[Film] Hors Contrôle, de Damon Santostefano (1992)

Un scientifique mène des recherches sur la régénérations des parties du corps humain. Son obsession va enfin trouver une application après qu’il ait perdu un bras lors d’un accident. Mais l’expérience tourne mal, le nouveau membre, créer à partir des gènes d’un lézard et d’un tueur en série développe la capacité d’agir selon sa propre initiative.


Avis de John Roch :
Créé en 1979, Fangoria s’est rapidement imposé comme LE magazine spécialisé dans le cinéma d’horreur aux USA. Encore aujourd’hui, se plonger dans les archives de la revue donne le tournis en terme de contenu et de richesse en matière de previews et pour cause : l’équipe était systématiquement invitée sur la quasi totalité des plateaux de tournages, des films de studios aux productions plus modestes. En bref, pour un Américain amateur du genre, afin être à la page et d’avoir de l’exclu à gogo, fallait avoir son Fango. En parlant de production, le magazine s’y lance au tout début des années 90 en fondant Fangoria Films, branche dont sortiront trois métrages : Mindwarp, Children Of The Night et ce Severed Ties, ou Hors Contrôle en France. Des films aux budgets modestes, mais pensés pour un public fan du genre qui retrouve des noms connus pour eux aux génériques : Mindwarp (réalisé par Steve Barnett, directeur de production d’une chiée de blockbusters qui vont de Dragon Ball Evolution à Avatar 2, mais surtout metteur en scène du très rigolo Scanner Cop 2) a à son casting Bruce Campbell et Angus Scrimm. Children Of The Night, starring Karen Black, est quant à lui mis en scène par Tony Randel qui a donné la première, et meilleure, suite à Hellraiser en s’en tirant avec les honneurs, ainsi que Amityville 1993 et Ticks. Hors Contrôle lui est réalisé par un débutant, un certain Damon Santostefano qui n’avait qu’a son actif deux documentaires, Scream Greats 1 (sur Tom Savini) et 2 (sur le Satanisme et la sorcellerie au cinéma), commandés par Fangoria justement. Coté casting, le métrage a dans sa manche deux anciennes gloires en la personne de Oliver Reed qui tournait dans un peu tout et n’importe quoi à cette époque (ce métrage est d’ailleurs son dernier film d’horreur) et Elke Sommer, ex-starlette et sex symbol Allemande qui a tourné entre autre pour Mario Bava dans Lisa Et Le Diable et Baron Vampire.

Dans le fond, Hors Contrôle n’invente rien et sent le B movie du début des 90’s qui n’a pas encore digéré la période des 80’s. Dans la forme c’est la même chose, mais le métrage en a suffisamment dans le bide pour passer un moment sympathique pour qui est attiré par ce genre de bobines qui sentent bon les étagères de vidéo-clubs et l’achat au pif au club dial pour honorer son abonnement et garder son statut or ou diamant. Mais stop à ce début de digression et entrons dans le vif du sujet avec cette énième histoire de savant fou qui veut mettre au point un sérum capable de guérir tous les maux du monde. Pas si fou le savant, Harrison de son prénom. C’est juste qu’il vit reclus depuis son enfance dans le domicile familial et est dominé par une mère castratrice, manipulatrice et un brin incestueuse qui surveille ses moindres faits et gestes, en particulier ses expériences. Il faut dire que mamoune, c’est une ancienne artiste sur la paille après avoir financé les expériences de son mari le Dr. Harrison, décédé dans un accident de laboratoire mis sur le dos de Harrison alors qu’il n’était qu’un enfant (oui, le héros s’appelle Harrison Harrison). Dans les faits c’est un peu plus compliqué que ça et la vérité finira par éclater mais en l’état, fiston reprend les travaux de son géniteur avec des bribes de notes. Pour le reste, c’est en revivant des flashback de l’accident qu’il réussit à compléter les trous et arrive enfin à mettre au point le plasmide miracle. Seulement la matriarche lui fait doublement à l’envers, d’une part elle lui a fait signer un contrat à la va vite qui vend le plasmide à une entreprise pharmaceutique sans scrupule, la preuve elle a mis sur le marché le thalidomide (sédatif qui a causé de graves malformations congénitales, objet d’un scandale sanitaire dans les années 60), pour se refaire une belle santé financière. D’autre part, elle annonce son mariage avec son amant qui justement bosse pour ladite entreprise pharmaceutique. Harrison réussit à s‘échapper de son labo, mais dans la bataille il y laisse son bras. Un détail puisqu’il a embarqué avec lui le précieux plasmide qu’il va tester sur lui-même et miracle : son bras repousse, mais avec quelques effets secondaires.

