Un extra-terrestre s’infiltre dans un corps humain pour en prendre possession. Son but : tuer, piller et détruire tout ce qui se trouve sur son passage, pour ensuite passer dans un autre corps quand son enveloppe actuelle est trop détériorée. Tandis que l’inspecteur Tom Beck essaie de comprendre comment d’honnêtes citoyens peuvent se transformer du jour au lendemain en bêtes sanguinaires, un curieux agent du FBI débarque de nulle part pour lui prêter main-forte.
Avis de Cherycok :
Hidden, c’est un film que j’avais vu très jeune, je devais à peine avoir 10 ans (oui, j’aime bien raconter ma vie), et il m’avait marqué. Plusieurs fois, j’ai eu envie de le revoir, mais au final sans jamais le faire, allez savoir pourquoi. 30 ans après, il ne me restait que des flashs de certaines scènes et, en retombant par le plus grand des hasards sur l’affiche du film, je me suis posé la question s’il pouvait faire sur moi le même effet. Je me suis donc lancé dans un visionnage et, une chose est sûre, c’est qu’il est toujours aussi efficace. Pourtant, sur le papier, Hidden a tout d’un film de seconde zone. Mais en réalité, ce n’est pas du tout le cas. Il a même remporté le Grand Prix au Festival D’Avoriaz alors qu’il avait en face de lui des œuvres cultes telles que Robocop, Hellraiser, Histoires de Fantômes Chinois ou encore Le Prince des Ténèbres. Et ça, ce n’est pas rien ! Retour sur un classique des années 80 qui a marqué bien plus de gens qu’on aurait pu le penser.
Jack Sholder, monteur sur Carnage (The Burning, 1981), slasher très classique mais efficace, a envie de passer à la réalisation. Il se voit confier les rênes de Dément (Alone in the Dark, 1982) l’année suivante, petite production de 1M$US sympathique mais néanmoins oubliable. Mais il se fait remarquer et est mis à la tête de La Revanche de Freddy (1985), suite du désormais culte Les Griffes de la Nuit sorti un an auparavant et ayant rencontré un joli succès. Sholder tente d’y amener sa touche personnelle mais cela ne semble pas prendre. Le succès du film est modéré, aussi bien critique que public, même si cela n’empêchera pas d’autres suites de voir le jour. Néanmoins, Jack Sholder ne se décourage pas et s’intéresse à un scénario écrit par un certain Jim Kouf. Ce dernier voulait mettre en images ce qu’il avait écrit mais, après avoir été refoulé par les studios, a décidé de balancer son scénario aux oubliettes. C’est ainsi qu’il arrive dans les mains de Sholder qui a vu là-dedans quelque chose de bien plus intéressant qu’un simple film d’action. Il remodèle tout ça à sa sauce, en y ajoutant certaines thématiques qui lui sont chères et se lance dans la recherche de ses acteurs. C’est ainsi qu’arrivent dans le projet Michael Nouri, que le public avait pu apprécier peu de temps avant dans Flashdance (1983) et Kyle MacLachlan, qui avait jusque-là fait ses preuves chez David Lynch dans les films Dune et Blue Velvet. Le tournage se passe, le film sort enfin, l’accueil critique est dans l’ensemble positif, mais le film connait un succès commercial en demi-teinte, rapportant péniblement 9.7M$US au box-office américain pour un budget de 5M$US. Mais grâce aux nombreux prix qu’il a récoltés dans les divers festivals auxquels il a été présenté, Avoriaz donc mais également Sitges, ou Fantasporto, Hidden va s’affirmer au fil des années et s’arracher dans les vidéoclubs jusqu’à devenir un film culte pour beaucoup de monde. Il s’agit sans aucune contestation possible du meilleur film de Jack Sholder dont la filmographie ne décollera au final jamais, alternant films moyens (Flic et Rebelle, Wishmaster 2), ratages complets (Arachnid) et téléfilms sans grande envergure (Generation X, L’Aube de l’Apocalypse).
