[Film] I Know When You’re Going to Die, de Hadrah Daeng Ratu (2020)

Après être revenue d’entre les morts, Siena est à présent capable de voir des esprits, lui permettant de savoir quand quelqu’un va mourir. Avec l’aide de ses trois amies, elle va tenter de comprendre la raison de ce don.


Avis de Rick :
Comme beaucoup, c’est en 2024 avec son long métrage The Corpse Washer que j’ai découvert la réalisatrice Hadrah Daeng Ratu. La curiosité l’emportant, j’ai eu envie de découvrir un peu ce qu’elle avait fait avant, puisque si elle n’est active que depuis quelques années, elle carbure sec, comme beaucoup. Depuis Jaca Pocong en 2018 en réalité, elle enchaine les productions, alternant productions horrifiques et films un peu plus légers, et même quelques épisodes pour des séries télévisées. Dans le domaine de l’horreur en tout cas, The Corpse Washer est sans doute son métrage le plus réputé. Ironique, sachant que le métrage, très sympathique en passant, tirait son épingle du jeu surtout grâce à son côté dramatique plus que par son côté horrifique, en réalité jamais flippant, jamais viscéral. Le premier métrage sur lequel je me suis jeté, c’est Aku Tahu Kapan Kamu Mati, connu à l’international sous le titre I Know When You’re Going to Die, datant de 2020, et ayant depuis eu droit à une suite, en 2023, signée Anggy Umbara (Siska Neraka, Survive), ce qui en soit, ne rassure pas des masses, même si le film a de meilleurs avis que ce premier métrage. Car ne tournons pas autour du pot, le métrage de Hadrah Daeng Ratu n’est pas bon. Pas catastrophique, distrayant par certains aspects, mais il représente surtout une grosse opportunité ratée. Car dans le fond, son intrigue, elle n’est pas aussi mauvaise que ça. Siena, après avoir frôlé la mort, à la capacité de voir des fantômes, et là où ils apparaissent, ou plutôt, la personne auprès de qui ils apparaissent va mourir dans la journée. Une intrigue qu’on a, dans les grandes lignes, déjà l’impression d’avoir vu, mais pas inintéressante en soit.

Le souci, c’est que l’écriture même du scénario et le ton souvent abordé par le film vont venir plomber le tout. Le métrage pourtant, au départ, a des atouts dans sa poche que l’on remarque assez vite. Par exemple, le groupe de quatre amies, on arrive à y croire, elles ont l’air soudées, leurs interactions paraissent naturelles. Dans le même ordre d’idées, les premières apparitions d’esprits fonctionnent, montrant un design plutôt sympathique, et la mise en scène prend de la distance avec ses esprits, les filmant souvent de loin, ou en plans furtifs. Du coup, le spectateur a tout à fait le temps de comprendre, de les voir, mais jamais le temps de voir les petits détails, de pester sur tel ou tel élément. Sauf que, lorsque tout doit véritablement démarrer, le métrage s’enlise. Aucune réelle évolution de personnages déjà. Le ton de camaraderie entre les personnages fonctionne au départ quand on nous les présente, que le danger n’est pas là. Mais quand au final ça ne change jamais et que ça continue de prendre tout à la légère et de faire des blagues, parfois peu subtiles (oui, à base de pets, on y aura droit), on se dit juste que le film ne se prend pas au sérieux, et du coup, nous aussi on ne le prend plus au sérieux. D’ailleurs, les esprits, s’ils font au départ bonne impression, ça ne dure pas ça aussi, puisqu’à force de les apparaitre un peu tout le temps, le film annihile tout sentiment de peur qui pouvait rester dans le métrage. Et tout cela ne sera pas aidé par des personnages secondaires encore pire que nos principales, en particulier Denisa, interprétée par Sonia Alexa, et qui passe les 90 minutes du film à faire la peste et à en vouloir à Siena. Aucune évolution, rien de rien, juste un personnage détestable là pour faire chier.

Au final, face aux différentes situations du film, il n’y a au final que Siena qui apparaît comme normale et logique, s’inquiétant quand il le faut, cherchant à éviter les ennuis, et cherchant à protéger ses amies lorsque le danger intervient. Tandis qu’autour d’elle, souvent, tout le monde semble déconnecté de la réalité. Et ce n’est pas l’intrigue, qui finalement ne raconte pas grand-chose et met un temps fou avant de se dévoiler, qui va venir sauver les meubles. Là aussi, c’est une opportunité manquée, puisqu’en soit, la petite morale finale est plutôt bien vue et aurait parfaitement fonctionnée dans un film plus sérieux, plus dramatique. Le métrage donc mélange très mal les tons, les genres, et par extension, apparait plus comme une bouffonnerie qui ne sait pas du tout se calmer et mettre en scène les éléments surnaturels, restant constamment sur un ton léger. L’ironie de tout ça, c’est que malgré tout, on ne s’ennuie pas devant le spectacle, court, et plutôt rythmé, même si jamais il ne parvient à véritablement passionner. Maintenant, il va bien falloir voir ce que vaut cette fameuse suite tournée 3 ans plus tard, voir si un réalisateur qui carbure dans l’horreur pure, bien que souvent peu convaincante, amène au moins un plus grand sérieux, et donc amène plus d’implications de notre part dans les aventures de la pauvre Siena.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un groupe d’amies auquel on arrive à croire…
♥ Le design des esprits…
♥ Jamais ennuyeux
⊗ …Mais des personnages qui n’évoluent pas
⊗ …Mais des esprits bien trop présents
⊗ Des personnages secondaires énervants
⊗ Un ton un peu bâtard et peu sérieux
note2
I Know When You Are Going to Die est une déception. Ses esprits sont trop présents, l’ensemble ne se prend pas assez au sérieux et accumule souvent des blagues peu subtiles… Si on ne s’ennuie pas, le film est loin de convaincre.


Titre : I Know When You’re Going to Die – Aku Tahu Kapan Kamu Mati
Année : 2020
Durée :
1h32
Origine :
Indonésie
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Hadrah Daeng Ratu
Scénario :
Aviv Eiham d’après le roman de Arumi E.
Avec :
Natasha Wilona, Ria Ricis, Al Ghazali, Fitria Rasyidi, Ryma Karimah, Sonia Alexa, Elizabeth Christine et Adinda Halona
I Know When You Dead (2020) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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