Des rivalités, de sombres secrets et des tensions amoureuses émergent lorsque trois meilleurs amis se retrouvent coincés sur un yacht au milieu de l’océan dans des circonstances suspectes.
Avis de Cherycok :
Disponible chez nous exclusivement sur la plateforme française de SVOD ShadowZ à l’heure où j’écris ces lignes, Harpoon est l’exemple même du petit film qui sur le papier semble avoir déjà été vu et revu maintes fois. Un huis clos où des personnages vont finir par se foutre sur la gueule, avouez que ça n’a rien d’original. Mais pourtant, le réalisateur Rob Grant va pondre une bobine bien plus maline qu’il n’y parait. Une bobine qui va savoir se renouveler et surprendre le spectateur lorsque cela est nécessaire. Bien entendu, il ne révolutionne pas grand-chose, mais il sait se montrer suffisamment efficace 1h23 durant pour retenir malgré tout un minimum l’attention.
Harpoon s’inspire librement du roman Les Aventures d’Arthur Gordon Pym, roman écrit en 1838 par Edgar Allan Poe. Le film nous conte l’histoire de trois amis de longue date, inséparables. Richard, jeune homme qui ne sait plus quoi faire de son argent, propose à sa petite amie Sasha et à son meilleur ami Jonah, qui a perdu récemment ses parents, d’aller se faire une petite journée en mer, sur son bateau, afin de passer du bon temps, de s’évader l’espace de quelques heures, mais aussi de tester le cadeau qu’ils viennent d’offrir à Richard pour son anniversaire, un fusil sous-marin (le harpon du titre donc). Sauf que cette histoire d’amitié va très vite voler en éclats lorsque certaines révélations et autres découvertes vont pointer le bout de leur nez et, bien entendu, la situation va très vite dégénérer à cause de vieux démons qui vont ressurgir. Nous sommes donc ici dans un huis clos en pleine mer. En gros, on passe de la cabine du bateau à l’extérieur de ce bateau et vice et versa, avec en tout et pour tout trois personnages. Harpoon ne perd pas de temps. Le film démarre très vite et au bout de vingt minutes, le pot-aux-roses nous est balancé au visage. Du coup, il reste une heure de métrage, ils sont sur un petit bateau, perdus en pleine mer, sans l’ombre d’une âme qui vive à l’horizon, et la seule chose qu’on espère, c’est que le film ne va pas tourner en rond. Mais avec son scénario très malin, le film arrive sans cesse à se renouveler, avec pas mal de bonnes idées, bien que pas toujours toutes très bien exploitées, mais permettant à Harpoon de faire régner une bonne tension sur notre triangle amoureux (pas de spoil ici, ça nous est révélée dans les cinq premières minutes). On se doute très rapidement qu’il va y avoir des problèmes, on le devine même, mais on attend de voir de quelle manière ils vont arriver.
Le réalisateur Rob Grant prend un malin plaisir à ne jamais rendre ses personnages attachants. Aucun n’est blanc comme neige, et rapidement on se rend compte qu’il va falloir toujours se méfier de ce qu’ils vont dire ou faire, et essayer de deviner s’ils sont sincères ou non. Le film va jouer avec nous sur la perception qu’on va avoir de ces personnages, en les confrontant à des dilemmes moraux auxquels on ne souhaiterait pas l’être nous-même. Le film a un côté parfois sadique, jusque dans ses dialogues très réussis. On ne voit pas venir les différents rebondissements mais on sait qu’il n’y aura pas de happy end tant le film vire dans le nihilisme. De toute façon, on n’a pas envie de happy end, car les personnages sont tous aussi antipathiques les uns que les autres. Les acteurs qui les interprètent sont d’ailleurs plutôt bons, très impliqués et nous montrant une jolie palette d’émotions. Mais malgré ce côté très noir du scénario, Harpoon est avant tout à prendre comme une comédie. Une comédie noire donc, cynique même, jusque dans la voix off qui intervient à chaque « chapitre » permettant de nous sortir de la claustrophobie dans laquelle le film nous amène. Rob Grant va en effet beaucoup jouer avec le côté exigu de la cabine du bateau, avec des gros plans et un montage bien réfléchi. La mise en scène dans son ensemble est très correcte, même si elle n’a rien d’exceptionnel. Elle fait en tout cas très bien le job et permet de rendre cette petite bobine au budget limité plutôt efficace bien qu’imparfaite sur certains points.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Mise en scène carrée ♥ Des personnages travaillés ♥ Scénario malin |
⊗ Certaines idées peu ou pas exploitées ⊗ Final prévisible |
Harpoon est un survival minimaliste qui ne révolutionne pas le genre mais qui s’avère bien plus malin qu’il n’y parait. Bien qu’imparfait sur certains points, on passe un bon moment en compagnie de personnages surprenants et d’un déroulement parfois inattendu. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Pendant le générique de fin, une pierre tombale pour « Richard Parker » est montrée. Il s’agit de la pierre tombale du vrai Richard Parker, à Southampton, en Angleterre. Les réalisateurs l’ont conservée pour rappeler que l’histoire et la coïncidence entre Edgar Allan Poe et Richard Parker, dont les personnages parlent dans le film, sont vraies.
• Dans le générique, le Motion Picture Production Code est 888888, ce numéro a été inventé et n’a pas été approuvé par la MPAA.
• Les intérieurs ont été tournés à Calgary, Alberta, au milieu de l’hiver, avec des températures négatives. Les extérieurs ont été tournés à San Pedro, Belize.
Titre : HArpoon
Année : 2019
Durée : 1h23
Origine : Canada
Genre : Trio des bermudes
Réalisateur : Rob Grant
Scénario : Rob Grant, Mike Kovac
Acteurs : Munro Chambers, Christopher Gray, Emily Tyra, Brett Gelman, Kurtis David Harder, Rob Grant, Michael Peterson, Robert Spina, Ron Webber