux, et pouvant donner un minimum de substance à chacun d’entre eux.
Ça, c’est très bien. Ça nous évite d’avoir un personnage débarquant d’un coup dans le récit sans explications juste pour faire avancer ce dit récit. Et puis, que ce soit Nozaki, ou les sœurs Higa, Makoto et Kotoko, ce sont des personnages plutôt intéressants. Finalement plus que la famille Tahara d’ailleurs, tant Hideki est parfois à claquer, et que Kana semble au bord de la dépression presque dés le début du film. Mais le casting est on ne peut plus compétent, et ça aussi ça fait bien plaisir à voir. En réalité, au delà de son ouverture longuette, le seul point qui pourra ou non faire pencher la balance du côté du bon ou mauvais film sera la mise en scène de Nakashima, suivant si l’on apprécie son style ou pas. Car son style est intact, malgré le genre, malgré la Toho derrière. On aura notre dose de ralentis, de chansons connues pour certaines scènes, un montage alternant le fluide et lent et le volontairement plus haché et découpé, l’utilisation lors de scènes clés de couleurs bien plus vives, et un petit grain de folie amenant des changements de tons qui surviennent lorsque l’on ne s’y attend pas forcément. Comme je le disais, ici, il en fait parfois un peu trop, sans doute car le film est long, et que du coup, on sature un peu par moment, mais en soit, sa mise en scène est propre, affutée, et il nous réserve quelques scènes et images a même de marquer la rétine, et ça fait également bien plaisir. Que ce soit par ses scènes sanglantes qui débarquent la plupart du temps sans prévenir, ou bien son long final qui ne plaira assurément pas à tous, tant le réalisateur se lâche, visuellement, mais aussi thématiquement, n’hésitant pas par moment à franchir la limite du grotesque, en faisant tout exploser, en faisant couler le sang de tous les murs, avant de nous achever avec quelques ruptures de ton bien à lui. It Comes n’est clairement pas parfait, mais assez généreux et osant assez de choses pour plaire et marquer, et c’est déjà pas mal.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Comme toujours avec Nakashima, une belle réalisation ♥ Des moments chocs marquants ♥ Le long final qui ose tout ♥ Quelques personnages intéressants |
⊗ Le début, mais que c’est long ⊗ D’autres personnages moins bons |
It Comes (Kuru) souffre de défauts. Il met un trop long moment à démarrer, il s’égare parfois, ou veut en faire trop. Mais quand il démarre vraiment, ça s’emballe, ça parvient à surprendre, certaines scènes sont marquantes, c’est visuellement travaillé et carré. Pas le meilleur film du réalisateur, mais son approche, ou appropriation d’un genre est intéressante. |
Année : 2018
Durée : 2h14
Origine : Japon
Genre : Fantastique
Réalisation : Nakashima Tetsuya
Scénario : Nakashima Tetsuya et Iwai Hideto
Avec : Okada Junichi, Kuroki Haru, Komatsu Nana, Matsu Takako, Tsumabuki Satoshi, Aoki Munetaka, Nakano Taiga et Shibata Rie
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