[Film] Halloween Kills, de David Gordon Green (2021)


Laurie Strode, sa fille Karen et sa petite fille Allyson viennent d’abandonner le monstre au célèbre masque, enfermé dans le sous-sol de la maison dévorée par les flammes. Grièvement blessée, Laurie est transportée en urgence à l’Hôpital, avec la certitude qu’elle vient enfin de se débarrasser de celui qui la harcèle depuis toujours. Mais Micheal Myers parvient à s’extirper du piège où Laurie l’avait enfermé et son bain de sang rituel recommence. Surmontant sa douleur pour se préparer à l’affronter encore une fois, elle va inspirer la ville entière qui décide de l’imiter et de se soulever pour exterminer ce fléau indestructible. Les trois générations de femmes vont s’associer à une poignée de survivants du premier massacre, et prennent les choses en main en formant une milice organisée autour de la chasse et la destruction du monstre une fois pour toutes. Le mal meurt cette nuit.


Avis de Rick :
Halloween, c’est tellement culte pour de bonnes (le premier film) et mauvaises (la saga) raisons qu’il est toujours difficile de trouver le bon angle à aborder quand un nouvel opus sort, peu importe que celui-ci soit bon ou non. Surtout que mine de rien, depuis Halloween…. Bon ça y est je ne peux pas rester sérieux plus de deux minutes, mais promis, s’ils ne faisaient pas n’importe quoi avec les titres, je m’abstiendrais normalement ! Donc depuis Halloween, la suite de l’original portant le titre de l’original mais n’étant ni la suite originale de … l’original ni la suite du remake, Carpenter est enfin de retour dans la saga, saga qu’il avait abandonné en 1982 après l’échec commercial et critique d’Halloween 3 (là pas de soucis de compréhension, un seul Halloween 3, et un seul film dans la saga qui n’est pas un slasher). Certes, bien installé en arrière au poste de producteur exécutif (ici avec Jamie Lee Curtis, comme sur le précédent film), mais également en avant, puisqu’Halloween, c’est de base son bébé, et qu’il est aussi de retour à la musique, accompagné de son fils Cody Carpenter et de Daniel Davies. Du coup, Halloween version 2018, c’était d’ailleurs un très sympathique slasher, qui ne réinventait rien en soit, mais oubliait le passé (les opus 2 à 8, et les remakes donc) pour nous faire ce que le septième opus, 20 Ans Après, avait déjà fait, mais 40 ans après. De quoi complexifier la chronologie de la saga, sans pour autant complexifier son propos, simple voir simpliste. Le succès fut là, autant critique que public, et alors que le film se suffisait à lui-même, il est décidé que ce serait le premier opus d’une trilogie, avec Halloween Kills prévu pour 2020. Mais 2020 oblige, nous voici devant la bête pour Halloween 2021. Et que dire ? Et bien, ce n’était pas bon. Pas le pire de la saga, après tout, le film a pour lui le fait qu’il est difficile de faire pire qu’Halloween 5, 6 ou encore Resurrection, mais on est clairement dans la médiocrité absolue. Autant techniquement que narrativement, dans ses idées, dans ce qu’il veut proposer, c’est souvent un gros bordel, et même quand c’est simple, c’est soit bancal, soit trop appuyé. Et ce dés le début.

Et pourtant, au début, j’y ai cru. Ou du moins, j’ai voulu y croire. Car durant l’ouverture, pendant presque 15 minutes, Halloween Kills nous propose la suite d’Halloween… Oui, ça demande clarification. Pendant 15 minutes, Halloween Kills nous propose les quelques minutes se déroulant en 1978 juste après les événements du premier film. Pourquoi pas, puisque le second opus de l’époque n’existe plus techniquement, et que l’on ignore clairement ce qu’il s’est vraiment passé entre la fin du premier film et le début du précédent. Si la réalisation de David Gordon Green ne parvient pas à émuler le style de Carpenter, la reproduction d’époque est sympathique, Michael Myers est vraiment réussi, on reconnaît en flic Jim Cummings qui aborde le même look que dans The Wolf of Snow Hollow, et même une petite surprise déjà spoilée un peu partout qui me fait dire que les techniques ont beaucoup évolué et qu’en plus, elles coûtent beaucoup moins chères maintenant. Une ouverture certes appuyant le côté fan service, mais qui témoigne aussi d’un réel amour pour le film original de Carpenter, et pour ces acteurs. Puis vint le générique, nous faisant apprécier le nouveau thème de Carpenter. Et c’est après que ça se gâte, quand le film oublie 1978 et nous livre la suite du Halloween de 2018. Et que tout se casse la gueule. Alors, soyons clairs, tout n’est pas à jeter. La photographie est sympathique, le rythme s’emballe et ne retombe quasi jamais, et en terme de bodycount, Halloween Kills fait fort, Michael Myers tuant tout ce qui est sur sa route, et de manière bien sanglante, quasiment plus que chez Rob Zombie par moment (mais néanmoins moins brutale). Mais tout ça, ça ne suffit pas à faire un bon film. Et Halloween Kills n’est pas un bon film. Son scénario s’éparpille dans tous les sens déjà. On a Laurie à l’hôpital pendant tout le film et qui ne sert à rien et nous rappelant que l’on est juste dans un film de transition, façon Halloween 2, les habitants d’Haddonfield qui pourchassent Michael Myers et veulent se faire justice, comme dans Halloween 4, un Michael Myers qui devient véritablement le mal incarné (on nous le dit tout le long du film) et non pas un simple homme, comme dans Halloween 6. On aura même des victimes abordant les masques d’Halloween 3. Beaucoup d’idées reprises d’anciens de la saga, alors que l’opus de 2018 faisait tout pour effacer tout ça. Et dans la violence donc, Gordon Green part clairement dans la direction de Rob Zombie, avec un tueur increvable, violent, qui tue tout sur sa route sans réfléchir… Et si certaines scènes font leur petit effet (la sortie des flammes au début), le reste…

