[Film] Headhunters, de Morten Tyldum (2011)


Il ne faut pas se fier aux apparences… Rien ne semble résister à Roger Brown : redoutable chasseur de tête admiré de tous, il vit à Oslo avec sa ravissante femme Diana qui travaille dans le monde de l’art. Ce que personne ne sait, c’est que Roger mène une double vie : la nuit, il vole de célèbres tableaux. Lors d’un vernissage dans la galerie de sa femme, il croise le chemin de Clas Greve, un ancien mercenaire qui a hérité d’une célèbre toile de Rubens. Cette nouvelle ne peut qu’attiser l’envie de Roger qui n’a désormais plus qu’une idée en tête…


Avis de Iris :
Il est parfois des soirées où rien ne semble pouvoir fonctionner comme on le souhaite et que pas grand-chose ne semble en mesure de sauver. Ce genre de soirées où après avoir enchaîné repas, coucher-bisous-câlins-rebisous-recâlins, relevage, quatorze demandes à boire de trois gnomes aussi enclins à dormir que des gremlins à minuit, on s’affale enfin dans le canap pour voir un bon film mais que le sort s’acharne… D’abord on met une demi-heure à choisir un film dont mathématiquement la durée diminue et pour couronner le tout on se plante dans le choix (p…. de traducteurs de titres qui collent le même sur deux films différents sortis la même année) et bien entendu le film sera le mauvais et mauvais tout court, jusqu’au bout j’vous dis ! Alors après ce… moment de loose bah forcément on reste sur sa faim, on cherche autre chose à voir qui pourrait remonter le moral, court hein nécessairement parce que là il est tard, et c’est là qu’une petite bobine germano-norvégienne vient contre tout attente sauver ce qu’il restait de la soirée, un petit ovni qui vous ravigote mieux que le vin chaud, Headhunters !

Petit film au budget de 3.6M$ sorti en salles en Norvège en 2011, Headhunters sera présenté au festival de Beaunes en 2012 chez nous mais n’aura droit qu’à une sortie directe en DVD bien plus tard, en 2013. Il avait pourtant signé le second plus fort démarrage d’un film en Norvège et ne fut battu cette année-là que par Harry Potter et les reliques de la mort part.2. C’est dire si nos distributeurs sont des visionnaires… Quoi qu’il en soit le film s’est exporté dans 50 pays, un record pour la Norvège et pour ma part, un grand merci ! Il rapportera environ 5 fois son budget de production, les droits seront rachetés par la Summit immédiatement pour un remake, abandonné en 2013 suite au rachat de la Summit par Lionsgate, lorgné par HBO en vue d’une série annoncée cette même année puis totalement abandonnée. Ouf !

Nous suivons donc Roger, ambitieux, prêt à bouffer le monde des ressources humaines du haut de ses… 1m68 ! Il est jeune, talentueux (pour un recruteur hein, « chasseur de têtes » comme on dit dans le jargon), marié à la sublime Diana qui mesure environ 1,5 Roger, qui dirige une galerie d’art et à qui Roger passe tous les caprices afin qu’elle n’aille pas voir si d’aventure il ferait meilleur d’embrasser quelqu’un que l’on peut regarder dans les yeux sans plier le genou et surtout qu’elle n’ait aucun soupçon sur les incartades sexuelles de son mari (oui parce que pour bien enfoncer le clou du petit bureaucrate aux dents longues, Roger visite la donzelle)… Et les besoins de Diana sont chers, beaucoup trop chers pour le salaire de Roger qui doit donc trouver une source de revenus additionnelle… Le trafic d’œuvres d’art qu’il vole et revend. Il est aidé dans ce petit job alimentaire par un complice chargé de refiler les tableaux aux acheteurs. Cette petite vie est bien rodée. Mais depuis quelques temps la source se tarit et Roger commence à manquer de trésorerie. Alors lorsqu’un soir, au détour d’un vernissage, il apprend qu’un ancien mercenaire danois veut faire expertiser un Rubens, il décide dans l’urgence de lui éviter cette peine et de le soulager du fardeau d’un si vieux tableau. C’est quand même altruiste avouez-le ! Sauf que ben… Faut pas trop titiller les mercenaires danois apparemment, c’est susceptible au possible et quand ça lorgne sur votre nénette, j’vous raconte même pas ! Roger va donc devoir prendre quelques vacances, loin, incognito… Et nous l’y suivons avec délectation.

