[Film] Invincible Swordsman, de Luo Yi-Wei (2025)


Le parcours de Linghu Chong, un disciple de la secte d’arts martiaux Huashan, qui, malgré son désir de quitter le monde des arts martiaux, a été forcé de s’impliquer dans la bataille entre les bonnes et les mauvaises sectes qui se battent pour la suprématie. Ce faisant, il rencontre accidentellement le nouveau chef de la secte maléfique, Dongfang Bubai.


Avis de Cherycok :
Après Sakra (2023) et les deux opus de New Kung Fu Cult Master (2022), Wong Jing semble décidé à continuer de remettre au goût du jour ces histoires qui ont marqué le cinéma chinois / hongkongais et ce coup-ci, il s’attaque au roman de Louis Cha, Le Vagabond au Sourire Fier, qui a déjà été raconté de nombreuses fois au cinéma et à la télévision, la plus célèbre de ces adaptations étant dans doute le Swordsman 2 de 1992 réalisé par le duo Tsui Hark/Ching Siu-Tung, avec Jet Li et Brigitte Lin dans les rôles titres. C’est toujours compliqué d’adapter des vastes romans en 2h, le récent Sakra en a fait les frais, surtout lorsqu’on confie la mise en scène à un jeune réalisateur, Luo Yi-Wei, qui, même s’il est spécialisé dans le Wu Xia Pian fantasy avec des œuvres telles que Swords Drawn (2022) et Hermit’s Sword (2020), ses deux seuls films pour les plateformes de SVOD chinoises, risque d’être un peu dépassé par les évènements, surtout avec un Wong Jing à la production, mais aussi au scénario. Le constat est sans appel : malgré une envie de plaire au plus grand nombre, Invincible Swordsman n’est clairement pas une réussite.

Produit par Wishert Media en collaboration avec les plateformes de SVOD iQiYi, Youku et Tencent, Invincible Swordsman a été présenté pour la première fois au marché du film de cannes 2024, pour une sortie prévue pour le Nouvel An Chinois 2025 VOD/ SVOD. Bien que par chez nous, le nom de Louis Cha, décédé en 2018, ne soit pas très familier, en Chine c’est un véritable phénomène et ses 15 romans se sont vendus à plus de 100 millions d’exemplaires à travers le monde. En raison de leur popularité, elles ont forcément donné lieu à des adaptations en séries, en bandes dessinées, en jeux vidéo, et donc en films. Après un préambule verbal destiné à nous plonger au cœur de la saga sans avoir à faire un premier film servant d’introduction, on rentre donc dans le vif du sujet et ce vif du sujet nous fait immédiatement grincer des dents, surtout si on en encore en tête le superbe Swordsman 2. Mais même sans ça, Invincible Swordsman se prend les pieds tout seul dans le tapis. Oubliez tous les thèmes tendancieux et toutes les allégories politiques de l’œuvre originale, nous sommes ici dans une production Wong Jing qui sera un divertissement léger fait pour plaire au plus grand nombre, non pas qu’il soit dénué de toute violence, il y en a, mais tout ce que nous allons voir va être extrêmement classique. Oubliez le côté très LGQBT du personnage original de Brigitte Lin, et surtout oubliez Brigitte Lin tout court tant la jeune et certes jolie actrice qui reprend le rôle est à des années lumières de la classe de Lin. Ici, le casting est fade, lisse, et même si le jeune héros, interprété par Tim Huang (Creation of the Gods I), a malgré tout un certain charisme, il ne retient jamais l’attention parce que l’écriture de son personnage laisse clairement à désirer. A vouloir condenser une si grosse histoire en même pas 2h génériques compris, le scénario en oublie la profondeur nécessaire (même minime) de ses personnages, laisse des trous béants dans l’histoire et nous sort des ellipses temporelles un peu abusées. Alors oui, nous sommes contents de revoir Sammo Hung, même s’il n’est présent à l’image que 10 minutes, mais on sent bien qu’il n’est là que pour toujours le chèque et participer au pouvoir vendeur de son visage sur une affiche.

Le spectacle proposé par Invincible Swordsman est sans âme. Tout est trop aseptisé, tout est trop lisse, à commencer par ce visuel numérique qui devient sincèrement rapidement dégueulasse. Certes, nous sommes quelque part dans un DTV de luxe, certes, ça n’a sans doute pas le même budget que la saga de 3 films Creations of the Gods. Mais sur un film du genre, où les éléments fantastiques sont nombreux, avec des personnages qui ont des pouvoirs spéciaux, lorsqu’on n’a pas les moyens de ses ambitions, ça se ressent immédiatement. Et ça choque d’autant plus que les quelques scènes en décors naturels sont plutôt jolies, mais dès que les fonds verts font leur apparition, dès que les personnages commencent à se balancer tout le décor à la gueule, on a l’impression d’être devant une cinématique vieillotte de jeu vidéo. On ne niera pas le côté fun de certaines scènes d’action, et heureusement qu’elles sont là pour nous divertir un minimum, mais faire un ralenti sur un chaudron en feu ou une boule d’énergie, tout en CGI donc, qui passe au-dessus d’un personnage en train d’esquiver, c’est rapidement chiant en plus d’être moche. Pourtant, certaines scènes sont assez intéressantes, comme ce combat dans la forêt contre ces adversaires qui refusent de mourir. Mais dès que l’abus de CGI rentre en compte (la scène dans la montagne enneigée, le final avec les rouleaux de tissus, …), on a quand même un peu les yeux qui piquent et c’est sincèrement dommage. On pourrait se rabattre sur les scènes un peu plus intimistes du film, comme le rapprochement entre Kitty Zhang et Tim Huang qui semble visuellement directement renvoyer à celui entre Brigitte Lin et Leslie Cheung dans The Bride With White Air (1993). Et c’est vrai qu’il y a un petit quelque chose qui se dégage de ce genre de scène. Sauf que l’alchimie entre les deux acteurs n’est clairement suffisamment présente, comme s’il fallait qu’ils gardent malgré tout une certaine distance entre eux. Non, il n’y a décidément pas grand-chose qui pourra sauver ce Invincible Swordsman de l’oubli très rapide dans lequel il risque de tomber car, même s’il demeure malgré tout divertissant, quoi que parfois un peu long, ce remake de Swordsman 2 est clairement complètement inutile.

LES PLUS LES MOINS
♥ Revoir Sammo Hung
♥ Quelques scènes d’action sympathiques
♥ La bande son
⊗ Un casting assez fade
⊗ Manque de profondeur
⊗ Visuellement boiteux
⊗ Trop lisse
Invincible Swordsman est un remake inutile du Swordsman 2 de Ching Siu-Tung / Tsui Hark. Visuellement pas au point, ne creusant pas ce qui devrait l’être, l’ensemble sait parfois être divertissant mais tombera bien vite dans l’oubli.



Titre : Invincible Swordsman / 笑傲江湖
Année : 2025
Durée : 1h58
Origine : Chine
Genre : Wu xia pian fantasy
Réalisateur : Luo Yi-Wei
Scénario : Wong Jing, Wu Yue

Acteurs : Tim Huang, Kitty Zhang Yuqi, Terence Yin, Sammo Hung, Xuan Lu, Yun Qian-qian, Zhang Lu, Cai Xiang-Yu, Sherman Ye, Liu Ting-Xi, Jiang Peng, Chen Xian-Min

Invincible Swordsman (2025) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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