Hidden est un film qui ne fait pas dans la demi-mesure et il va nous le faire comprendre dès l’énorme première scène, avec de la vraie course poursuite comme on n’en fait plus, qui sent la tôle froissée et les pneus qui crissent, qui se fout complet de la bien-pensance sur fond de musique rock de bas-étage et bien bruyante. Un peu comme pour nous dire « J’en ai rien à foutre, je fais ce que je veux, et je vous emmerde ». Mais oui bordel, vas-y, fais nous plaisir mon petit Jack ! Et le rythme de Hidden ne va à aucun moment faiblir. Car malgré la redondance de la mécanique du film, celle-ci est sans cesse renouvelée. En effet, la créature qui nous est présentée changeant de corps dès que celui-ci est trop abimé, de nouveaux personnages arrivent sans cesse. Cette créature, on ne nous explique que peu d’où elle vient vraiment. On ne s’embêtait pas avec ça à l’époque et ce n’était pas plus gênant que ça. Deux minutes de bla-bla sur le pourquoi du comment tout au plus, ça évitait aux films de durer 2h30 et leur permettait d’être plus directs, plus percutants. Pour essayer de tuer cette créature, l’excellent Kyle MacLachlan dans un rôle très proche de celui qu’il incarnera plus tard, à la télévision, dans la série Twin Peaks de David Lynch, et dont l’alchimie avec son acolyte Michael Nouri est bien présente. Un duo qui marque les esprits par le décalage de certaines situations (le repas de famille, le « qui couvre qui ») et qui va être à la base de cet humour très léger mais latent tout le long du métrage. Oui, nous sommes parfois proches d’un buddy movie, mais d’un buddy movie avec un alien accro aux Ferrari, à la musique punk rock bien bruyante et passant de corps en corps en utilisant la bouche de ses victimes (le résultat à l’écran reste un moment d’anthologie).
Hidden va mélanger plusieurs genres. Il passe de l’action au fantastique en passant par l’enquête policière avec un naturel désarmant. On a l’impression que Jack Sholder a vraiment fait ce qu’il avait envie de faire, à l’image de son méchant qui vole ce qui lui plait, tue si ça lui fait envie, écoute de la musique dépassée et fait ce qu’il veut des corps dont il a pris possession. Même si aujourd’hui, l’histoire sent le réchauffé car elle a depuis été vue et revue, Jack Sholder a su donner une vraie ambiance à son film, une ambiance qui reste toujours au premier plan grâce à une excellente bande son, tantôt super rythmée, tantôt énigmatique voire atmosphérique. La mise en scène du film est très bonne, certes bien typée 80’s mais très propre. A cause (ou grâce) à un budget des plus serrés, les effets spéciaux sont au final très peu nombreux. Du coup, ils ne sont que plus marquants tant ils ont, encore de nos jours, une sacrée gueule. Il n’y a pas à dire, même s’ils peuvent faire aujourd’hui parfois un peu kitch, ils restent souvent méchamment impressionnants. Vive le latex et les animatronics ! On se délecte également avec grand plaisir des nombreuses cascades et autres explosions que le film a à nous proposer. Même lorsque ce dernier soulève des questions sur ces vies extraterrestres, sur leurs interactions avec l’espèce humaine, c’est toujours précis, sans perte de temps, grâce à des dialogues bien écrits et des scènes qui valent le détour, et ce jusqu’à la conclusion finale qui viendra ponctuer de bien belle manière un film perpétuellement en mouvement et bien plus intelligent qu’il en a l’air.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Mise en scène nerveuse ♥ L’ambiance très réussie ♥ Un excellent Kyle MacLachlan ♥ Aucun temps mort |
⊗ N’apporte rien au genre ⊗ Manque parfois de moyens |
Hidden est bel et bien le film marquant qui trottait dans mes souvenirs de jeune ado. Sous ses airs de production bas de gamme, Hidden est une série B ultra efficace. Sa très bonne réalisation, son énergie, sa créativité et son ambiance très particulière en font un mets de choix. Foncez le voir si ce n’est pas déjà fait. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Malgré le score très moyen au box-office, une suite sera mise en chantier et sortira en 1993. Tout sobrement intitulée Hidden 2, c’est un désastre du début à la fin. C’est d’ailleurs le seul et unique long métrage du réalisateur Seth Pinsker. Un remake de Hidden sous forme de court métrage est également sorti en 2008 sous le titre The Seed et est disponible en téléchargement sur iTunes.
• Michael Nouri a refusé le rôle de Martin Riggs dans L’Arme Fatale pour tourner dans Hidden. Le rôle est donc allé à Mel Gibson. Il est à noter que l’acteur Ed O’Ross apparait dans les 2 films.
• De nombreux acteurs ont été approchés pour interpréter le rôle de Tom Beck. Citons par exemple Mel Gibson, Harrison Ford, Christophe Lambert, Michael Keaton, Ron Perlman, Dennis Quaid, Nick Nolte ou encore Jeff Bridges. Trop chers, pas disponibles, ou tout simplement pas intéressés, c’est finalement Michael Nouri qui a eu le rôle.
Titre : Hidden / The Hidden
Année : 1987
Durée : 1h37
Origine : U.S.A
Genre : Série B powaaaa !
Réalisateur : Jack Sholder
Scénario : Jim Kouf
Acteurs : Kyle MacLachlan, Michael Nouri, Claudia Christian, Clarence Felder, Clu Gulager, Ed O’Ross, William Boyett, Richard Brooks, Larry Cedar