L’enfant d’un couple qui vient à peine d’emménager dans un luxueux appartement vient de disparaître. Sa mère, mentalement fragile, est persuadée que l’enfant a été enlevé. May voit en effet des ombres étranges, et entend des voix…des grattements…comme si quelqu’un était caché… dans les murs.
Avis de Oli :
Entre LOVE BATTLEFIELD et DOG BITE DOG, Cheang Pou-Soi a réalisé un film, passé plus ou moins inaperçu (et je ne parle pas du loufoque HIDDEN HEROES co-réalisé avec Joe Ma et sorti la même année que LOVE BATTLEFIELD). Le long métrage en question s’intitule HOME SWEET HOME, et il s’agit d’un film à tendance horrifique, comme d’autres titres signés Cheang Pou-Soi avant la consécration LOVE BATTLEFIELD. Mais la trame de HOME SWEET HOME dérive rapidement pour faire de ce long métrage là autre chose que ce qui se voit d’habitude…
Tout commence pourtant comme un énième film d’épouvante : une ombre qui se faufile au sein d’un immeuble gigantesque et luxueux, des bruits dans les canalisations, et un enfant qui disparaît. Puis à partir de là, HOME SWEET HOME opère un virage à 180° degrés et laisse plus ou moins de côté l’aspect inquiétude et effroi pour se focaliser sur les personnages de la « créature » et de la mère qui recherche son enfant. L’atout majeur du film de Cheang Pou-Soi se situe d’ailleurs précisément là : le flou des genres, ce difficile équilibre entre drame et horreur…un mélange détonnant et périlleux, que le réalisateur ne maîtrise ici qu’à moitié. Heureusement, les personnages sont réussis, et Shu Qi s’en sort admirablement bien (mais ça devient une habitude depuis ses films avec Hou Hsiao Hsien, comme quoi, il faut toujours y croire… peut-être même qu’un jour Charlene Choi… mais je m’égare…). De son coté, Alex Fong est clairement en retrait, et le peu de temps qu’il passe à l’écran il s’y révèle hélas bien peu convaincant (quand il pleure il me fait grincer des dents). Enfin le troisième personnage du film (je fais l’impasse sur le gamin, tout simplement mauvais) est peut-être le plus important : la « créature ». Difficile d’en parler dans une courte chronique sans dévoiler quelques éléments importants du film. Je peux simplement préciser que ce personnage est très crédible, et que par le biais du talent de Cheang Pou-Soi, l’actrice qui l’incarne (Karena Lam) s’y révèle tour à tour touchante et effrayante (et crade, j’ai d’ailleurs du mal à imaginer ce film en odorama…).
Formellement, on sent que le réalisateur se lâche à plusieurs reprises. Cheang Pou-Soi aurait-il pris confiance ? Sans doute, oui, même si ses films pre-LOVE BATTLEFIELD témoignaient également d’une grande maîtrise technique. Cette maestria transparaît parfois de scènes qui n’ont l’air de rien mais qui sont diablement efficaces : lorsque Shu Qi tombe dans l’escalier, ou quand elle manque de se faire renverser par une voiture (oui, Shu Qi se fait plein de petits bleus sur ses jolis jambes). Ces scènes sont filmées sèchement, le montage est serré : le spectateur a l’impression d’accompagner l’actrice dans ses chutes. Et ça fait mal… Le film n’est pourtant pas sans défauts : ses quelques petites chutes de rythme et la disparition progressive de l’ambiance terrifiante du début (pour creuser plus en profondeur les personnages) pourraient en ennuyer plus d’un. Certains éléments sont également plutôt maladroits, et il est difficile de passer outre quand le ton du film se voulait si sérieux : les flics sont ainsi d’une incompétence si grande qu’ils n’ont presque rien à envier aux policiers constamment caricaturés par Besson dans ses productions. Le flash-back (une fois achevés les deux tiers du film) était sans doute indispensable, mais il est trop long, et tire trop sur la corde sensible. Enfin, une grossière erreur de montage mine la scène finale, puisque Shu Qi (qui est tout sauf une sportive dans ce film, je vous ai déjà dit qu’elle n’arrêtait pas de tomber et de se faire des bleus) va monter plus d’une dizaine d’étages à pieds en l’espace de quelques secondes (elle ne pouvait pas prendre l’ascenseur, toute l’électricité était coupée) pour arriver jusqu’au toit (elle partait du rez-de-chaussée) … même pas essoufflée !
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le mélange des genres ♥ Le montage serré ♥ La maitrise technique |
⊗ Des chutes de rythme ⊗ Certains acteurs peu convaincants |
HOME SWEET HOME demeure malgré tout un film un peu à part. Parfois quelque peu ennuyeux, à d’autres moments carrément prenant, le long métrage de Cheang Pou-Soi a le mérite d’être différent des autres films du genre. Et rien que pour ça, on peut difficilement tirer dessus à boulets rouges. |
Titre :Home Sweet Home / 怪物
Année : 2005
Durée : 1h39
Origine : Hong Kong
Genre : Horreur / Drame
Réalisateur : Soi Cheang
Scénario : Szeto Kam-Yuen, Nicholl Tang
Acteurs : Shu Qi, Karena Lam, Alex Fong, Lam Suet, Tam Chun-Ho, Matt Chow, Zhou Xian-Xin, Lisa togo, Koan Hui On, Fanny Lee, Cheung Sin-Ying, Rocky Li Peng