Sauf que beaucoup de choses ne fonctionnent pas donc. Laurie, elle ne sert donc à rien. Le reste de sa famille, pas mieux ! Les habitants qui veulent se faire justice, c’est bien, surtout que le film va chercher les vrais acteurs du film de 1978 pour reprendre leurs rôles, mais les voir chasser pendant plus de la moitié du film la mauvaise personne alors qu’elle ne ressemble absolument pas à Michael Myers, même en terme de carrure, et quand aucun personnage n’est intéressant, et ben c’est pas terrible comme idée en fait. Michael qui passe tout le film à trucider tout ce qui bouge de manière bien gore, c’est du Rob Zombie, mais le souci, c’est que le film se veut une continuité du Halloween original. Et de base, ce Michael là, il n’est pas violent et brutal, ce n’est pas une bête sauvage, ça n’a aucune cohérence. Juste un fantôme, une machine à tuer froide, expéditive, mais pas violente, ni gore. Ici, ce n’est pas justifié. Enfin on tente de nous l’expliquer sur la fin, assez lourdement. Et comme chez Zombie (qui voulait le démystifier), le film tente non stop de vouloir retirer le masque de Michael, sans que cela ne soit utile. Une idée plutôt cool sur la fin, finalement, elle ne fait que reprendre le concept de base du personnage et qui servait d’ailleurs de base narrative à Halloween 6, mais le tout est assez mal amené. Aucun personnage n’a le temps d’exister à l’écran tant on passe d’un élément à un autre, à un « on se sépare », et que tout le monde est voué à crever de manière sanglante après quelques minutes. Même la famille Strode finalement n’a plus d’importance dans ce récit, et surtout, fait des choix discutables (que la ville veule chopper Myers, pas de soucis, mais emmener des ados qui sursautent au moindre son, pas la meilleure idée du monde). Et je ne sais pas si c’est censé être drôle, mais voir la maison de Michael Myers habitée à présent par deux homosexuels qui se font appeler Little John et, vous vous en doutez, Big John (aie), et bien, c’est drôle oui, mais pas forcément dans le bon sens en réalité. Donc oui, il reste du gore, de la violence, et un score musical compétent de Carpenter, qui fait surtout plaisir lors de la longue ouverture (reprise de beaucoup de musiques de l’original donc forcément), mais c’est vain. Et le film finalement ne raconte pas grand-chose, c’est véritablement pour le coup un épisode intermédiaire de trilogie, dont le seul but est d’amener un seul et unique concept à la fin, qui ne sera exploité (ou pas) que dans le troisième métrage. Et pour une « trilogie » voulant mettre en avant trois générations de personnages via la famille de Laurie, et bien c’est triste à dire, mais Laurie ne sert à rien, passant le film allongée à l’hôpital, sa fille on l’a voit cinq minutes, et sa mignonne petite fille 10 minutes, sans qu’aucune d’entre elle n’ai vraiment une incidence sur le récit. Du coup, je ne vous conseille pas le film, par contre je vous conseille la musique.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le score musical
♥ La scène d’ouverture en 1978
♥ En soit, c’est rythmé et généreux en gore
⊗ La famille Strode, inutile
⊗ Un scénario qui part dans 40 directions différentes
⊗ Michael Myers version Carpenter redevient version Rob Zombie
⊗ Une intrigue envahissante (avec les habitants) et inutile
⊗ Des personnages souvent catastrophiques
⊗ Parfois involontairement drôle
Bien que je n’attendais pas du tout Halloween Kills, j’en sors malgré tout déçu. Non pas car j’adore la saga (non, dans son ensemble, elle n’est pas bonne), mais car le film ne sait même pas quoi faire. Épisode intermédiaire peu passionnant, il multiplie les idées, les personnages, les clins d’œil, sans jamais donner de la substance à aucun élément, et peut donc être résumé la plupart du temps à une successions de meurtres sur des personnages débiles.



Titre : Halloween Kills
Année : 2021
Durée : 1h46
Origine : Etats Unis
Genre : Slasher
Réalisateur : David Gordon Green
Scénario : Scott Teems, Danny McBride et David Gordon Green

Acteurs : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak, James Jude Courtney, Nick Castle, Airon Armstrong, Will Patton, Thomas Mann, Jim Cummings, Dylan Arnold, Anthony Michael Hall, Charles Cyphers et Scott MacArthur

 Halloween Kills (2021) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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