La force de ce Headhunters, c’est d’arriver avec brio à mêler le thriller, le drame, le burlesque, l’action et quelques fois le gore avec une justesse sur chacun des registres qu’il est assez rare d’observer. On peut en cinq minutes passer du suspense aux éclats de rire en ayant entre temps émis un « euuuurk » et finir touché par un Aksel Hennie/Roger excellent dans ce rôle. L’histoire est également très bien ficelée et est servie par un très bon casting incarnant des personnages tous aussi barrés les uns que les autres. Chaque détail compte pour servir l’histoire à un moment. C’est très fin scénaristiquement, sans jamais tomber dans le casse-tête incohérent à force de trop en faire comme cela arrive parfois quand le twist tue le twist. Une finesse inversement proportionnelle au gore ou au comique de certaines scènes. Le film n’a aucun temps mort et le réalisateur Morten Tyldum arrive à parfaitement rythmer le métrage (en une heure et demi encore heureux diront certains mais ce site est tout de même un bon exemple que ce n’est pas toujours un gage de garantie, de rien mon Cherycok).
Ajoutons à tout ceci un duel avec Clas Greve /Nikolaj Coster-Waldau (Jaimiiiiiiiie Lannister) qui reste juste parfait en minet psychopathe et qui donne à cette course poursuite une esthétique que la midinette qui sommeille en nous ne peut qu’apprécier. Et l’on se surprendra à encourager le petit con ambitieux et phallocrate dans sa lutte pour la survie et ce n’était pas gagné d’avance. Difficile d’en dire plus sans spoiler tant les scènes qui participent de certains twists sont juste improbables (avec en guest : promenade en tracteur, double airbag, cabane en bois…).

Le tout emballé de la plus belle des manières avec une mise en scène et une photographie splendides où l’on passe des buildings de la capitale, en s’attendant à voir Richard Geere sortir des bureaux, aux sombres forêts scandinaves. C’est sobre et c’est beau. Ce que le cinéma nordique nous livre de meilleur en termes de polar à l’humour noir caustique. La BO, discrète certes, est également bien pensée et souligne le tout avec la même qualité que les images.
Si l’on devait reprocher quelque chose à Headhunters, mais vraiment pour lui chercher des noises, ce serait peut-être que certaines ficelles employées sont loin d’être inattendues et que la fin n’est peut-être pas celle qui s’imposait. Cela dit, rien ne s’en trouve gâché et l’on reste absolument séduit par le visionnage, tant par les références confortables aux films noirs classiques que par les très bonnes et originales idées qui nous sont offertes.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting
♥ L’humour noir
♥ Le scénario
♥ La photographie
⊗ Quelques ficelles faciles
On garde de Headhunters certaines scènes d’anthologie, un gros sourire aux lèvres, une efficacité totale, de très bonnes idées, l’espoir que le cinéma norvégien attire dorénavant un peu plus l’attention dans nos contrées et une peur viscérale que, malgré les différents abandons de nos amis d’outre-Atlantique, un remake finisse par voir le jour. Très bonne série B à voir !



Titre : Headhunters
Année : 2011
Durée : 1h40
Origine : Norvège
Genre : Pølar
Réalisateur : Morten Tyldum
Scénario : Ulf Ryberg, d’après l’œuvre de Jo Nesbø

Acteurs : Aksel Hennie, Synnøve Macody Lund, Nikolaj Coster-Waldau, Julie Olgaard, Kyrre Haugen Sydness, Reidar Sorensen, Nils Jørgen Kaalstad, Joachim Rafaelsen

 Headhunters (2011) on IMDb


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Auteur : Iris

Aime tout ce qui de près ou de loin fait appel à tout sauf au réalisme, fan de SF, tombée petite dans l’Heroïc Fantasy, amatrice de grandes sagas impliquant Elfes, nains et autres trolls, fan de vampirades en tous genres ou de délires Lycanthropiques. Peut se satisfaire de l’esthétique et relativement bon public dès lors que cela ne concerne pas les requins à trois têtes ou la nouvelle vague. Impressionnable en cas de scènes de torture ou d’esprit malfaisant, a parfois besoin de décompresser devant un gros blockbuster décérébrant.
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