Au cours d’un séjour en forêt, un groupe de jeunes plaisanciers ranime sans le savoir la dépouille d’un homme enterré dans les bois non loin de leur chalet. Le fou furieux masqué est sorti des entrailles de la Terre pour venger son existence passée.
Avis de John Roch :
Avec le temps, le slasher movie est devenu un sous genre étudié sous toute les coutures, pour ne pas dire intellectualisé. Des questions restent cependant en suspens, dont celle-ci : que fait Jason Voorhees entre deux vendredi 13, Michael Meyers entre deux Halloween ou Freddy Krueger entre deux cauchemars rue de Elm ? La réponse a déjà été donnée dans quelques films comme La Main du Saigneur ou Behind the Mask: The Rise of Leslie Vernon. Dans les deux cas, c’est sous le signe du méta que la question a été abordée. Chris Nash ne suit cependant pas ce chemin avec In a Violent Nature. La proposition est intéressante, montrer le point de vue du tueur dans un slasher movie classique. Pour vulgariser In a Violent Nature, on pourrait dire qu’ il s’agit d’un opus de la saga Vendredi 13, mais au lieu de voir des ados cons comme leurs pieds fumer boire et baiser comme c’est la règle, vous verrez tout ce que fait Jason à la place. Ce qui amène à cette seconde question : il fait quoi Jason pendant 1h30 de pellicule ? Il marche, beaucoup. Le concept de In a Violent Nature est on ne peut plus casse gueule. Ça peut tenir la route en tant que court ou moyen métrage, au format long c’est une autre paire de manche. Le résultat est en demi teinte et va diviser.
In a Violent Nature n’est pas la bombe annoncé par certains, ni le navet décrit par d’autres, le film est en fait victime de son propre concept qui est sa force mais aussi son plus gros défaut. Il faut avant tout saluer un réalisateur qui va (presque) au bout de son idée et tente d’amener du sang frais dans le genre. In a Violent Nature est un slasher movie classique en milieu forestier. Le scénario est on ne peut plus banal : des jeunes campent en forêt, s’aventurent là où il y a eu un massacre des décennies auparavant et réveillent malgré eux une force de la nature qui va les assassiner. Tout les éléments du slasher sont là, à la différence que les dialogues et les actions des personnages sont aperçues tels que le boogeyman de In a Violent Nature les distingue. Un parti pris intéressant et qui fonctionne même, mais le film va au bout de son idée et ce qui devrait être normalement une bonne nouvelle plombe le métrage. In a Violent Nature est un film lent, mais ce n’est pas une surprise car il a été annoncé dès le départ que le métrage serait un slasher movie contemplatif du point de vue du tueur. Très bien mais ce dernier, il fait quoi entre deux meurtres ? Ses chaînes qui pendent à son cou, il s’offre une parenthèse, un sursis, sans témoin, sans personne, ses pas qui résonnent, il marche seul. Et c’est bien là le problème, que voulez vous faire d’autre à un être qui a juste ce qu’il faut de neurones pour marcher et tuer ?
In a Violent Nature est lent ET long, c’est avant tout 1h34 de balade champêtre interminable filmé dans un genre de vue à la troisième personne comme dans un jeu vidéo. Sauf qu’on ne parlera pas de survival au gameplay asymétrique, genre qui adapte tant bien que mal les licences horrifiques, mais plutôt de walking simulator, soit le genre le plus chiant jamais créé. Et tout ça en semi temps réel, comprenez par là que le temps que Johnny le boogeyman approche de sa victime, vous pouvez allez chercher une boisson au frigo le temps qu’il fasse quelques mètres sans rien louper. Vous pourrez même commencer le repas pendant un dernier quart d’heure complètement raté dans lequel Chris Nash n’arrive non seulement pas à conclure son histoire de manière satisfaisante, mais donne le sentiment d’avoir été piégé par un code du slasher qu’il n’a pas réussi à intégrer correctement à son métrage. Passé la balade en forêt, In a Violent Nature reste un slasher et qui dit slasher dit meurtres et difficile de reprocher quoi que ce soit. Le film bénéficie de sfx impeccables, le gore est bien méchant et les meurtres sont imaginatifs, dont un en particulier qui n’a rien à envier aux fatalities de la saga Mortal Kombat. Techniquement le film fait également le job. Quand il ne filme pas son boogeyman de dos, Chris Nash iconise sa création, soigne ses images et choisit bien ses angles de caméra pour des plans parfois classes. Des qualités, il y en a dans In a Violent Nature, le concept est là et n’est pas inintéressant, mais pour aller découvrir tout ça, il va falloir faire une balade en forêt, et pas une petite en plus. La preuve en image…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le concept ♥ La mise en scène quand il n’ y a pas de balade en forêt ♥ Du gore bien méchant ♥ Ça donne envie d’ aller se balader |
⊗ Le concept ⊗ La mise en scène quand il y a une balade en forêt ⊗ La fin ⊗ C’est lent ET long ⊗ Faut aimer les balades en forêt ⊗ Un truc flippant qui m’ a été soufflé à l’oreille pendant le générique de fin: imaginez un director’s cut, avec 8 minutes de marche en plus |
Vous vous êtes déjà demandé ce que fait Jason Voorhees entre deux meurtres dans un Vendredi 13 ? In a Violent Nature a la réponse : il marche, beaucoup. |
Titre : In a Violent Nature
Année : 2024
Durée : 1h34
Origine : Canada
Genre : Je marche seul
Réalisateur : Chris Nash
Scénario : Chris Nash
Acteurs : Ry Barrett, Andrea Pavlovic, Cameron Love, Reece Presley, Liam Leone, Charlotte Creaghan,Lea Rose Sebastianis