[Film] Il Était Temps, de Richard Curtis (2013)

À l’âge de 21 ans, Tim découvre qu’il peut voyager dans le temps et changer ce qui a pu se passer dans sa vie. Sa décision de rendre son monde meilleur en trouvant une petite amie n’est pas aussi simple qu’on le pense.

Avis de Cherycok :
Richard Curtis n’est pas un réalisateur qu’on pourrait qualifier de très prolifique. Trois films à son actif en 20 ans de carrière dont le culte Love Actually ou l’excellent Good Morning England. Il a été bien plus actif au poste de scénariste puisqu’on lui doit pas moins de 70 scripts dont ceux des très connus 4 Mariages et 1 Enterrement, Coup de Foudre à Notting Hill ou Le Journal de Bridget Jones (et sa suite). C’est également lui qui est derrière les scénarios de Cheval de Guerre de Steven Spielberg, les deux films Bean (il a également créé la série) et de bon nombre d’épisodes de la série culte Blackadder. Avec son troisième film, Il Était Temps (About Time en VO), il va s’intéresser au voyage dans le temps. Mais il va le faire à la façon qu’il aime, à la façon comédie romantique légère, et force est de constater que ça fonctionne et que Il Était Temps est un film tout mignon et touchant.

Qui dit comédie romantique dit tout un tas de clichés, de malentendus, de triangles amoureux et autres codes déjà vu 200 fois. Il Était Temps décide de les détourner, de les contourner, pour mettre l’accent sur des moments de vie qui de toutes façons seront comme ils seront car ils sont parfois inévitables, et ce malgré le pouvoir de remonter dans le temps du jeune héros Tim. Point de « je t’aime moi non plus mais en fait si je t’aime » ici. Point d’amoureuse secrète qui va tout faire pour briser le couple idéal. Point de personnage central en dépression car il ne trouve pas l’amour. Mais un équilibre entre famille, amour et carrière qui s’attarde sur le positif et qui essaie de se rapprocher de la vie réelle. Le message du film est qu’il faut profiter du moment présent et de tous les plaisirs que cela offre de vivre sans ressasser le passé et sans penser au futur. Il faut quoi qu’il arrive aller de l’avant, profiter d’une partie de ping-pong avec son père, aider un proche qui en a besoin, de ne pas se laisser déconcerter par un mariage extrêmement pluvieux (qui du coup sera mémorable) car le Temps est une chose précieuse. La mécanique du voyage dans le temps qu’explore le film n’est pas toujours très poussée et va moins jouer que l’effet papillon que d’autres films du genre. Mais qu’importe, il faut se laisser porter par la proposition qui n’est qu’un prétexte pour proposer des scènes charmantes en faisant passer divers messages sur le temps qui passe, sur la mort d’un être cher, ou sur comment il faut vivre pour vivre heureux. Pour le coup, Il Était Temps pourra paraitre un peu plat à ceux qui s’attendraient à une comédie romantique dans les règles de l’art, mais ce n’est pas ce que le film cherche. On pourra également lui reprocher d’aller un peu trop dans le sentimentalisme, mais c’est pour mieux servir son propos et donner à son film un côté étrangement réconfortant, en partie grâce à une mise en scène charmante, à l’image du film. Entendez par là qu’elle ne révolutionne rien, mais elle fait les choses bien, accompagnant son histoire juste comme il le faut.

Le ton est léger, doux, charmant, frais. Certes, l’humour est inégal mais il fonctionne dans la plupart des cas grâce à d’excellentes répliques qui donnent lieu à des scènes parfois très drôles. Il Était Temps se regarde avec un léger sourire sur le coin des lèvres et son casting absolument génial y est pour beaucoup. Le duo formé par Domhnall Gleeson / Rachel McAdams respire le Bonheur, celui entre Domhnall Gleeson et Bill Nighy va transmettre de façon très convaincante l’amour et l’estime qui se cache derrière cette relation père / fils. Le personnage de Bill Nighy est d’ailleurs une des meilleures représentations de la figure paternelle au cinéma qu’il m’ait été donné de voir, saine et positive (là où habituellement c’est le contraire), et la famille dans son ensemble, pleine d’amour et d’insouciance, est très attachante. Au final, on se rend compte que le héros Tim ne va pas utiliser ses pouvoir pour que la fille sur laquelle il a flashé l’aime toujours plus, mais pour apprécier du mieux qu’il peut la vie en elle-même, telle qu’il la toujours vue dans sa tête, telle qu’elle est réellement, parfois avec des laideurs, mais aussi telle que la voit son père lorsque ce dernier se confie à lui. Tim n’est pas un personnage brisé lorsque son père lui fait découvrir son pouvoir, et il ne va pas s’en servir dans une quête absolue de recherche d’amour. Il va l’utiliser pour soutirer le bon de chaque mauvaise situation, mais aussi pour aider sa famille, n’hésitant pas à s’en servir lorsque sa sœur a besoin d’aide, où lorsque la santé de son père se détériore. Richard Curtis aurait annoncé que ce 3ème film serait également son dernier en tant que réalisateur, il est alors facile de faire le parallèle entre cette décision et le cheminement de l’histoire de son film.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Zooey Deschanel avait été choisie pour jouer le rôle de Mary, mais elle s’est désistée en raison de conflits d’agenda et c’est Rachel McAdams l’a remplacée.

• Bien que le film se déroule en Angleterre, aucun des trois acteurs qui interprètent les principaux intérêts amoureux du film n’est anglais : Domhnall Gleeson est irlandais, Rachel McAdams est canadienne et Margot Robbie est australienne.

• Lorsque Tim dit qu’il faut marcher longtemps pour rejoindre la voiture de Mary, il ne plaisante pas. La distance entre l’appartement de Joanne et celui de Mary est d’environ 6 miles dans le centre de Londres.

Titre : Il Etait Temps / About Time
Année : 2013
Durée : 2h03
Origine : Angleterre / U.S.A
Genre : Très charmant
Réalisateur : Richard Curtis
Scénario : Richard Curtis

Acteurs : Domhnall Gleeson, Rachel McAdams, Bill Nighy, Lydia Wilson, Lindsay Duncan, Richard Cordery, Joshua McGuire, Tom Hollander, Margot Robbie