Omine de nos jours : un petit village perdu en pleine montagne sur l’île de Shikoku. Les habitants vivent en communion avec la nature qui les entoure, avec les esprits aussi. La famille Bonomiya passe ainsi pour être maudite depuis des générations, leurs femmes ayant, paraît-il, la faculté de garder prisonnier dans une urne l’esprit malin dénommé Inugami. Bonomiya Miki porte à présent ce fardeau sur son dos. Tout va se dérégler le jour où un jeune étranger débarque dans le village, et s’éprend de la belle Miki…
Avis de Oli :
Afin de bien comprendre le film, il convient de connaître un minimum l’histoire religieuse et spirituelle du Japon, autrement vous pourriez passer à côté des détails les plus intéressants. La religion japonaise est ainsi constituée pour l’essentielle de deux courants : le Shintô et le Bouddhisme, qui s’entremêlent parfois. La religion est si présente dans ce pays, qu’elle est quasiment devenue une pratique sociale plus qu’une foi, s’intégrant dans la vie quotidienne de millions de japonais. Le film Inugami s’inscrit donc dans le respect du culte Shintô, où la nature est considérée comme une émanation du divin, où les Kami sillonnent les forêts, habitent les objets, naviguent même parfois avec le vent. Un Kami est difficilement définissable ; c’est un esprit, une entité aux pouvoirs sortants de l’ordinaire. Il ne s’agit pas vraiment d’un Dieu (du moins dans la conception occidentale du terme), mais plutôt d’une émanation étrange qui échappe à toute définition cartésienne. Au Japon ils sont craints, et respectés. On recoure ainsi parfois à divers rites purificateurs pour apaiser un esprit offensé.
Pour les habitants de Omine, ces esprits sont omniprésents. Ils sont dans la forêt, les maisons, une vieille légende prétend donc que chaque mère de la famille Bonomiya a le pouvoir de les maintenir enfermés dans une urne. Le film navigue ainsi dans des lieux peu communs. Omine est un petit village perdu entre la montagne et la forêt : les paysages sont absolument magnifiques, tout le film est en effet tourné en décors naturels, et c’est un véritable bonheur pour les sens : le choix de l’île de Shikoku pour fixer l’intrigue est loin d’être un hasard, il s’agit en effet de l’île la plus sauvage (et la moins fréquentée) des quatre principales îles du Japon, elle ne fut d’ailleurs reliée à Honshu qu’en 1988. Cette nature, qui tient le premier rôle dans Inugami, est tour à tour merveilleuse et inquiétante, et après avoir vu le film (et visité grâce au talent du réalisateur ces pans de nature étranges et imposants qui survivent encore au Japon) on comprend mieux comment ces gens peuvent se persuader de l’existence d’une autre présence, mystérieuse et parfois terrifiante.
Inugami est donc un film sur les croyances séculaires qui survivent en tous les japonais aujourd’hui encore, un film qui traite également de tolérance, et du respect dus aux hommes. Une œuvre étrange et très troublante, au climat parfois assez lourd. Si son thème en rebutera plus d’un (survivance des rites ancestraux dans le Japon contemporain, et leur mise en péril par la société moderne), son traitement cinématographique des esprits décevra également ceux qui s’attendent à un film de fantômes à la sauce Ring (Inugami fut d’ailleurs un désastre au box-office japonais, certainement pour cette raison).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement magnifique ♥ La nature, un personnage à part entière ♥ Les thèmes abordés |
⊗ Difficile d’accès |
Voilà vous êtes prévenus. Personnellement je trouve ce film magnifique. Encore un petit détail : à la fin du film, pensez à bien laisser le générique dérouler jusqu’à la fin … |
Titre : Inugami, l’Esprit du Mal / Inugami
Année : 2001
Durée : 1h46
Origine : Japon
Genre : Drame / Terreur
Réalisateur : Masato Harada
Scénario : Masato Harada
Acteurs : Yuki Amami, Atsuro Watabe, Kazuhiro Yamaji, Hara Taasobi, Shiho Fujimura, Kanako Fukaura, Shion Machida, Kenichi Yajima, Masato Irie, Keiko Awaji