Le film suit la montée d’un jeune homme ambitieux au sein des triades, aidé par un réfugié très respecté dans le milieu. Mais leur patron va décider les éliminer. Pour eux, commence alors une spirale d’une violence incontrôlable…
Avis de Eric Draven :
Hero of Tomorrow est réalisé en 1988 suite au succès phénoménal de A Better Tomorrow 1 et 2 de John Woo (les deux titres se ressemblent beaucoup d’ailleurs). C’est le deuxième film de Poon Man-Kit, spécialiste des grandes sagas mafieuses, comme les excellents Shanghai Grand et To Be Number One.
Membre important d’une triade, Sam (Miu Kiu-Wai) se réfugie à Taiwan, protégé par le parrain local, Billy (William Ho). Crow (Max Mok), un jeune homme ambitieux et désireux de rentrer dans le monde des triades, aide par hasard Sam sur l’une de ses dangereuses missions. Les deux hommes ne tardent pas à devenir ami. Mais Sam décide de se ranger lorsqu’il tombe amoureux de la sœur de Crow, tandis que celui-ci se fait une place importante dans le milieu de la mafia. Le bonheur est de courte durée car Billy commence à se retourner contre lui et l’envoi jusqu’à Hong-Kong dans le but de se faire tuer. Crow réussi malgré tout à s’échapper pour retourner voir sa petite amie qui, entre-temps, se suicide après s’être faite violer par les hommes de Billy. Au même moment, sa sœur meurt dans une fusillade. Aidé de Sam, Crow commence sa vengeance… Le casting est assez impressionnant. Le rôle principal de Crow est confié à Max Mok qui, la même année, obtient le magnifique rôle de Lai Chi, Last Eunuch in China, produit par Sammo Hung. Il est ici très à l’aise et arrive à rendre son personnage très attachant et sympathique. Pour les autres rôles, nous retrouvons Miu Kiu-Wai, vu notamment dans Eastern Condors ou Outlaw Brothers, pour Sam ou encore Laurence Ng, un habitué des catégories III (la série des Daughter of Darkness par exemple) pour celui de Billy. Il est intéressant de remarquer quelques gueules du ciné HK en guest-stars : Tommy Wong (Prison on Fire), Philip Kwok (chorégraphe du Pacte des Loups), Philip Chan (A Toute Epreuve), ou encore Blacky Ko (réalisateur de Curry and Pepper et Invincible) …
Ce film est un excellent démarquage du Syndicat du Crime. De nombreux clins d’œil au film de Woo sont présents tout au long du métrage. Le jeu excessif de Max Mok fait penser à Chow Yun Fat, ce côté décontraction et impulsivité qui rendit son personnage de « héros tragique » si populaire. Dans une scène, l’un des personnages lui offre la célèbre paire de lunettes de soleil en lui disant que « les véritables gangsters » en portent toujours. De plus, on retrouve toutes les valeurs chevaleresques propres aux films de sabres, que John Woo avait emprunté pour son film ; l’amitié, la trahison, le code d’honneur, la rédemption impossible… La relation qui se noue entre tous les personnages est très bien construite et dirigée par le réalisateur : l’histoire d’amour liant Sam et la sœur de Crow ou encore l’amitié entre les différents protagonistes (voir la scène dans laquelle Max Mok se tranche le doigt, tout droit sortie d’un film de yakuza de Fukazaku ou Kitano). Les combats et les gunfights sont très bien réalisés même s’ils sont peu nombreux. Ils se situent essentiellement sur la seconde moitié du film, à partir du moment où l’histoire est mise en place et les personnages solidement installés. Les deux dernières fusillades sont à ce titre extrêmement efficaces, bien chorégraphiées et remplies d’images fortes : le corps de la sœur de Crow criblée de balles s’effondrant aux milieu des cartes d’invitation de son futur mariage, ou encore le dernier plan du film (dont je vous laisse la surprise de découvrir). Un petit bémol cependant sur le second combat (avec Blacky Ko) monté au ralenti sur toute sa durée, ce qui enlève beaucoup d’énergie et de puissance à la scène. C’est dommage, car l’idée de l’avoir monté en parallèle avec un combat de chiens clandestin était une bonne idée au départ.
Le final est surprenant. Max Mok aura un choix difficile à faire, rappelant d’un côté le final sans compromis de Seven réalisé par David Fincher (le face à face Brad Pitt/Kevin Spacey). Sa décision appuiera les valeurs chevaleresques défendues dans le film (amitié, code d’honneur). Je pense en tout cas que ce genre de scènes, surprenantes et violentes, a permis aux films de Hong Kong d’acquérir leur (tardive) reconnaissance internationale. De plus, ce final va à l’encontre de la glorification des gangsters comme a pu le faire A Better Tomorrow ou la série des Young and Dangerous. Niveau technique, rien à redire : la direction artistique est très soignée et permet de créer une ambiance enveloppante ; à noter l’inévitable chanson karaoké au bout des 50 minutes sur tous les polars HK (qui n’apporte en général jamais rien à l’histoire, hormis dans le superbe « Moment of Romance »).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un excellent casting ♥ Des moments très puissants ♥ Mise en scène soignée |
⊗ Des scènes d’action pas assez nombreuses |
Note : | |
Pour moi, ce film de Poon Man-Kit est une réussite sur beaucoup de points (acteurs, gunfights, thèmes abordés…). A ranger avec les meilleurs films de triade, aux côtés de Angry Rangers, To Many Ways To Be Number One ou encore Beyond Hypothermia. |
Titre : Hero of Tomorrow
Année : 1988
Durée : 1h28
Origine : Hong Kong
Genre : Hero Movie
Réalisateur : Poon Man-Kit
Scénario : Clarence Yip
Acteurs : Michael Miu, Max Mok, William Ho, Cheung Wing-Jing, Chin Su-Mei, Joan Tong, Lung Ming-Yan, Doris Kuang, Ku Feng, Tommy Wong, Blacky Ko