Dans la Grèce antique, alors que la fête bat son plein et que les fées se penchent sur le berceau d’Hercule, fils de Zeus, Hadès, seigneur des enfers, ronge son frein. En consultant les Moires, il apprend que les planètes lui seront favorables dans dix-huit ans. Pour gouverner l’Olympe, il lui suffira de libérer les Titans, jadis emprisonnés par Zeus, après avoir éliminé le seul dieu capable de le tenir en échec : Hercule.
Avis de John Roch :
Hercules est réalisé par Ron Clements et John Musker, qui ne sont pas n’importe qui dans la maison aux grandes oreilles puisqu’ils ont sauvé la boite qui enchaînait les échecs commerciaux. Michael Eisner, alors fraîchement nommé à la tête de Disney, envisageait carrément de délaisser le grand écran, entre en scène le duo de réalisateurs qui prouveront avec Basil : Détective privé en 1986 que les longs métrages d’animations Disney peuvent encore ramasser des billets verts dans les salles, sans toutefois être un énorme carton. Puis en 1989 avec la Petite Sirène, qui lui cartonne, et réitèrent l’exploit avec Aladdin en 1992. L’année suivante, après avoir essuyés le refus d’une adaptation futuriste de la planète aux trésors, ils penchent sur un film d’animation ayant pour thème la mythologie grecque, le résultat sort 4 ans plus tard, Hercule donc, qui tombe à point nommé puisqu’en cette année 1997, Disney avait besoin d’un métrage plus léger que les deux précédents, Pocahontas et le Bossu de Notre Dame, jugés trop sérieux et trop sombre par le public de l’époque. Et ils vont être servis, car Hercule s’éloigne clairement de l’enchantement propre à ce que faisait la société pour une bonne dose de fun, une sorte d’anomalie délirante comme le seront plus tard Lilo et Stich ou Kuzco : l’Empereur Mégalo, ce qui en fait le métrage d’animation Disney le moins apprécié de la décennie 90 de la communauté des fans de Disney, juste après Bernard et Bianca au Pays des Kangourou. Autant tout de suite le signaler, les passionnés de mythologie Grecque font faire la gueule. Hercule n’adapte pas à proprement parler le mythe d’Héraclès, on reste chez Disney et reprendre telle quelle la légende du demi-dieu est tout simplement impossible, et en plus de s’en éloigner, le film reprend d’autres mythes et légendes Grecques pour les intégrer à son histoire. Hercule a d’ailleurs été extrêmement mal accueilli en Grèce, où le public et les critiques reprochent non seulement à Disney de distordre leur histoire et leur culture à des fins mercantiles, mais aussi de les avoir insulté en voulant organiser la première du film sur la colline de la Pnyx, éventement annulé car jugé scandaleux. Une sacrée goutte d’eau qui a fait déborder le vase mais il faut les comprendre, on leur avait déjà piqué Demis Roussos.
Après avoir enfermé les Titans dans le Tartare, Zeus a un fils avec sa femme Héra : Hercule. Une épine dans le pied d’Hadès, qui apprend auprès de Moires que le nouveau né est le seul à pouvoir empêcher son plan de domination de l’Olympe. Il charge ses deux sbires, Peine et Panique, de faire boire un breuvage à Hercule qui de ce fait deviendra mortel et donc éliminable. Rien ne se passe comme prévue et le bambin ne boit pas la dernière goutte, il devient mortel mais conserve une force divine. Rejeté par la société Grecque antique, Zeus lui révèle ses origines et demande à son fils de rejoindre Philoctète, qui est le seul capable de le former pour devenir un héros et ainsi rejoindre l’Olympe. Dans sa forme, Hercule ressemble à Aladdin, Belle ou Arielle, à savoir un personnage qui n’est pas à sa place dans la société et est incompris par les siens, qui va vivre un voyage initiatique parsemé d’embûches au bout duquel il trouvera sa voie. À la différence près que ici Hercule est un héros maladroit, qui s’en prend plein la gueule et qui est surtout un peu teubé, comme on dit gros muscles petite bi… heu petite tête. Car Hercule mise tout sur l’humour et le délire, les gags visuels et verbaux s’enchaînent à un rythme effréné, entre Philoctète qui va subir physiquement la maladresse d’Hercule, Pégase le cheval ailé qui a une cervelle de moineau, Peine et Panic qui subissent eux la colère d’Hadès, on est en pleine comédie slapstic cartoonesque. Les petits apprécieront ce déferlement de gags, les plus grands souriront devant une multitude de petites références à la mythologie grecque et se marreront lorsque le métrage se permet de critiquer Disney de l’intérieur, car Hercule à force d’enchaîner les exploits (les fameux 12 travaux) et donc les succès, ne devient pas un héros mais une marque, et la population de Thèbes où se déroule l’action se rue sur des produits dérivés tels que des Airs Max à la Hercule, des peluches Pégases, des gobelets ou encore des figurines. Un joli pique au merchandising qui envahit les étals des magasins à la sortie d’un film estampillé Disney et aux Disney Store qui commençait à cette époque son développement à l’international.
