Ho Sau, un agent de police infiltré dans la pègre, travaille depuis des années avec Yau, un baron de la drogue, mais son travail et sa famille sont en danger.
Avis de Cherycok :
Jason Kwan, réalisateur de la comédie romantico-dramatique A Nail Clippers Romance (2017) et coréalisateur aux côtés de Wong Jing sur Chasing The Dragon (2017) et Chasing The Dragon II : Wild Wild Bunch (2019), se lance tout seul dans le genre du polar avec I Did it My Way, coproduction sino-hongkongaise sortie en fin d’année 2023. Au programme, une histoire de flic infiltré, mais surtout un casting trois étoiles : Andy Lau, Gordon Lam, Eddie Peng, Simon Yam, Lam Suet, Kent Cheng, Philip Keung. Du lourd, d’autant plus que c’est Chin Ka-Lok aux commandes de l’action. Ce film avait tout, en tout cas sur le papier, pour plaire à l’amateur de cinéma de Hong Kong. Et sincèrement, j’y croyais, tout du moins, j’avais envie d’y croire, d’autant plus que le trailer était plutôt malin et annonçait tout ce qu’on attendait. Mais le résultat est plus que moyen, à la limite du mauvais… La déception est d’autant plus grande…
I Did It My Way est sorti en Chine, puis à Hong Kong, et enfin, de façon très limitée, aux États-Unis. A chaque fois, le parcours a été le même. Le film a fait plein dès la première semaine d’exploitation, mais s’est rapidement effondré dès les semaines suivantes, la faute à un bouche-à-oreille qui n’a pas fonctionné et à des critiques presse moyennes. Il aura rapporté au final un total de 49M$US dans le monde si on combine toutes les recettes, un score qui pourrait sembler malgré tout honorable. On sent qu’il y a un minimum d’argent derrière, par le casting prestigieux, certes, mais aussi par l’ampleur de certaines scènes. La mise en scène est soignée, avec une jolie photographie, des cadrages calculés, même si certains effets de style se répètent un peu sans que cela ne soit réellement gênant. Le ton et les couleurs du film font très nostalgiques, une nostalgie qu’on retrouve dans plusieurs films de Hong Kong récents, comme The Brotherhood of Rebel dont je vous ai parlé récemment, mais aussi dans tout un tas de DTV chinois où on sent que les réalisateurs qui sont derrière ont bouffé du film HK durant leur jeunesse. Chin Ka-Lok fait du plutôt bon boulot pour les scènes d’action. On n’en attendait pas moins de lui. Que ce soit les quelques bastons pieds / poings ou les gunfights, cela reste toujours lisible, plutôt intense, même si on l’a clairement connu plus inspiré. La scène de baston dans la cave à vin est réellement impressionnante, bien que trop courte. Ces scènes d’action sont un des points forts du film, ou devrais-je dire un des « seuls » points forts du film. Car à côté de ça, il y a de grosses problématiques.
Le scenario de I Did It My Way n’est clairement pas des plus convaincants, parfois un peu simpliste dans certains de ses arcs narratifs qui sont trop vite expédiés, parfois illogique (pourquoi on a l’impression que les personnages sont toujours en train de se saboter eux-mêmes !?!), sans parler de la représentation du hacking qui fait très old school et qui pourra en faire ricaner certains aujourd’hui, ou encore la façon dont la consommation de drogue est représentée, à la limite du grotesque. C’est dommage parce que le premier acte était très engageant, nous mettant en confiance, avant que l’ensemble ne s’écroule petit à petit comme un château de cartes lorsque la narration perd tout semblant de raison, avec des failles béantes dans l’intrigue. Au niveau du casting, ça souffle le chaud et le froid. D’un côté, on a un trio principal composé d’Andy Lau, Gordon Lam et Eddie Peng, qui s’en sort parfaitement bien. De l’autre, on a des personnages secondaires qui soient tombent dans le risible (pourquoi réserver ce sort à Lam Suet ?), soient qui semblent perdus. Par exemple, l’actrice Cya Liu Yase (Limbo, I’m Livin’ It) n’arrive jamais à retranscrire correctement le traumatisme de son personnage. On a l’impression d’un rôle de plante verte dans toute sa splendeur, comme si personne n’avait voulu correctement la diriger ou un minimum développer son personnage. Et sincèrement, passé le premier acte, on commence à se désintéresser de ces personnages, de l’histoire, de ce qu’il se passe à l’écran. On garde un œil dessus histoire de profiter de l’action mais ça s’arrête là. Un joli loupé.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement réussi ♥ Les scènes d’action ♥ Le casting 3 étoiles |
⊗ Scénario indigeste ⊗ Des seconds rôles ratés ⊗ Certaines idées putassières |
I Did It My Way est un film pour la masse, un film passe-partout, qui traite de plein de choses déjà vues 100 fois, mais qui en dehors de l’action ne fait pas bien les choses. Il y a de fortes chances qu’il sorte de votre mémoire très rapidement après l’avoir vu. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Gordon Lam s’est blessé lors d’une tournage d’une séquence d’action en protégeant un autre acteur d’une chute sur le sol. Il a été immobilisé et transporté à l’hôpital, mais a ensuite répondu aux médias en assurant qu’il ne s’agissait que d’une petite blessure. 4 jours plus tard, on a pu le voir sortir de l’hôpital et assister à la 40ème cérémonie des Hong Kong Films Awards.
Titre : I Did It My Way / 潛行
Année : 2023
Durée : 1h54
Origine : Hong Kong / Chine
Genre : Cyberpolar raté
Réalisateur : Jason Kwan
Scénario : Phoebe Zhao, Erin Xie
Acteurs : Andy Lau, Gordon Lam, Eddie Peng, Cya Liu Yase, Simon Yam, Lam Suet, Kent Cheng, Philip Keung, Hedwig Tam, Terrance Lau, Kevin Chu, Angie Cheong