Miho, lycéenne, est fan d’un groupe se faisant appeler The Devil, et se rend à un concert. Sur place, elle rencontre Haruka, et les deux deviennent immédiatement amies. Mais lors d’un concert, elles sont témoins de l’agression d’une chanteuse par un fan, ce qui la défigure. La chanteuse décide de prendre les choses en main en se servant de la légende de la fille des enfers. La légende dit qu’en se connectant à minuit sur un site internet, l’on peut entrer un nom, et Enma Ai, la fille des enfers, apparaît alors pour amener cette personne en enfer. Mais en échange, au moment de sa mort, Enma Ai amènera également la personne ayant fait appel à elle en enfer.
Avis de Rick :
Et nous y voilà, encore et toujours, une nouvelle adaptation d’un animé. Mais voilà un cas un peu plus particulier. Là ou le multi format au Japon commence souvent par un manga, voir un visual novel avant d’être transposé en animé, puis en film live par la suite, La Fille des Enfers était un animé avant d’être transposé en manga. Quatre saisons en tout, de 2005 pour la saison 1 à 2017 pour la saison 4 (oui, une dernière saison tardive, et plus courte), mais je n’ai vu que la première, et le début de la saison 2. Car Jigoku Shôjo, c’est aussi différent en terme de structure. Avec son concept, et malgré une personne récurent cherchant à élucider le mystère, et bien chaque épisode peut être vu séparément, jusqu’aux derniers épisodes. Chaque épisode a son personnage qui a une raison d’invoquer Enma Ai (la fille des enfers), et donc au final, la structure s’avère extrêmement répétitive. Le ton lui oscille entre le glauque (certains cas assez difficiles), le grotesque total (la manière donc Enma et son équipe s’en prennent à leurs victimes), et parfois, le ratage total (certaines histoires inintéressantes au possible). Alors quand on place sur cette adaptation Shiraishi Kôji, un réalisateur que j’apprécie énormément, à la fois au scénario et à la mise en scène, je me dis que le résultat peut-être intéressant à défaut d’être mémorable, surtout que le monsieur a le sens du grotesque depuis un sacré bout de temps. Depuis ses débuts en fait, en 2004, avec un sketch pour Dark Tales of Japan, le moyen métrage souvent glauque Dead Girl Walking et le film de fantôme plutôt opportuniste Ju-Rei. La suite ? Du culte et moins culte. Noroi (excellent documenteur), Carved (sur la fille à la bouche tranchée), Ghost Zombie (que je n’avais pas aimé), Grotesque (gore et grotesque), les deux Teke Teke (très sympathiques), Occult (là ça commence à être moins bon), Shirome (là c’est mauvais), Kami Idol Sousenkyo Battle (catastrophique). Et avec ces derniers métrages, on n’attendait plus rien de lui. Sauf que Shiraishi n’avait pas dis son dernier mot, et revient avec Cult (très sympathique), d’autres films que je dois toujours voir (A Record of Sweet Murder, Ada), puis le très sympathique et bancal Sadako VS Kayako. Comme quoi rien ne lui fait peur, donc après avoir réalisé l’impensable, le voir sur Jigoku Shôjo ne fait même plus peur.