Alors le bras, va-t-il devenir hors de contrôle comme le titre Français le laisse penser et va faire un carnage partout où il passe ? Et bien non, en fait, le bras est un mélange de codes génétiques entre le reptile (c’est pour ça qu’il est un peu moche), la personne à qui le plasmide a été injecté (ce qui explique pourquoi Harrison garde le contrôle) et les gènes de la personne à la base dudit mélange, ici un psychopathe (ce qui explique pourquoi il faut pas le faire chier). Le scénario de Hors Contrôle garde le cap sur ces personnages, de manière classique d’un coté avec mamoune et son amant qui sont à la recherche du fiston, et de l’autre de manière un peu plus inspirée avec Harrison qui devient malgré lui une sorte de dieu pour une bande de clodos sous l’influence d’un fanatique religieux que le bras a fait passer de vie à trépas. Et tout ça, ce n’est que la première partie d’un métrage qui part un peu en vrille dans sa seconde qui privilégie l’action au bla bla. Globalement, Hors Contrôle fait le job. Alors oui, dans le fond le métrage n’invente rien, et il est facile de deviner les influences cinématographiques tels que Ré-Animator, Evil Dead 2 ou un final qui pompe dans l’idée celui de La Mouche, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une conclusion plutôt surprenante et glauque. On notera aussi le manque de budget qui se ressent dans des décors assez cheaps il faut bien l’avouer. Mais malgré tout, Hors Contrôle est une série B tout à fait recommandable pour qui affectionne le genre. Le récit est rythmé, on ne se fait jamais chier, il y a quelques bonnes idées et des touches d’humour ici et là qui font parfois basculer le film dans la comédie horrifique. Techniquement rien à signaler, le réalisateur ne fait pas de prouesses mais rien n’est déshonorant et le casting est sympa, en particulier Elke Sommer contente d’être là et Oliver Reed moins content (l’acteur n’a pas apprécié la tournure comique du métrage, et a même envoyé chier le rédacteur de Fangoria pour une interview en lui stipulant qu’il aurait pu jouer Hamlet à Paris au lieu d’être là) mais qui en impose. C’est également généreux en terme d’effets spéciaux mais là ça souffle le chaud et le froid. Si certains s’en tirent bien, et qu’il est toujours sympa de voir des sfx à base de latex et autres matières caoutchouteuses, il y a tout de même de quoi légèrement tirer la tronche quand on voit que ce n’est nul autre que KNB qui est aux commandes. On était en droit d’attendre un résultat un peu plus heureux, bien qu’il n’y ait rien de vraiment honteux, de la part du studio qu’on aura vu en meilleure forme.

LES PLUS LES MOINS
♥ De bonnes idées
♥ Un casting sympa
♥ Les touches d’humour
♥ La conclusion
♥ C’est rythmé
♥ Les SFX à l’ancienne
⊗ Le petit budget qui se ressent parfois
⊗ On aura connu KNB en meilleure forme
⊗ Dans le fond, rien de vraiment original

Troisième et dernier film produit par le magazine Fangoria, Hors Contrôle est une série B qui n’a rien d’original dans le fond mais qui, grâce à de bonnes idées, un rythme soutenu, des touches d’humour et une générosité dans ses SFX réussis ou non, s’avère être recommandable pour les amateurs de ce genre de bobines.



Titre : Hors contrôle / Severed Ties
Année : 1992
Durée : 1h32
Origine : USA
Genre : Main baladeuse
Réalisateur : Damon Santostefano
Scénario : John Brancato, David Casci, Michael Ferris

Acteurs : Billy Morrissette, Elke Sommer, Oliver Reed, Garrett Morris, Johnny Legend, Denise Wallace, Bekki Vallin, Roger Perkovich

Severed Ties (1992) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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