Mais la cerise sur le gâteau, c’est l’antagoniste de Hercule : Hadès, qui remporte haut la main la palme du méchant le plus délirant jamais sorti d’un Disney. Doublé en VO par un James Woods déchaîné, il insuffle à son personnage une énergie débordante qui ne le rend que plus drôle et cool, jusqu’à voler la vedette au personnage principal car la star de Hercule, c’est Hadès et personne d’autre. L’autre personnage intéressant, c’est Megara, qui s’éloigne complètement du clan des princesses Disney. Megara est un personnage froid, sarcastique, qui a perdu la foi en la gente masculine et qui met en avant sa croupe pour séduire Hercule car elle est en fait à la botte de Hadès après lui avoir vendu son âme pour sauver son amant, qui s’est barré avec une autre femme. Bien que naturellement elle ne soit pas si méchante et qu’elle tombera dans les bras de Hercule, on ne peut que saluer l’effort de Disney d’avoir laissé passer ce personnage un brin subversif au sein de la compagnie, qui n’aura d’ailleurs aucune poupée à son effigie lors de la sortie du film. Hercule regorge donc de personnages drôles mais aussi attachants, qui auraient pu l’être d’avantage si les réalisateurs s’étaient légèrement bridés sur le rythme frénétique de leur œuvre. Car posé les enjeux et caractérisé ses personnages juste ce qu’il faut, Hercule va vite, trop vite. Les gags s’enchaînent frénétiquement au détriment de l’action, qui certes ne manque pas et offre des moments de bravoure épique (le combat contre l’hydre) mais trop courts. Les douze travaux sont compilés sous forme de clip pendant une chanson quand ils ne sont pas juste évoqués dans les dialogues, et les Titans repartent aussi vite qu’ils sont arrivés. Chansons justement, on retrouve à la musique Alan Menken, gage de qualité. Si sa composition n’est pas ce qu’il a offert de plus mémorable, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit mauvaise, il surprend en livrant une musique où le Gospel est mis en avant, s’éloignant de ce fait des autres scores de Disney, ultime preuve que Hercule n’est définitivement pas un Disney comme les autres.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Hadès, le méchant le plus drôle et cool de chez Disney ♥ Un délire cartoonesque au rythme frénétique… ♥ Un film qui s’ éloigne de ce que Disney avait l’ habitude de faire ♥ La musique |
⊗ Les fans de la mythologie Grecque risquent de faire la gueule ⊗ … un peu trop frénétique |
Avec Hercule, Disney propose un délire cartoonesque qui tranche avec ce que la firme aux grandes oreilles avait pour habitude de produire. Un délire cartoonesque qui contentera les petits comme les grands. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Hadès est l’un des rôles préféré de James Woods, qui a toujours répondu présent pour le réinterpréter, que ce soit dans la série animé qui a suivi, le jeu sur PS1, ou la saga vidéoludique Kingdom Hearts.
• Réalisée par ordinateur, l’Hydre nécessitait entre 6 et 14 heures pour juste une image/seconde, la scène qui dure 4 minutes à l’écran a pris 1 an et demi pour être mise en scène.
• Les Spice Girls étaient prévues pour faire les voix des muses, elles ont déclinées suite à un conflit d’emploi du temps.
Titre : Hercule
Année : 1997
Durée : 1h33
Origine : U.S.A
Genre : Délire Disneyien
Réalisateur : Ron Clements et John Musker
Scénario : Ron Clements, John Musker, Don McEnery et 15 autres scénaristes
Acteurs : Tate Donovan, Susan Egan, James Woods, Danny deVito, Rip Torn, Charlton Heston, Amanda Plummer, Bobcat Goldthwait, Matt Frewer, Patrick Timsit