Et c’est sans surprise que si Jigoku Shôjo n’est pas parmi les meilleurs films du monsieur, il est loin de ses pires, et s’avère finalement fidèle à l’animé, en alternant les moments bien sentis, les moments gore, les moments fidèles, et les ratages complets. D’ailleurs, ça tombe bien, puisque Shiraishi réutilise une partie de son équipe de Sadako VS Kayako, à commencer par l’actrice Tamashiro Tina, à qui il offre ici le rôle clé d’Enma Ai, la fille des enfers donc du titre. Bon pour le reste du casting, à l’exception de quelques valeurs sûres (Maro Akaji en second rôle discret), on a plutôt droit à des idoles, débutantes et j’en passe. Shiraishi, au scénario, fait le choix de garder une intrigue simple. Une introduction (plutôt bien troussée et montrant déjà quelques aspects grotesques), puis un personnage principal, une seule intrigue, pour un total de trois malédictions dans le même cercle de personnage. Pas de multi intrigues en pagaille, un peu comme un épisode de 25 minutes qui aurait été développé sur 1h50. De quoi éviter donc la répétitivité de la série. Le souci, c’est qu’en prenant des lycéennes pour les personnages principaux et en plaçant son intrigue dans le milieu de la musique (quel milieu de rapace, on le sait depuis le temps), Shiraishi ne fait pas le meilleur choix en réalité. Il plonge alors facilement dans le contenu inintéressant et moins grave de la série de base. Au moins, il reste fidèle à tous ses aspects, mais c’est dommage. Mais en tout cas, durant les 45 premières minutes, voir la première heure, son métrage fonctionne malgré quelques ratés. C’est rythmé, ça va assez souvent à l’essentiel, certaines scènes sont plutôt jolies, et le réalisateur se lâche lors des apparitions d’Enma Ai et de ses acolytes, en faisant le choix d’un contenu visuel plus surréaliste donnant un cachet à son métrage. Parfois, on a de jolies scènes (lorsque Enma parle à ceux qui l’invoquent), parfois c’est carrément surréaliste (ses apparitions à ses victimes) et parfois totalement grotesques (les mises à mort).
Ce qui est dommage par contre, c’est que Shiraishi se contente de raconter son histoire, passant ainsi dans le même cercle de personnages d’une vengeance à une autre, et donc d’une invocation à une autre, plutôt que de donner plus de background à ses personnages emblématiques. Sans doute ne voulait-il pas humaniser son personnage clé en révélant son passé, mais c’est un peu dommage. Car il lui donne une présence, la fait traverser le métrage, mais rien de plus. Et du coup, la seconde heure de son métrage se fait clairement moins prenante, surtout que le film appuie alors plus sur son aspect musical (il y a bien trois chansons sur scène dans le métrage, ou quatre), et oublie également le plus souvent de jouer sur l’ambigüité. Car de quel droit peut-on fait appel à Enma Ai pour se venger ? Où est la limite, morale ? Et où est le retour de bâton, encore une fois moral ? Ici, il n’existe pas, puisque finalement, le seul retour de bâton pour les personnages faisant appel à la fille des enfers sera également d’être emmenée par elle au moment de la mort, ce qui peut survenir bien des années plus tard. Du coup, malgré des éclats sanglants et grotesques, Jigoku Shôjo reste assez lisse en surface, survolant alors son sujet et ses thématiques pour se focaliser finalement sur ses jeunes et leurs tracas. Non pas que ces tracas soient surréalistes, ou que de telles situations n’arrivent jamais, mais de la part du réalisateur, ça aurait pu aller bien plus loin. En fait, il livre un film de genre assez maitrisé, mais qui se contente d’être… un film de genre en fait, visant un public large. Avec un tel concept, nul doute que des suites pourraient débarquer, mais malheureusement la direction sera sans doute la même, ou pire. Si bien que malgré ses égarements et quelques scènes ratées ou moins inspirées, et bien je vais me contenter de ce résultat.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Quelques scènes surréalistes ♥ Plutôt sérieux dans son approche ♥ Enma Ai ♥ Se regarde bien |
⊗ Totalement lisse vis-à-vis de son sujet ⊗ Quelques scènes discutables ⊗ Se focalise trop sur les humains |
Shiraishi Kôji adapte Jigoku Shôjo. Un projet en or pour lui, entre grotesque, fond malsain par moment, morale intéressante. Malheureusement, si son film reste sympathique et avec d’excellentes scènes (et d’autres ratées), il passe un peu à côté des éléments les plus pertinents et intéressants, dommage. |
Titre : Hell Girl – Jigoku Shôjo – 地獄少女
Année : 2019
Durée : 1h47
Origine : Japon
Genre : Fantastique
Réalisation : Shiraishi Kôji
Scénario : Shiraishi Kôji
Avec : Tamashiro Tina, Hashimoto Manami, Maro Akaji, Raiku, Mori Nana, Nimura Sawa et Ôba Mina
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